L'on
s'était presque habitué au scénario de la provoc chez nos voisins de l'Ouest.
Mais c'est la première fois que le Makhzen va aussi loin, ôtant la vie à trois
de nos compatriotes. Plus qu'un outrage aux règles de bon voisinage. Ici,
retour sur l'histoire d'un roitelet hypocondriaque, obsédé par la perspective
macabre de perdre une bonne partie de ses sujets, menacés par un mal
mystérieux. Trahi par ses vizirs aplaventristes, le
petit mikado est arraché à son sommeil pour être informé tout de go que la
moitié des habitants de son trône « vendu » était passée de l'autre côté de la
Raison, après avoir consommé du pain vénéneux, acheté de chez le seul boulanger
de la cité en perdition. Pis encore, leur folie proviendrait d'un gène si
terrible que sa capacité de contagion a de quoi décimer le royaume entier, en
quelques heures seulement. Alors, que proposer à la petite couronne de la cité,
morte d'effroi à l'idée de perdre plus de la moitié de ses sujets, tous devenus
des barjos. Les vizirs aplaventristes, mus par une
envie irrépressible de «liquider» le sénile petit monarque et ses débilités
avec lui, croient avoir trouvé l'idée machiavélique d'empoisonner l'autre
moitié du royaume, histoire d'offrir à son crypto-altesse tourmentée, chassée
de son trône piégé, un peuple de rechange, si possible sain, docile et
travailleur. Passant toutes ses nuits à supplier les dieux «assoupis», le
roitelet, pour éviter à ses pauvres sujets un pogrom à la Pol Pot, une autre
idée plus démente lui vient à l'esprit, et avec elle, la solution radicale et
sans appel de sauver la peau à son royaume décrépit d'une «extermination»
ourdie par ceux-là mêmes censés le délivrer d'un naufrage annoncé. Agglutiné autour
de ses vizirs interlopes, le roitelet demande, sur le champ, un trognon de pain
empoisonné. La scène psychédélique se passe sous un regard de macchabée de ses
faux serviteurs.
Se
goinfrant à pleines bouchées, à l'origine de toutes les folies, le petit roi
repu, contraint, sous la menace d'une arme en caoutchouc, ses ministres en
plastique d'en prendre un quignon chacun, l'un après l'autre. Se gavant tous à
la graine de folie, le royaume recouvra son sourire éclatant, et ses occupants
une vie des plus placides. Au point que toute la cité mourut d'un fou rire. La
folle histoire ne dira pas si le petit roi a passé par les armes ceux qui ont
enfourché le grand peuple, pour monter sur leurs petits instincts plus bas que
leurs chevilles?