En matière
de vaccination de masse, le pays est passé d'un extrême à un autre. De ces
images des centres de vaccination carrément pris d'assaut par les citoyens au
mois de juillet, réalisant des chiffres très prometteurs sur le plan de la
stratégie vaccinale à moyen terme (un quart de million/jour), on ne garde
présentement qu'un vague souvenir. L'observateur se frotte les yeux aujourd'hui
devant des centres presque vides, où le personnel médical chôme carrément avec
« zéro » citoyen vacciné par jour, ou n'accueillant dans les locaux que
quelques rares personnes. D'un quart de million de personnes vaccinées par
jour, les chiffres ont baissé de nos jours jusqu'à vingt mille, selon des
indications livrées, hier, par le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid. Comment expliquer ce comportement collectif ? M.
Benbouzid a laissé entendre que c'est la peur qui a
poussé les gens à se bousculer devant les centres de vaccination au mois de
juillet dernier, dans des moments où les contaminations enregistraient des pics
dépassant le millier cas/24h. Et, dans cet ordre d'idées, l'engouement des
citoyens pour la vaccination a baissé avec la chute de la courbe des
contaminations quotidiennes. Pourtant, devait rappeler le même responsable, le
pays n'est pas à l'abri d'une quatrième vague et des surprises qu'elle nous
réserverait. Lors de la troisième vague on a été confronté à une pénurie
d'oxygène et on ne sait vraiment pas à quoi s'attendre avec une quatrième
vague, tellement le virus reste inconnu et imprévisible, relève-t-il dans ce
contexte. Plaidant avec insistance pour la vaccination et le respect des
mesures réglementaires préventives pour éviter une quatrième vague virulente.
N'est-ce pas le moment de se faire vacciner en toute aise et prévenir toute
saturation des services hospitaliers dans le cas de la survenue d'une quatrième
vague, étant prouvé maintenant que les personnes vaccinées sont épargnées des
complications ou des formes graves de la maladie ? Les autorités publiques et
les spécialistes tentent de convaincre la population de ne pas se laisser aller
au relâchement mais sans grande réussite. Et la levée totale du confinement
partiel, conjuguée à une nette décrue des cas de contaminations (-100 cas/24h),
va contribuer à plus d'indiscipline dans le respect des mesures barrières et
moins inciter, encore, les gens à se faire vacciner. A ce rythme, impossible
d'atteindre les prévisions qui tablent sur un taux de 70% de la population
vaccinée à la ligne d'arrivée, fixée pour la fin d'année en cours. Y a-t-il une solution pour stimuler les citoyens à se faire
vacciner ? L'option de la vaccination obligatoire n'étant plus envisagée, les
pouvoirs publics misent sur le pass sanitaire, exigé
pour accéder dans les stades de football notamment, pour faire remonter les
chiffres de la vaccination, mais cela reste très limité avec un public de
spectateurs ou de fans constitués en majorité de jeunes et d'adolescents.
N'est-il pas indispensable, devant cette situation désespérante, de songer à
d'autres moyens pour obliger, indirectement, les citoyens à se faire vacciner,
dont l'élargissement de l'exigence du pass sanitaire
pour l'accès à d'autres lieux publics ? Maintenant que le pays dispose d'un
stock de vaccins évalué à 10 millions de doses, l'Algérie se doit de passer à
la vitesse supérieure de la vaccination de masse, en commençant par
réactualiser une campagne de sensibilisation tombée elle-même dans le piège de
la monotonie et la lassitude. Certains pays sont bien allés jusqu'à accorder
des cadeaux à leurs citoyens contre une dose de
vaccin.