Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Production pharmaceutique: L'industrie algérienne de traitement anti-cancer se met en place

par M. Aziza

La crise économique que traverse l'Algérie ces dernières années et l'actuelle crise sanitaire ont poussé les gouvernements qui se sont succédé jusque-là à œuvrer pour maîtriser et réduire les importations des médicaments en encourageant la production locale. Et ce, même pour les traitements des maladies dites lourdes telles que les cancers dont les prix sont souvent exorbitants.

Pour rappel, un budget de 63 milliards de DA a été alloué aux établissements de santé en 2018 pour l'acquisition des médicaments destinés au traitement du cancer, dont la quasi-totalité est importée.

Des laboratoires nationaux en partenariat avec des firmes étrangères ayant le savoir-faire se sont déjà lancés dans l'aventure industrielle. C'est le cas du groupe LAD Pharma qui s'est associé avec une firme pharmaceutique européenne pour la production localement de traitements anti-cancer. Le projet a bel bien avancé en attendant l'obtention de l'autorisation de commercialisation.

Les travaux de réalisation de l'usine ont démarré en novembre 2016. Une unité de production spécialisée dans la production exclusive de médicaments anticancéreux, qui a été érigée sur une superficie de 500 m2 à la zone industrielle d'Ouled Yaïch à Blida. Le laboratoire a une capacité de production d'anticancéreux sous formes sèche et injectable d'un (01) million d'unités en un seul shift.

Selon les initiateurs du projet, l'état d'avancement de la première phase, c'est-à-dire infrastructure et équipement a atteint les 100%. L'usine a obtenu l'autorisation de conditionnement des produits d'oncologie le 30 janvier 2020, de la part du ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière. Aujourd'hui, les choses ont beaucoup évolué notamment avec la création du ministère de l'Industrie pharmaceutique. Les professionnels du secteur ont affirmé que cette nouvelle restructuration garantira l'épanouissement du secteur pharmaceutique, en matière d'accessibilité, de disponibilité, d'enregistrement, réduction d'importation et le contrôle des prix des médicaments. Et surtout permettre à la production nationale d'aller de l'avant.

Le ministre de l'Industrie pharmaceutique, le Docteur Lotfi Benbahmed, avait affirmé sur les ondes de la radio nationale, dès son installation à la tête du secteur, que la relance de la filière de l'industrie du médicament en Algérie, avec la levée des blocages et des entraves bureaucratiques «pourrait sur une courte période contribuer à réduire d'environ 400 millions de dollars la facture d'importation de ces produits ».

Il avait, affirmé, par ailleurs, que le plan de relance de la filière des produits pharmaceutiques lui permettra de renforcer notablement sa production et de s'ouvrir progressivement sur les marchés étrangers.

Le projet conjoint entre LAD Pharma et le partenaire étranger devrait, selon ses initiateurs, réduire de 40% le coût du traitement et la facture d'importation. Avec l'ambition d'élargir la gamme à d'autres produits anticancéreux et exporter vers les pays de la région. Ces produits anticancéreux qui attendent aujourd'hui juste l'autorisation de commercialisation, délivrée par l'Agence nationale des produits pharmaceutiques « l'ANPP », seront destinés exclusivement à la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH).

Faut-il le rappeler, au total 320 médicaments locaux en attente d'enregistrement depuis plusieurs années au niveau de l'Agence nationale des produits pharmaceutiques (ANPP) ont été commercialisés en 2020, à la faveur des instructions du ministère de l'Industrie pharmaceutique de simplifier les demandes d'enregistrement des médicaments.

A noter également que pas moins de 65.000 nouveaux cas de cancer, tous types confondus, ont été recensés en Algérie depuis le début de l'année 2021, dont 15.000 cas de cancer du sein, selon le Pr Bouzid, président de la Société algérienne d'oncologie médicale. Notre pays enregistre depuis plusieurs années une forte demande en anticancéreux, d'où la nécessité de booster la production locale des traitements de lutte contre les cancers.