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Alors que
l'organisation des élections législatives et présidentielles inclusives en
Libye semble bien partie, avec le soutien de la communauté internationale et
les politiques libyens, pour se tenir à la date convenue, le 24 décembre
prochain, la question du départ des mercenaires reste, elle, un souci majeur
pour pas mal de monde.
Le départ des mercenaires est une condition sine qua non pour la tenue de ces élections et personne ne s'y oppose, du moins pas ouvertement, mais il reste quand même des zones d'ombre qui poussent à l'inquiétude. Les pays voisins, les premiers à se tourmenter au sujet d'une dispersion chaotique de ces combattants venus de plusieurs pays, commencent à lancer des mises en garde contre «les graves retombées d'une circulation non étudiée et incontrôlée des mercenaires et des armes hors du territoire libyen sur la sécurité et la stabilité des pays voisins, la région sahélo-saharienne et toute l'Afrique», selon les propos de l'envoyé spécial chargé de la question du Sahara occidental et des Etats du Maghreb arabe, Amar Belani. Depuis le temps qu'on ressasse cette exigence du départ des mercenaires, qui constitue une autre condition essentielle pour retrouver une Libye stable, unie et souveraine, selon le constat de l'ONU, ces derniers se cantonnent encore sur le sol libyen. Prévu par l'accord de cessez-le-feu du 23 octobre 2020, le retrait des forces et mercenaires étrangers patine à moins de 90 jours de la date des élections. Que cache cette lourdeur pour organiser le départ des mercenaires ? Se peut-il que les pays qui ont envoyé ces mercenaires ne croient pas trop en la tenue de ces élections le 24 décembre prochain, et qu'ils gardent, ainsi, ces forces sur le terrain en prévision d'un regain des violences ? A trop temporiser pour organiser leur départ, l'approche de la date du 24 décembre ne laisse qu'une étroite voie de sortie pour ces mercenaires, un départ désordonné qui brouillerait leur destination. C'est ce que craignent les pays voisins, en particulier, qui insistent sur «la nécessité d'un retrait progressif, organisé et sécurisé, sous l'égide des Nations Unies, afin d'éviter aux pays voisins et à la région toute répercussion sur leur sécurité et leur stabilité./ La France également plaide pour un programme de désarmement, démobilisation et réintégration, qui doit accompagner le départ des mercenaires pour ne pas mettre en péril la stabilité de la région du Sahel./ Le président tchadien Idriss Déby a été mortellement blessé suite à une offensive de rebelles et mercenaires tchadiens venus de Libye. Et, « sans un bon contrôle, sans un accompagnement efficace du retrait des mercenaires, ce qui s'est passé au Tchad pourrait se répéter à nouveau dans ce pays ou s'étendre du Sahel à la Corne de l'Afrique, au Soudan, au Soudan du Sud, au Niger, en Ethiopie, en Centrafrique, au Mozambique », selon des diplomates au Conseil de sécurité de l'ONU. Selon les conclusions de la réunion de haut niveau des pays voisins de la Libye, tenue à Alger les 30 et 31 août dernier, ces derniers ont demandé leur association au processus de départ des mercenaires. Mais le représentant de la Libye à l'ONU n'est pas de cet avis, lui qui a exprimé le souhait (des Libyens) pour que « tous les combattants et mercenaires étrangers puissent quitter le pays simultanément, sous la supervision directe de l'État libyen, et en veillant à ce que le conflit ne soit pas transféré aux pays voisins ». S'agit-il d'une pierre dans le soulier qui vise à faire tituber le processus électoral unificateur en Libye ? |
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