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Le ministre des Affaires
étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger a condamné au Caire la
division des rangs arabes et a aligné -sans la nommer- la normalisation avec
l'entité sioniste et l'hostilité du Maroc envers l'Algérie. Il considère dans
ce sens, qu'à l'ombre de la gestion de la crise sanitaire, se profile un nouvel
ordre mondial duquel les pays arabes seront exclus.
«Les derniers développements ayant surgi durant la lutte contre la pandémie présagent l'apparition d'un nouvel ordre mondial qui exclura les pays arabes», a souligné Ramtane Lamamara dans le discours qu'il a prononcé, jeudi au Caire, à l'ouverture des travaux de la session ordinaire du Conseil de la Ligue arabe, au niveau ministériel. Ce qui le laisse affirmer «l'impératif d'opérer les réformes nécessaires et indispensables dans le système de l'action arabe commune», tout en soutenant «la disposition et l'attachement de l'Algérie à y prendre part». Il a notamment souligné que «la position de l'Algérie à l'égard de la réforme et du développement de la Ligue arabe procède d'une approche inclusive tenant compte des défis qui se posent à la sécurité nationale arabe». Le ministre a noté dans ce sillage, «la disponibilité de l'Algérie à abriter le prochain sommet de la Ligue arabe» et s'est engagé «à réunir toutes les conditions» pour la réussite de cette importante échéance. «L'Algérie œuvrera à faire du prochain sommet arabe, qu'elle aura l'honneur d'abriter, une étape charnière et un phare lumineux pour le processus de notre action arabe commune». Son plaidoyer sur l'impérative réforme de la Ligue arabe pour laquelle l'Algérie appelle fortement, depuis le début des années 2000, le chef de la diplomatie l'a construit tout au début de son discours sur «une analyse de la situation (qui) nous fait comprendre que certains cherchent à s'attribuer des rôles influents dans la structure de l'ordre régional et international en établissant des alliances dangereuses dans l'unique but de réaliser des acquis immédiats au détriment des nobles objectifs du système de l'action arabe commune». Des propos qui dépassent la simple allusion et s'adressent sans nul doute aux Etats arabes qui ont normalisé leurs relations avec Israël pour répondre à des exigences des Etats-Unis notamment, au temps de Trump, dans le but de préserver leur suprématie sur le monde arabe. «La gravité(...) à s'allier avec l'ennemi historique» Dans le chapitre de sa ferme condamnation d'une action débridée, nuisible et dommageable à l'ensemble des pays arabes, Lamamra accuse «des parties (qui) recourent à l'aide et la puissance d'un ennemi historique pour attenter aux frères et s'attaquer directement aux voisins». Ici, les propos sont pour rappeler clairement à l'assistance arabe les actes d'hostilité que le Maroc a commis contre l'Algérie dont les plus graves ont poussé Alger, le 24 août dernier, à rompre ses relations diplomatiques avec lui. «Si ce constat se fait manifestement et à proximité des frontières communes, nous pouvons imaginer ce qui se trame dans les coulisses», s'inquiète le MAE. Il estime ainsi que «ces comportements génèrent davantage de tensions et d'instabilité dans la région et contribuent à l'exacerbation des crises actuelles. Ils nous détournent de notre première et principale cause (cause palestinienne) et la placent à un niveau en-deçà des sacrifices et des souffrances du peuple palestinien et des autres peuples arabes, voire aussi son combat inlassable pour établir un Etat indépendant avec Al-Qods pour capitale». Il a fortement insisté dans ce sens sur «la gravité des orientations de certains pays ayant tendance à s'allier avec l'ennemi historique (...)» et sur «des comportements, qui, a-t-il dit, ne font que nourrir les tensions dans la région et impactent le traitement de la cause fondamentale de la nation arabe, à savoir la cause palestinienne qui a besoin de davantage de soutien». Ce constat amer dressé par Lamamra laisse penser qu'il a fait dès sa nomination, un bon travail de coulisses pour que l'ordre du jour du Conseil ministériel arabe tenu au Caire porte, comme annoncé par le communiqué de son ministère, sur l'examen «de nombre de questions politiques de l'heure, en tête desquelles les derniers développements de la cause palestinienne et dans nombre de pays arabes à l'instar de la Syrie, de la Libye et du Yémen, la lutte contre le terrorisme, ainsi que les efforts visant à faire du Moyen-Orient une région exempte d'armes de destruction massive». Le communiqué a précisé que le MAE a rappelé à cet effet «les positions constantes de l'Algérie vis-à-vis des crises que traversent plusieurs pays arabes en cette conjoncture», la qualifiant de «la plus dangereuse et la plus difficile de l'histoire contemporaine du monde arabe». La seule satisfaction de Lamamra Il a fait savoir, alors, que «la participation de l'Algérie vise à réaffirmer ses positions constantes vis-à-vis des questions arabes, notamment son soutien constant à la cause palestinienne et à présenter son approche pacifique qui repose sur le dialogue et les solutions politiques aux crises que traversent certains pays frères, tout en rejetant les ingérences étrangères». L'Algérie saisira, selon lui, cette opportunité «pour appeler à l'adoption d'une méthodologie d'action arabe commune sous-tendue par des bases répondant aux exigences de l'étape actuelle». Dans son allocution lors des travaux, il a ainsi souligné que «l'Algérie n'a eu de cesse de mettre en garde contre ces conflits, d'autant plus que l'évolution des évènements dans ces pays ont clairement montré la justesse des positions qu'elle a adoptées depuis le déclenchement des crises dans les pays frères : la Syrie, le Yémen et la Libye». Lamamra a affirmé «telles étaient et restent les positions de l'Algérie qui reposent sur deux principes fondamentaux: la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats et le dialogue pour parvenir aux solutions politiques pacifiques et consensuelles qui préservent l'unité et la souveraineté des Etats arabes et réalisent les ambitions légitimes de leurs peuples». Il a appelé à «la mise en œuvre de ces principes dans le cadre de la structuration des relations qui lient le monde arabe et les pays voisins qui partagent l'appartenance à la civilisation islamique». Seule satisfaction que le MAE a évoquée dans son discours, «les développements positifs du processus politique de résolution de la crise libyenne après le lancement du processus de réconciliation nationale». Encore une fois, il a insisté sur «la disposition de l'Algérie à poursuivre ses efforts en matière de soutien des frères libyens leur permettant d'atteindre la stabilité escomptée». «Des discussions bilatérales» en prévision d'importants rendez-vous Le rappel par le MAE des conclusions de la réunion ministérielle, tenue les 30 et 31 août à Alger, relative à l'importance de la contribution des pays voisins dans le règlement de la crise libyenne, a laissé les participants à la réunion mettre en avant les efforts de l'Algérie, dans ce sens. En prévision de nombreux rendez-vous, les uns plus importants que les autres, Ramtane Lamamra a eu et devait avoir, en marge des travaux de cette session du Caire, «une série d'entretiens bilatéraux avec certains de ses homologues arabes autour de la consolidation continue des relations de coopération bilatérale et de plusieurs questions arabes régionales et internationales». Le communiqué des AE a fait savoir dans ce sens, qu'en marge de la réunion ministérielle, Lamamra a pris part aux travaux de la réunion du Comité ministériel arabe chargé de l'action internationale face aux politiques et mesures israéliennes illégales, à Al Qods occupée, durant laquelle les derniers développements dans la ville sainte occupée ont été passés en revue. «Le Comité ministériel arabe a fait part de son estime aux positions politiques historiques de l'Algérie, ainsi que son soutien au peuple palestinien frère», rapporte le communiqué. Avant le début des travaux, le ministre a pris le soin de tweeter sur son compte officiel, que «j'ai rencontré mon frère Riyad al-Maliki, ministre des Affaires étrangères de l'Etat frère de Palestine (...) pour nous concerter sur les développements de notre question majeure et fondamentale, ainsi que sur les points inscrits à l'ordre du jour de la réunion». Il a aussi rencontré son homologue égyptien Sameh Choukri, avec lequel, note le communiqué, «il a passé en revue l'état des relations bilatérales fraternelles unissant les deux pays et les deux peuples frères, en sus des questions régionales et internationales d'intérêt commun». Peu avant, le chef de la diplomatie algérienne s'est entretenu avec son homologue koweïtien, Cheikh Ahmed Nasser Al-Mohammed Al-Sabah, président actuel de la session, «pour se concerter et coordonner sur les questions inscrites à l'ordre du jour de la réunion», a fait savoir le communiqué. Aujourd'hui, Lamamra est attendu à Brazzaville et Kinshasa. |
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