|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Le ministère de l'Agriculture et du
Développement rural a lancé, hier, un processus d'assainissement et de
nettoyage des espaces forestiers touchés par les incendies, dans plusieurs
wilayas. La mise en œuvre de cette opération a été confiée au Groupe Génie
Rural (GGR), en coordination avec les Conservations des forêts des wilayas de Khenchela, Tizi Ouzou, Béjaïa,
Tébessa et Souk Ahras.
Pour rappel, la décision de défricher et de réhabiliter les zones touchées par les incendies, avant les prochaines pluies, a été prise par le ministre de l'Agriculture, Abdelhamid Hamdani, lors de la réunion de coordination qu'il a présidée, le 24 août dernier. Cette opération permettra également de préparer le reboisement des forêts touchées par les incendies enregistrés depuis le début du mois en cours. Néanmoins les experts estiment qu'un « reboisement immédiat » de ces zones « pourrait être préjudiciable pour l'environnement », considère Amina Younsi, experte en infrastructure qualité, agriculture et environnement, dans un entretien accordé à l'APS. « C'est un investissement qui permettra juste une réparation du paysage, avec un pourcentage d'échec très élevé, et qui peut occasionner des éboulements de terrain à cause de la fragilité du sol », a-t-elle indiqué, ajoutant que cela pourrait également « favoriser les mêmes conditions qui ont causé cette catastrophe ». Ces incendies, explique-t-elle, « ne sont pas sans conséquences sur le sol et la végétation et celles-ci ne peuvent être estimées avec certitude qu'en disposant d'importantes informations comme l'intensité des températures des incendies et le temps de l'incendie ». Selon Mme Younsi, « un sol incendié est un sol dont la matière organique est brûlée et devient friable et exposé à des érosions beaucoup plus qu'un sol non brûlé, de même que les habitats naturels détruits feront fuir les animaux jusqu'à la reprise progressive de la flore de la faune souterraine ». Pour toutes ces raisons, Amina Younsi conseille de « laisser la nature faire son travail » sans intervention de l'homme, sauf pour « se consacrer à la collecte des données et caractéristiques des points de déclenchement des incendies, leur puissance, recoller le puzzle pour savoir qu'elles étaient les températures, le temps et la nature de la végétation qui a pris feu ». Mme Younsi explique également qu'un reboisement « doit être envisagé en fonction de la densité de la végétation régénérée » après « 3 à 5 ans nécessaires pour l'émergence d'une jeune forêt». «Beaucoup de graines de conifères comme le pin se retrouvent libérées des cônes par les hautes températures et germeront rapidement, et à ce moment là, si la densité est faible alors un reboisement serait le bienvenu, de même que l'occupation de l'espace par de petits animaux comme les lièvres et sangliers », explique-t-elle. Par contre, il est plus « judicieux», durant cette première phase, de «créer des zones d'exploitations forestières comme des oliveraies ou des vergers d'espèces fruitières rustiques autour des habitations, qui constitueront une sorte de pare-feu à l'avenir, et en même temps, des sources de revenus pour la population de ces zones », estime-t-elle. Sécheresse et insuffisance des aménagements S'agissant des causes de ces incendies, dont l'origine avait été qualifiée par les autorités compétentes de «criminelles», Mme Younsi évoque, également, «une longue période de chaleurs qui a causé le dessèchement de la forêt et de la végétation devenues craquantes et inflammables, les débris de verre, de métaux et autres déchets laissés par négligence ou carrément jetés par la population et qui ont contribué à la dissémination des feux ». Mais aussi, ajoute-t-elle, « l'insuffisance des aménagements et infrastructures forestières, pistes et pare-feu, ainsi que les broussailles qui ont pris le dessus en forêt et même autour des habitations, ce qui offre une matière à brûler aux feux déclarés ». Et dans ces conditions, note-t-elle, « il est évidemment difficile d'agir en cas de catastrophe, notamment, en l'absence de moyens sophistiqués ». Rappelons également que les derniers feux de forêts ont ravagé plus 89.000 ha, à travers 35 wilayas du pays où un total de 1.186 foyers d'incendie a été enregistré, selon des chiffres communiqués, mardi dernier, par le ministre de l'Agriculture. Outre le nettoiement, M. Hamdani avait, lors de la même réunion, annoncé que 20 millions d'arbrisseaux seront plantés dans ces forêts dont 11 millions d'arbres fruitiers. |
|