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Entre deux
discours prononcés dans un intervalle de trois semaines, le premier le 31
juillet dernier à l'occasion du 22e anniversaire de la fête du trône et le
second le 20 juillet à l'occasion du 68e anniversaire de la révolution du Roi
et du Peuple, le Roi du Maroc a radicalement changé de ton et de contenus à ses
messages.
Tant il a été prolixe sur l'Algérie dans le premier discours, lui consacrant les deux tiers de son allocution, avec une « main tendue » pour apaiser les relations bilatérales, dans le second il n'a dit aucun mot sur le pays voisin, se contentant de vagues allusions à son égard, et pas dans le sens mielleux. Que s'est-il passé pour que dans un laps de temps si court dans la vie des peuples, à peine trois semaines, tout change du tout au tout ? Aucune explication claire de la part du Roi, mais on sait qu'entre les deux discours, il y a eu des évènements qui ont provoqué un séisme dans les relations entre les deux pays, avec des faits diamétralement opposé aux paroles. Il y a eu les incendies tragiques en Algérie, qui ont causé près d'une centaine de morts, d'énormes dégâts matériels et livré quelques vérités sur la nature de cette relation apaisée que cherche à nouer le Roi du Maroc avec l'Algérie, tout en tissant des liens avec les ennemis de l'unité nationale. Aussi, alors que l'Algérie faisait face à une terrible épreuve du feu, il y a eu cette déclaration du chef de la diplomatie israélienne, à la fin d'une visite au Maroc, le 12 août dernier, soutenant devant les médias que l'Algérie est source d'inquiétude pour Israël et pour le Maroc. Des évènements qui ont fait sortir l'Algérie de sa réserve. Chargeant ouvertement le Maroc de tenter d'entraîner Israël dans une « aventure hasardeuse » dirigée contre l'Algérie et de soutenir les mouvements terroristes Rachad et MAK, dont des éléments ont avoué, après leur arrestation par les services de sécurité, leur implication dans les incendies qui ont ravagé la Kabylie et le lynchage, l'immolation et l'assassinat du jeune Djamel Bensmaïl. Conduisant la présidence à annoncer, après une réunion du Haut conseil de sécurité, tenue le 18 août, que « les actes hostiles incessants perpétrés par le Maroc contre l'Algérie ont nécessité la révision des relations entre les deux pays et l'intensification des contrôles sécuritaire aux frontières Ouest ». Cela augure-t-il d'une cassure plus importante dans les relations bilatérales que celle qui a entraîné la fermeture des frontières en 1994, après l'attentat terroriste de Marrakech et l'imposition du visa aux ressortissants algériens ? Le Roi du Maroc ne semble pas s'inquiéter outre mesure de ces développements très probables des évènements. Est-il en désarroi face à d'autres problèmes qui peuvent ruiner le Maroc, comme les relents de l'affaire Pegasus ? Pourtant, il avait l'occasion lors de sa dernière intervention de tenter d'apaiser les relations avec Alger, du moins en défendant la position du Maroc par rapport au soutien apporté par le Makhzen aux groupes terroristes Rachad et le MAK, et à cette déclaration hostile du chef de la diplomatie israélienne. Non, Mohammed VI a cherché dans son dernier discours, après avoir dénoncé des «attaques méthodiques» contre son pays «de la part de certains pays et d'organisations notoirement hostiles», qu'il n'a pas nommés, un apaisement des relations avec d'autres voisins, au nord de la Méditerranée, l'Espagne notamment, pays avec lequel il souhaite «fonder des relations solides, constructives et équilibrées », ainsi que la France, dont la bonne entente avec le président français Macron a été soulignée. Oubliée, déjà, la « main tendue » à l'Algérie ? |
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