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L'Algérie a décidé de geler
à partir d'aujourd'hui, jeudi, l'ensemble de ses activités officielles et de
mettre en berne son emblème national pour s'incliner à la mémoire des
nombreuses personnes civiles et militaires décédées à cause des effets ravageurs
des incendies qui ont précipité dans l'enfer plusieurs de ses régions, en
particulier la Kabylie.
Après les condoléances aux familles des victimes civiles et militaires, c'est un deuil national que le président de la République a décrété hier pour trois jours «suite aux incendies qui ont ravagé quelques wilayas du pays», a indiqué un communiqué du palais d'El Mouradia. Il annonce en outre «la suspension provisoire des activités gouvernementales et locales, à l'exception des actions de solidarité». L'Algérie s'incline ainsi à la mémoire de ses enfants victimes des nombreux feux de forêt qui calcinent particulièrement depuis lundi toute vie humaine, animale et végétale. De 42 (17 civils et 25 militaires), le nombre des victimes est passé hier à 69 au niveau national dont 37 civils et 28 militaires. Mardi tard dans la soirée, la cellule de crise installée au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou notait que 12 autres militaires blessés, dans un état grave, luttent contre la mort. La majorité des victimes a été enregistrée à Tizi Ouzou qui, à elle seule, a vu se déclarer durant la nuit du lundi à mardi, selon le ministre de l'Intérieur, 52 foyers en même temps. Repris par l'APS, le directeur général des forêts a indiqué que sur les 103 foyers d'incendies déclenchés dans 17 wilayas depuis lundi dont 30 foyers importants enregistrés dans la wilaya de Tizi Ouzou, 86 n'ont pas encore été maîtrisés. Hier en début d'après-midi, le chargé de communication de la protection civile a fait un nouveau décompte à des médias en indiquant que depuis lundi 9 août, la protection civile a dénombré 135 foyers d'incendies dont 58 importants. « 28 foyers ont été maîtrisés à ce jour et 27 ne le sont pas encore », a précisé Bernaoui. « Des foyers maîtrisés sont rallumés par le vent» Les incendies se sont déclenchés, selon lui, dans 17 communes de la wilaya de Tizi Ouzou « où plus de 50 villages sur les 1.500 qu'elle compte sont sous les flammes ». Il a noté que « plus de 800 agents de la protection civile interviennent à Tizi Ouzou avec plus de 100 véhicules, aidés aussi dans leur tâche difficile par des éléments du même corps en provenance des wilayas du sud- ouest du pays ». Mardi, a-t-il signalé, « on a pu éteindre le feu au niveau des hôpitaux de Aïn El Hammam et Larabaa Nath irathen». Il décrit une atmosphère macabre « où la fumée très dense empêche la vue, la canicule et le vent rallument des foyers d'incendies qu'on a pourtant éteints ». Bernaoui a en outre indiqué qu'un appel a été lancé par le wali pour l'ouverture des écoles et des cités universitaires parce qu'il faut absolument évacuer les habitants des villages même ceux qui n'ont pas été pris par le feu, quand il n'y a plus d'habitants en danger, on peut foncer pour intervenir et éteindre les incendies. Il fait savoir que « nous avons pu à ce jour (hier ndlr) maîtriser 60 à 70% des incendies qui se sont déclarés à Tizi Ouzou ». Il affirme en outre qu'«il y a aussi des disparus qu'il faudra retrouver mais on ne peut engager les recherches qu'après que les incendies soient éteints». De nombreux autres incendies ne sont toujours pas maîtrisés à travers plusieurs régions du pays. Jijel en compte (16), Béjaïa (8), El Tarf (6), Skikda, Annaba et Blida (4), Guelma (3), Sétif et Médéa (2), Alger, Batna, Bouira, Chlef, Khenchela, Oum El Bouaghi et Tébessa (1). L'APS rapporte que sur 103 foyers d'incendies, soixante et onze (71) déclarés à travers 18 wilayas ont été circonscrits. Tout en présentant ses condoléances aux familles et proches des victimes des incendies et souhaité un prompt rétablissement aux blessés, le général de corps d'armée, Saïd Chanegriha, Chef d'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP) a assuré dans un communiqué du MDN que «l'Armée nationale populaire demeure mobilisée aux côtés de ses concitoyens jusqu'à l'extinction totale des incendies». L'Algérie n'a pas encore actionné le mécanisme d'aides internationales Le Premier ministre a déclaré mardi soir que «les premiers indices laissent penser qu'il s'agit d'incendies à caractère criminel» et que «l'Etat sévira contre ces criminels qui seront poursuivis par la force de la loi car ils sont les ennemis de la nature et de la patrie». Il a affirmé qu' «en dépit du fait que les conditions naturelles difficiles aient facilité la propagation des feux, les analyses préliminaires au niveau de Tizi Ouzou font ressortir que les départs de feu avaient été minutieusement choisis de façon à causer le plus de dégâts possibles, d'autant que les feux ont pris dans des reliefs difficilement accessibles pour les secours». Il a fait notamment savoir que «les services de sécurité avaient capturé deux criminels à Médéa dont un a reconnu être l'auteur de cet acte criminel». Aïmene Benabderrahmane a noté que «le président de la République a ordonné la mobilisation de tous les moyens humains et matériels pour l'extinction de ces incendies et pour venir en aide aux sinistrés». Il a par ailleurs fait part « d'instructions pour la réquisition de tous les hôtels, y compris ceux du secteur privé, ainsi que les résidences universitaires pour l'accueil des sinistrés ». Le ministre de l'Intérieur, qui s'est rendu mardi à Tizi Ouzou avec les ministres de l'Agriculture et de la Solidarité, a lui aussi accusé «des mains criminelles nourries de haine contre notre pays et voulant nuire à l'Algérie (qui) sont derrière les incendies qui se sont déclarés à Tizi Ouzou» et que « des enquêtes seront ouvertes par les services de sécurité pour élucider les circonstances de ce sinistre et identifier et punir les coupables ». Le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, a ordonné pour sa part la mobilisation du CHU de Douéra et l'Etablissement hospitalier spécialisé (EHS) des grands brûlés, Pierre et Claudine Chaulet, pour la prise en charge des victimes. Le 1er ministre a annoncé mardi que « l'Etat a également décidé d'affréter auprès de certains pays européens des avions bombardiers d'eau » tout en soulignant que « les contacts étaient très avancés pour le parachèvement rapide de l'opération ». Des responsables notent que jusqu'à hier, l'Algérie n'avait pas encore actionné le mécanisme d'aides internationales. « Le mécanisme en question ne peut fonctionner que si le pays demandeur décide de le mettre en marche pour pouvoir bénéficier de la solidarité internationale de tout genre, matérielle et humaine soit-elle», nous apprend un diplomate. Notre interlocuteur précise que «ce sont les usages universels qui exigent l'enclenchement d'un tel processus pour qu'un pays puisse prétendre à une aide internationale en cas de catastrophe». |
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