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Delta,
c'est connu, est la quatrième lettre de l'alphabet grec et a connu diverses
fortunes en mathématiques, en chimie ainsi que dans le codage informatique où
cette lettre est utilisée pour les différents caractères Unicode. Depuis
qu'elle est associée à l'un des mutants de la Covid-19, cette lettre a par
contre acquis une réputation pas du tout enviable et est devenue le caractère
grec le moins fréquentable, voire le moins délectable à la prononciation même
pour les Hellénistes les plus férus.
Le variant «Delta» fut initialement identifié en octobre2020 en Inde où il se fit remarquer par l'hécatombe qu'il occasionnait et l'avant-goût de fin du monde qu'il n'a eu de cesse d'incarner depuis. Les images de corps brulés à la hâte qui parvenaient du pays de Mahatma Gandhi semblaient surréalistes et si lointaines que d'aucuns cyniquement y voyaient les effets spéciaux de Bollywood. Pour tous ceux qui ont eu vent du carnage de ce mutant à travers plusieurs régions, villes, villages et quartiers limitrophes à travers les réseaux sociaux ou le ouï-dire, cela relève de l'invraisemblable. Ce n'est pas l'avis de Delta qui s'insinue à travers les ruelles et les moindres recoins du pays à la recherche de plus en plus de victimes que les autres mutants lui envient. Le variant «Delta» est un tueur en série redoutable qui s'attaque aux vieux et aux jeunes, aux médecins et aux infirmiers et en redemande toujours. Il sévit au sein d'une seule et même famille et fait succéder parents et progénitures au cimetière ne laissant guère le temps aux survivants de faire leur deuil. La mort n'a plus d'aura malgré son ampleur pour les gens qui assistent la mort dans l'âme aux absence d'êtres familiers, des amis, des voisins, des collègues et des hommes et femmes dont la disparition traumatise à jamais ceux qui leur survivent. Les quartiers, les villes et le monde se dépeuplent chaque jour sans ménagement ni déménagement. Les hôpitaux ne désemplissent pas et ne comptent désormais qu'un seul service voué à extraire à l'abominable «Delta» des rescapés malgré la disette d'oxygène qui fédère les gens autour de l'instinct de survie. Le variant «Delta» fait le vide autour de lui, vide l'agora et les mosquées, suspend les mariages et les veillées funèbres, interdit les accolades et impose la bavette aux grands et petits. L'abominable Delta installe la peur, prend l'humanité à la gorge et menace de l'étreindre de plus en plus pour l'éteindre inéluctablement. On s'accroche désespérément au vaccin qu'on se laisse inoculer en dépit des effets secondaires néfastes signalés dans les pays au système sanitaire performant. On conjure l'abominable Delta du mieux qu'on peut et on continue à vivre au milieu d'un duel titanesque entre la vie et la mort. Les partisans de la philosophie existentialiste se donnent raison et clament haut et fort que l'homme est seul au monde; seul à combattre un ennemi nocif qui s'invite à la maison dans les poumons vieillis du père ou de la mère par le truchement du fils. Les croyants et les non-croyants joignent leurs mains pour implorer un Dieu unique, le seul à même de les délivrer de l'abominable Delta et ses compères. |
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