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Rabat
a-t-elle voulu demander implicitement pardon à Alger, à en juger par le «
discours mielleux » du monarque marocain à l'égard de l'Algérie ? Alors que
l'ambassadeur d'Algérie à Rabat, rappelé le 18 juillet dernier, n'a toujours
pas rejoint son poste, le roi du Maroc Mohamed VI a déploré samedi, dans un
discours prononcé à l'occasion de la fête du Trône, les « tensions » entre son
pays et l'Algérie, réitérant son appel à rouvrir les frontières terrestres avec
son voisin. « Vous n'aurez jamais à craindre de la malveillance de la part du
Maroc (...) La sécurité et la stabilité de l'Algérie et la quiétude de son
peuple sont organiquement liées à la sécurité et à la stabilité du Maroc », a
assuré le monarque marocain dans un discours en grande partie consacré à
l'Algérie. Mohamed VI a invité le président Abdelmadjid Tebboune
« à œuvrer à l'unisson au développement des rapports entre les deux pays
voisins ».
Cette nouvelle « sortie » du roi du Maroc intervient au moment où les relations entre l'Algérie et le Maroc sont plombées depuis plusieurs décennies par la question du Sahara occidental. Ces rapports, déjà tendus, ont été marqués par un nouvel accès de tension il y a deux semaines quand l'ambassadeur marocain à l'ONU a annoncé durant une réunion du mouvement des non-alignés soutenir « l'autodétermination » du « peuple kabyle » en Algérie, en réaction au soutien de l'Algérie aux Sahraouis. Alger n'a pas tardé à riposter en rappelant son ambassadeur à Rabat pour consultations. « A sa plus proche convenance, j'invite le Président algérien à œuvrer à l'unisson au développement des rapports fraternels tissés par nos deux peuples durant des années de lutte commune », a déclaré Mohamed VI. Il a également réitéré son appel à rouvrir les frontières fermées depuis l'été 1994 à l'initiative de l'Algérie. Alger avait, rappelle-t-on, riposté à la décision de Rabat d'imposer un visa d'entrée à son territoire aux Algériens. Depuis 2004, le visa a été supprimé et les lignes aériennes entre les deux pays rétablies mais l'Algérie refuse de rouvrir ses frontières terrestres. «Une dérive dangereuse» Pour rappel, le 16 juillet dernier, l'Algérie, via un communiqué du ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, avait condamné une « grave dérive dangereuse de la diplomatie marocaine » au sujet d'un prétendu « droit à l'autodétermination du peuple kabyle ». En effet, le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger avait condamné « énergiquement » « une dérive particulièrement dangereuse » de la représentation diplomatique marocaine à New York. « La représentation diplomatique marocaine à New York a fait distribuer à tous les pays membres du Mouvement des Non-Alignés une note officielle dont le contenu consacre formellement l'engagement du Royaume du Maroc dans une campagne hostile à l'Algérie, à travers un soutien public et explicite à un prétendu droit à l'autodétermination du peuple kabyle qui, selon ladite note, subirait la plus longue occupation étrangère », avait souligné le MAE dans son communiqué. « Cette double assertion vaut reconnaissance de culpabilité en ce qui concerne le soutien marocain multiforme actuellement accordé à un groupe terroriste connu, comme cela a été le cas du soutien aux groupes terroristes qui ont ensanglanté l'Algérie durant la décennie noire », toujours selon le communiqué du MAE. « Cette communication diplomatique marocaine est aventuriste, irresponsable et manipulatrice ; elle relève d'une tentative à courte vue, simpliste et vaine, destinée à cultiver un amalgame outrancier entre une question de décolonisation dûment reconnue comme telle par la communauté internationale et ce qui n'est qu'un complot dirigé contre l'unité de la nation algérienne», avait ajouté le ministère des Affaires étrangères, précisant que « dans la situation ainsi créée par un acte diplomatique douteux commis par un ambassadeur, l'Algérie, République souveraine et indivisible, est en droit d'attendre une clarification de la position définitive du Royaume du Maroc sur cet incident d'une gravité extrême ». Système d'espionnage visant l'Algérie Les relations entre Alger et Rabat se sont encore détériorées par l'affaire « Pegasus ». L'Algérie avait réagi via l'ouverture d'une enquête judiciaire, ordonnant l'ouverture d'une enquête préliminaire sur l'existence d'un système d'intelligence informatique d'écoute et d'espionnage ayant visé les intérêts de l'Algérie, mais aussi des personnalités algériennes espionnées par le Maroc. « Si les faits, objet de cette enquête, sont avérés, ils constitueraient des infractions réprimées par la législation algérienne sous sa forme criminelle pour avoir rassemblé des renseignements, objets et documents au profit d'une puissance étrangère aux fins de nuire à la défense nationale et constitueraient également des infractions d'accès frauduleux dans un système de traitement automatisé de données et d'atteintes aux secrets des communications», selon le parquet du tribunal de Sidi M'Hamed. |
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