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Au-delà de l'identification
du variant actuel qui se propage depuis quelques jours à une vitesse
fulgurante, des spécialistes refusent de parler de «vagues» mais carrément
d'épidémies en raison des innombrables
mutations du coronavirus. Première réaction de spécialiste sur la décision de reconfinement prise par le conseil des ministres tenu hier, «ce n'est pas une solution, le confinement a montré ses limites dans les pays qui l'ont appliqué pendant longtemps, il faut relancer la responsabilité des walis pour procéder à des confinements de quartiers ou de communes lorsque cela est nécessaire», estime Professeur Mustapha Khiati, médecin-chercheur et Président de la Forem, Fondation nationale pour la promotion de la santé et du développement de la recherche. Interrogé sur la situation sanitaire actuelle, il souligne que «parler de vagues ne répond à rien, il n'y a ni 3ème vague, ni 4ème ! Il y a des épidémies nouvelles, nous sommes en pleine épidémie, celle actuelle en est une nouvelle liée probablement à un variant nouveau». Il nous explique qu'«on a parlé de vague après des études prospectives menées il y a deux ans par l'école d'Oxford, tout au début de la pandémie de la CIVID 19, et la vague veut dire que c'est le même virus d'origine qui refait un bond en avant, or ce n'est pas le même virus, à chaque fois il en y a un nouveau, ce sont des variants qui sont entrain d'entraîner de nouvelles épidémies». Il note que «depuis sa première apparition, le coronavirus a muté des milliers de fois «et c'est normal qu'il mute, c'est comme celui de la grippe, c'est pour ça qu'on fait un vaccin tous les ans». Un virus, explique-t-il encore «quand il rentre dans une seule cellule, il se multiplie des milliards de fois, cette multiplication rapide et importante entraine des mutations, généralement il se délaite, il y a des bouts qui sautent, ce qui le ralentit et diminue de sa virulence, mais parfois, il passe chez un animal, et là il mute parce qu'il se recombine avec d'autres fragments et devient donc plus dangereux». «C'est une situation catastrophique» Mais Khiati fait remarquer que «ce virus n'est pas du même type que les virus habituels, en plus de ses innombrables mutations qui se font de façon très fréquentes, surtout qu'aujourd'hui on s'aperçoit qu'il est présent pratiquement toute l'année, c'est une pandémie qui a touché 200 pays et plus à travers le monde, c'est donc une infection généralisée, ce qui veut dire que le virus a circulé partout, plus il circule plus il se multiplie et plus il mute». Khiati précise surtout que «le virus devient dangereux quand il touche des animaux ensuite il touche les hommes, c'est le cas du variant delta (Inde), qui est sorti certainement soit par les souris soit par les vaches, le variant anglais lui est passé chez le vison, le Danemark a été obligé de tuer 17 millions de visons, la France en a tué des centaines de milliers». Il indique cependant que «le problème chez nous c'est que nous ne savons pas quel variant est actuellement en circulation, on dit que c'est le delta, mais on n'a pas de preuve, en plus on ne sait pas quel est le pourcentage, est-ce que c'est le même à l'échelle nationale où il est différent dans certaines villes ?...». Et pour être fixé, «il faut faire des études génétiques, il faut faire un séquençage génétique tous les jours à partir d'échantillons diagnostiqués comme ça se fait dans tous les pays du monde», nous dit-il. Et si ce n'est pas le cas en Algérie c'est parce que, affirme-t-il, «l'institut Pasteur a le monopole, le ministère de la santé n'autorise pas le ministère de l'enseignement supérieur à le faire alors qu'il a des centres de recherches et des universités qui ont les équipements pour, nous avons un système très centralisé, on continue à imposer l'esprit du «chef» alors que la situation est catastrophique». Contrairement aux spécialistes qui conseillent de faire des analyses de ce qui est déversé dans les réseaux d'évacuation des eaux usées, Khiati estime que «cela ne sert à rien, il faut les faire en période d'accalmie pour voir si le virus circule toujours, aujourd'hui on n'a pas besoin de chercher, nous avons dépassé ce stade, le virus est bien là, il circule toujours et sous nos yeux, il atteint chaque jour les êtres humains, on n'a pas besoin de le chercher dans les égouts, il est dans l'air». Au-delà «d'un éventuel intérêt épidémiologique», dit-il, «l'intérêt certain doit être donné aux villes où il y a peu de cas où il faut mener rapidement des enquêtes épidémiologiques, il y a bien une commission qui a été installée depuis mars 2020 et qui devait les mener, mais rien n'a été fait !» «Il faut accélérer la cadence de la vaccination» Il affirme que «des enquêtes dans ces villes sont importantes parce que la commission peut après faire des propositions aux walis sur les mesures devant être prises». Il fait remarquer alors que «les choix ont été des choix malheureux. M.Belhocine qui préside la commission en question est un médecin interniste, il n'est pas médecin épidémiologue même s'il a fait un peu d'enquêtes, il n'a pas fait ça toute sa vie donc il n'en a ni la qualité ni la formation requises». Le président de la Forem déplore avec insistance le manque d'études et enquêtes en Algérie«alors qu'on a eu peut-être 140 000 cas, en plus, ils ont arrêté l'hydroxychloroquine du protocole thérapeutique sans en avertir personne, ils font les choses en cachette, ce qui n'est pas normal, il faut autoriser, pousser ou exiger de l'université de faire des études, tout le monde publie et nous pas !» Prof Khiati recommande : «il faut accélérer la cadence de la vaccination parce qu'on vit une véritable catastrophe alors que l'acmé de l'épidémie n'est pas encore atteint». Il faut, dit-il «vacciner à outrance», or ce n'est pas le cas chez nous, hier on a donné un chiffre officiel de 7% mais de quoi, de 27 ou 45 millions d'Algériens, il y a 2,5 millions de doses reçues à ce jour, on ne sait pas s'ils ont commencé à utiliser les nouvelles doses ou pas, lorsqu'on fait le tour d'Alger, on voit que la plus part des polycliniques ne vaccinent pas, il y a un problème réel». Il affirme que «c'est lorsqu'on donnera les vaccins aux 12 000 pharmacies de quartiers qu'on pourra dire qu'on est en campagne de vaccination, si on arrive d'ici septembre à vacciner 6 à 7 millions de personnes, ce sera formidable». Il recommande en outre qu' «il faut prioriser les personnes à vacciner, on ne doit pas vacciner tout le monde dans un premier temps parce qu'on n'a pas assez de doses, c'est surtout les personnes âgées et les malades chroniques, et justement les pharmacies de quartiers disposent de fichiers de ces malades qui viennent les voir avec leur carte chiffa, tout est informatisé, elles peuvent même les joindre par téléphone pour leur donner rendez-vous, pour qu'il n'y ait pas la cohue devant les pharmacies». «Gouverner c'est prévoir» Il recommande en parallèle de «prendre des mesures pour protéger des wilayas qui ne sont pas touchées ou très peu, il faut arrêter les transports publics, fermer les grands marchés couverts et les centres commerciaux, les cafés, les restaurants, fermer tous les espaces clos où les gens se retrouvent nombreux». Par ailleurs, le problème de l'oxygène fait interroger Khiati «comment une agence nationale de sécurité sanitaire installée en mars 2020 n'a pas pu prévoir ni pu avoir des indications pour l'emmagasinage et le stockage de l'oxygène au niveau des hôpitaux, la commission interministérielle a fait augmenter la production nationale qui a été multipliée par 2,5 à trois, donc il n'y a pas un problème de pénurie d'oxygène à l'échelle national mais c'est un problème de stockage au niveau des hôpitaux qui n'ont pas pu mettre en place des citernes pour recevoir de l'oxygène liquide qui est la solution parce qu'un litre peut donner 500 autres d'oxygène de gaz et éviter l'utilisation des obus, parce qu'avec la COVID, c'est jusqu'à 50 litres par minute alors un obus peut être consommé en 20 minutes, il faut en ramener d'autres, les rampes c'est des modules d'un nombre d'obus, ils ne répondent pas aux urgences de la COVID(...), il faut des camions pour les ramener...». L'agence nationale de sécurité sanitaire pouvait, selon lui prévoir ce manque d'oxygène pour des situations d'épidémies, parce que dit-il «gouverner c'est prévoir, l'agence aurait dû demander aux hôpitaux de s'équiper rapidement, il suffit d'avoir une citerne sinon beaucoup de rampes d'obus...». |
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