En
entendant ces appels lancés aux Algériens pour se faire vacciner, de la part
des spécialistes et des pouvoirs publics, on pourrait être amenés à comprendre
que les gens sont réticents à se faire piquer dans le cadre de la lutte contre
le Covid-19 ou carrément antivax. Parfois, ces appels
sont si insistants, accompagnés de dénonciations contre ceux qui propagent de
fausses informations sur les effets secondaires des vaccins, ou pire encore des
théories farfelues pour pousser les citoyens au refus de se faire vacciner
contre le Covid-19, qu'on croirait que le faible taux de vaccination en Algérie
est une conséquence de campagnes antivax. Les
réfractaires à la vaccination contre le Covid-19 sont-ils si influents pour
freiner la campagne de vaccination nationale ? Les Algériens sont-ils vraiment antivax ou est-ce seulement une fausse impression née de la
nonchalance des citoyens dans des moments où l'épidémie était presque maîtrisée
sur le territoire national ? Au début de la vaccination, au mois de janvier
2021, le pays n'enregistrait que des taux très faibles de cas de contamination,
ce qui a poussé les citoyens à ne pas chercher à se faire vacciner, et conduit
à un relâchement collectif inouï. Dans ces moments-là,
on appelait timidement les gens à se faire vacciner, car les vaccins,
eux-mêmes, n'étaient pas disponibles en quantités suffisantes, et on ne
vaccinait que les personnes âgées et autres malades chroniques. Et on ne
faisait pas grand-chose devant l'indiscipline de la population en matière de
respect des mesures sanitaires préventives. Aujourd'hui, avec l'apparition de
ce nouveau variant, le delta de la mort, comme l'ont qualifié certains
spécialistes, le réveil ne peut être que brutal, pouvant fausser la vision
quant aux priorités à mettre en œuvre pour limiter ses dégâts. Franchement,
aujourd'hui, il n'y a plus lieu d'appeler les citoyens à se faire vacciner.
Conscients du danger qui rôde, tant la détérioration de la situation est
éclatante devant leurs yeux, les citoyens affluent
massivement vers les centres de vaccination. Il s'agit, aujourd'hui, de veiller
à la disponibilité du vaccin plus que de lancer un quelconque appel à la
vaccination. L'effort devrait également être concentré sur le registre du
renforcement de la ressource humaine pour les staffs, médical et paramédical,
qui n'arrivent plus à supporter les poids de la prise en charge des malades,
dont les cas graves nécessitant des soins intensifs sont de plus en plus
nombreux dans les hôpitaux, et les actions de vaccination de plus en plus
intensives. On s'attendrait, aussi, à une application rigoureuse des mesures
sanitaires et une réadaptation du dispositif de confinement.
Le virus nous a appris que mieux vaut agir
rapidement pour freiner sa propagation, et qu'il n'est jamais trop tard pour
agir contre même si les mesures dans ce dernier cas seraient plus dures à
supporter. La situation est dangereuse mais pas catastrophique, estime le
professeur Kamel Djenouhat, qui doit pertinemment
savoir que le fil entre les deux est très mince. On ne fait plus d'appels à la
vaccination, on vaccine. On force le respect des mesures sanitaires, on ne le
demande pas gentiment. On ne badine pas avec le variant delta, sauf si on veut
courir vers la catastrophe.