La terrible nouvelle a gâché la joie de la fête de
l'Aïd al-Adha à toute la population de Tiaret : le
doyen des médecins sur la place de Tiaret venait d'être retrouvé assassiné à
son domicile, Boulevard Ben Badis, en plein
centre-ville. En effet, habitant seul dans son domicile, le Dr Mohamed Adjrad, âgé de 81 ans, a été retrouvé sans vie ligoté sur
son lit, la bouche bâillonnée. La triste nouvelle a fait le tour de la ville à
la vitesse de l'éclair. C'était son jeune voisin qui avait pour habitude de lui
rendre visite qui a trouvé la porte ouverte et le corps du médecin allongé, les
pieds et les mains ligotés avec un bâillon dans la bouche. Cet inqualifiable
forfait a suscité un incommensurable émoi à Tiaret, où les habitants vouaient
un respect immodéré au pédiatre, connu pour sa compétence, sa générosité et sa
modestie. Originaire de la wilaya de Bouira, le DR Adjrad s'est installé à Tiaret au milieu des années
soixante pour exercer le long de la prestigieuse Rue Emir Aek
(ex-Rue Bugeaud), avant de reprendre le cabinet du Docteur Youcef Khatib, alias Colonel Si Hassan, ex-chef de la Wilaya 4
historique, sis rue de la victoire en face du marché couvert. Médecin affable,
discret, respecté de tous, des grands comme des petits, il avait ce don de
soulager la douleur de ses malades avec sa voix paisible et sa compétence sans
égale, notamment pour les maladies infantiles qui n'avaient aucun secret pour
lui.
Le médecin des pauvres a été inhumé mercredi
après-midi en présence de son fils venu d'Alger, son frère de Bouira, d'une foule très nombreuse, venue le visage couvert
avec des masques de protection en raison de l'épidémie de Covid,
pour rendre homme au plus célèbre et le aimé fils adoptif de la ville de Ali Maâchi. «Personnalité attachante, réputé pour sa compétence
et apprécié pour sa probité et son sens de l'honneur autant que pour son
attachement à une profession dont il a fait un véritable sacerdoce, le docteur Adjrad aura marqué plusieurs générations de praticiens. Il
était aimé et admiré par ses pairs et par la population qui lui vouait un
véritable culte », écrit dans un hommage le Dr Hallouz
Ahmed, président du conseil régional de l'ordre des médecins. « Il ne faisait
pas commerce de son savoir et n'était chiche ni de son temps ni même de son
argent lorsque des personnes sans ressources se présentaient à son cabinet. On
le surnommait à juste titre le médecin des pauvres », ajouté le Dr Hallouz, en tête de la corporation médicale présente à
l'enterrement du défunt. Tard dans la soirée de jeudi, l'on saura que des
arrestations ont été opérées par les services de sécurité. Des suspects étaient
interrogés dans les locaux de la sûreté de wilaya.