|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Une première dans les anales du judo algérien. Maître Ahmed Hifri,
le doyen des judokas algériens, a décroché dimanche, à 80 ans, la 8e Dan du Kodokan japonais. Une distinction jamais égalée dans cette
discipline pour un athlète algérien, attribuée par la Fédération internationale
de judo. Cette consécration historique est une juste reconnaissance pour Ahmed Hifri, qui a consacré toute sa vie au sport et au judo en
particulier. Il était le fondateur de la première équipe nationale algérienne
de judo, dont il a été l'entraîneur de 1971 à 1975. Il a été également
directeur sportif au sein de l'Union africaine en 1973 et expert à la
Fédération internationale (IJF).
La huitième Dan qu'il vient de décrocher est appelée Hachidan en japonais, et elle est considérée comme l'un des plus hauts grades du judo mondial. Hifri a eu une vie bien remplie grâce au judo, une discipline qui l'a attiré dès sa plus tendre jeunesse. Dans une ancienne rubrique publiée sur «Le Quotidien d'Oran», sous le nom « Un nom hier », dédiée aux athlètes algériens, ayant marqué l'histoire du Sport national et international, notre collègue Adjal Lahouari avait consacré, le 15 décembre 2009, à Maître Ahmed Hifri une page pleine de bons souvenirs et dont voici un long extrait : « De la «maâbza» entre copains de jeu sur une fosse de sable aux plus grands événements, ce fut une succession de joies et de satisfactions. Le jeune Ahmed, contrairement à tous les enfants de son âge, n'a pas joué au football. C'est simple, Hifri possède un CV à nul autre pareil dans cette dure et exigeante discipline qu'est le judo. « Ces grandes satisfactions, je les dois au sport », dira-t-il au terme de l'entretien qu'il nous a accordé dans son « musée », une chambre exclusivement consacrée à sa longue carrière. Nous avons compris alors pourquoi il a insisté sur le lieu de notre rencontre. Cette pièce savamment aménagée demeure son espace, témoin d'une authentique épopée sur les tatamis du monde entier... Imprégné au plus profond de lui-même de la philosophie japonaise, il a subi l'inimaginable épreuve de Tenri, sans aucun doute la plus fameuse université de judo, une structure unique au monde par ses règles inflexibles et son esprit. Car celui qui passe avec succès l'épreuve de Tenri est considéré comme un véritable samouraï, ces grands guerriers japonais de la société féodale. Le célèbre professeur Hashimoto de l'Université de Tenri, de passage à Oran en 1969, ne s'est pas trompé en invitant l'athlète de 29 ans Hifri, en lui proposant d'effectuer un stage. Certes, après trois mois, il a été tenté de «jeter l'éponge». Rebelote au bout du sixième mois. Mais, après une année, c'est Hifri lui-même qui a demandé à rester. Lorsqu'il a pris les rênes de l'équipe nationale et décrit le «régime » en vigueur à Tenri, les capés pensaient que Hifri exagérait. Après un stage de trois mois, l'un deux a fini par dire: « Maître, lorsque vous nous aviez décrit la mission de l'université, nous pensions que c'était excessif. Or, vous avez entièrement raison. Mais, à notre tour, les gens refuseront de nous croire lorsque nous leur décrirons ce que les judokas endurent à Tenri. Ils penseront sûrement que ce sont des racontars. Ils auront tort ! « Hifri Ahmed a l'impression d'avoir été « mis sur la touche ». S'agissant d'une véritable « légende » de la discipline, il est aberrant de ne pas tirer profit de son immense expérience. Au Japon, pour ne citer que cet exemple, les anciens coéquipiers de Hifri sont des professeurs reconnus et respectés. Certains occupent, à un âge avancé, des fonctions importantes. On comprend alors son amertume d'être mis à la retraite et qui plus est, avec une pension en inadéquation avec sa carte de visite et ses états de service. «J'estime qu'il existe chez nous des hommes de grande valeur mais malheureusement méconnus. On doit tout faire pour la grandeur et la renommée de notre beau pays. Le judo, c'est mon univers. C'est plus qu'une discipline, c'est une philosophie», dira-t-il en conclusion». |
|