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Transport maritime: L'Algérie veut réduire l'affrètement des navires étrangers

par El-Houari Dilmi

  Longtemps en retard dans ce créneau stratégique très coûteux pour l'économie nationale, l'Algérie tente de rattraper son retard en matière de transport maritime des marchandises, avec l'achèvement de la deuxième phase du renforcement de la flotte nationale.

En effet, le Groupe algérien de transport maritime (GATMA) vient d'achever, avec l'entrée en service mercredi dernier du navire Djanet, la deuxième phase du renforcement de la flotte maritime nationale dédiée au transport des marchandises, a indiqué samedi le DG du Groupe, Smain Larbi Ghomri.

Avant Djanet, réceptionné au Port d'Alger le 8 juin dernier, le navire Cirta avait été réceptionné le 31 mai au même port. Il s'agit de deux navires porte-conteneurs (1.575 conteneurs équivalent vingt pieds (EVP) chacun) acquis pour le compte de CNAN MED, filiale du groupe. Le navire Djanet est sorti du port d'Alger mercredi dernier pour entamer son exploitation, après une série de vérifications et de contrôles pour son Algérianisation définitive, a précisé M. Ghomri, précisant que le navire est prévu de charger 900 d'EVP à partir des ports Italien (Marina de Carrara) et Espagnol (Valence) pour revenir vers Alger dans le cadre des lignes régulières de la filiale CNAN MED. Quant au navire Cirta, il achèvera les contrôles réglementaires et sera mis en exploitation avant la fin du mois de juin courant entre les ports de Valence, Barcelone (Espagne) et Oran, ajoute le même responsable.

Marquant l'achèvement de la deuxième phase du renforcement de la flotte nationale, l'acquisition de ces deux navires a visé «le renforcement de la flotte nationale en navires porte-conteneurs pour minimiser, voire éliminer les affrètements de navires étrangers en devises», assure le directeur général du Groupe «GATMA».

Toujours selon ce dernier, le renforcement de la flotte nationale en navires porte-conteneurs , «permettra également, de donner plus de parts de marché à l'outil national dans ce segment de transport qui ne cesse de se développer et prendre le dessus sur les autres types de transports, vu ses rendements très économiques et la rapidité de traitement de ce type de navires au niveau des ports internationaux», a-t-il souligné. A cet effet, estime-t-il, «la conteneurisation du transport maritime mondial, doit nous inciter à nous y adapter avec le minimum de dépendance et un maximum d'autonomie possible, surtout en ce qui concerne l'importation des produits stratégiques et de première nécessité», a-t-il expliqué.

Augmenter la part de marché du pavillon national

C'est dans ce cadre, que le Groupe et ses filiales ont relancé le plan d'investissement décidé par les pouvoirs publics en 2011/2012, par l'acquisition dans un premier temps, entre 2014 et 2017, de dix (10) navires de capacité comprise entre 9.000 tonnes et 12.000 tonnes du type général cargo et un porte-conteneurs de 1.700 EVP, répartis entre la filiale CNAN NORD, avec 7 navires général cargo et la filiale CNAN MED avec deux navires général cargo et un navire porte conteneurs. Ces acquisitions ont, certes, donné plus de place aux navires du pavillon national qui était «complètement absent sur le marché des importations et encore moins celui de l'exportation, après la faillite de l'ex-CNAN, mais sa part n'a pas dépassé les 5 à 6 % à ce jour, déplore Smain Larbi Ghomri. Toujours selon ce dernier, la nouvelle démarche du Groupe qu'il dirige est «d'acheter les navires qu'il faut au moment qu'il faut» pour asseoir la politique du Gouvernement en matière d'encouragement de l'outil de production national et la réduction de la dépendance vis-à-vis des tiers pour ce qui des importations de marchandises du pays par voie maritime, et qui constituent, rappelle t-il, plus de 90 % des importations à travers les 10 ports nationaux. Cela se fait, selon M. Ghomri, en «renforçant la présence sur les marché de proximité (Méditerranée) et du nord de l'Europe, mais également en contribuant à renforcer et développer les bases des métiers du transport maritime, en termes d'investissement humain, par le recrutement massif et la formation dans ce domaine riche et pluridisciplinaire avec l'assistance des écoles maritimes nationales et les instituts spécialisés».

La prochaine phase d'investissement prévue par le Groupe, à partir de la fin de l'année en cours, jusqu'à fin 2023, visera l'acquisition de navires porte-conteneurs, des vraquiers/céréaliers, l'achat de conteneurs neufs pour renouveler le parc actuel et le renforcer, a avancé M. Ghomri. En matière de transport de voyageurs, un nouveau navire, d'une capacité de 1.800 voyageurs et 600 véhicules, sera réceptionné le mois de juillet prochain par le Groupe algérien de transport maritime (GATMA), «permettant de réduire, voire d'éliminer, le recours à l'affrètement de navires étrangers», toujours selon le DG du Groupe «GATMA». Baptisé «Bordj Badji Mokhtar», ce navire de transport de voyageurs sera acquis pour le compte de l'Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs (ENTMV), filiale du groupe a-t-il précisé. Acquis à travers un investissement de 175 million de dollars, le navire sera mis en exploitation d'ici à la fin du mois de juillet prochain, soit dès la fin des formalités de son algérianisation, a détaillé le même responsable, offrant ainsi à la flotte nationale une «flexibilité qui lui ouvre d'autres cieux et perspectives du marché tel que les croisières et les voyages touristiques longs», a-t-il conclu.