
«Les vagues
ne naissent pas quand elles déferlent sur la plage. Elles roulent longtemps en
mer avant de se casser sur un repli de sable» (Geneviève Dormann)
Les années
90 resteront dans l'histoire du pays comme une période de chaos, de confusions
et de troubles. C'est une décennie d'agitation sociale, économique et
politique. Les mêmes causes produisant les mêmes effets. Les émeutes, les
pillages, et les désastres de l'environnement feront partie du paysage
quotidien des Algériens. Les troubles sont inévitables parce que les dirigeants
ultra égoïstes ont déjà préparé le terrain. Ils ont engendré de telles
inégalités et creusé davantage le fossé qui sépare les nantis des démunis que
les catastrophes qui s'annoncent ne peuvent être évitées. L'extrême
concentration du pouvoir politique va conduire à l'effondrement de l'Etat.
L'extrême concentration des richesses du pays va provoquer la ruine de
l'économie menaçant la survie de la population. L'autorité des dirigeants des
ex-pays socialistes reposait sur le mensonge idéologique, l'endoctrinement
politique et l'embrigadement militaire. Ces dirigeants constituaient une
minorité dominatrice laquelle ne s'intéresse qu'à sa propre survie et à ses
gains personnels aux dépens de larges couches de la population. Quant aux
dirigeants du monde occidental, ils n'inspirent aujourd'hui aucune confiance,
aucun respect. Tous ce qu'ils peuvent susciter, c'est la jalousie de leur vie
d'opulence, jalousie de l'aisance avec laquelle ils dupent les dirigeants des
pays du tiers monde. Tout en se déclarant admiratifs du mouvement massif,
pacifique et civilisé du peuple monolithique, sans tête à décapiter, ni partis
à corrompre, ni groupe à enfermer, ils ne cachent pas leur crainte de voir
réussir cette transition politique d'un régime autoritaire vers un régime
démocratique sans heurt et sans violence susceptible de remettre en cause leur
hégémonie sur le reste du monde tenté par l'expérience algérienne. La France
n'est pas venue en Algérie pour la civiliser mais pour la militariser. Elle a
échoué par l'épée, elle a réussi par l'esprit au-delà de toutes ses espérances
Aujourd'hui le peuple algérien, dans sa très grande majorité veut se libérer
des liens tissés par 132 ans de colonisation. En 1962, la terre a été
affranchie de la présence étrangère les armes à la main. 2019, le peuple
voudrait se libérer de ses démons intérieurs le sourire aux lèvres. La couche
sociale au pouvoir connaît un enrichissement facile et rapide et sans
entraîner, en aucune façon, un développement économique, social et culturel de
la société, mène un standard de vie extrêmement élevé et une surconsommation
d'une impressionnante masse de produits de la société occidentale. Cette couche
de privilégiés algériens s'est avérée incapable de procéder à des
investissements productifs, à long terme et d'entraîner l'économie dans un
processus dynamique de développement. L'histoire nous apprend que lorsque les
dirigeants prennent une mentalité ultra acquisitive, se font insensibles au
fardeau des pauvres et imperméables aux doléances des opprimés, la situation se
dégrade au point qu'une révolution en est la résultante inévitable. Pourquoi
les dirigeants politiques sont-ils aveugles face à leur conscience, à la colère
des populations devant leurs actes égoïstes ? Ils sont tout simplement les
maîtres du double langage, de l'hypocrisie et de la supercherie. Il y a un
fossé énorme entre les mots et les actes des politiciens : alors que leurs
cœurs saignent pour les jeunes, leurs poches sont débordantes de monnaie. Leurs
promesses sont pareilles à des vagues, elles meurent aussitôt tôt qu'elles
naissent.