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Zoubir Souissi,
le cofondateur du premier quotidien privé post-88, «Le Soir d'Algérie» et celui
qui, en compagnie de Omar Belhouchet, avait proposé
(et fait passer l'idée) lors d'une réunion de l'Unesco à Windhoek en Namibie,
durant les années 90, «la Journée mondiale de la liberté de la presse», est
décédé.
Zoubir que j'ai très bien connu, tout particulièrement lorsqu'il est arrivé à l'APS après son départ de Révolution africaine (avec, déjà, une longue carrière, depuis 65-66 dans la presse nationale) dont j'étais alors le nouveau DG. Depuis toujours, j'ai admiré sa production (actuelle, vive, très bien écrite et ponctuée de piques souvent humoristiques mais caustiques faisant passer les messages les plus graves) dont ses chroniques -devenues rapidement incontournables pour la compréhension de la «chose politique» et imitées bien qu'inimitables- qui m'ont, je l'avoue, servi de repères et, par la suite, inspiré énormément. Durant tout son passage à l'Aps, éditorialiste-chroniqueur, un peu «touche-à-tout» (dont le sport où il y excellait au niveau de ses observations et commentaires: il avait, si mes souvenirs sont bons, couvert, avec une grande technicité accompagnée d'observations sociales pertinentes et succulentes, pour l'Aps, une Coupe d'Afrique de foot en 88, au Maroc), toujours élégant, toujours accompagné de sa machine à écrire portative (qu'il utilisait in situ et à la moindre alerte). Il a été un «grand frère» (on a le même âge) que je respectais et qui, indirectement et «au passage», me «conseillait». C'est pour cela qu'il m'est arrivé de lui demander de m'accompagner (en même temps que Saïd Selhani, représentant des travailleurs) lors des tournées dans les régions. Des instants formidables, car son humour permanent désarmait toutes les difficultés et aidait, non à contourner ou éviter les problèmes, mais à les résoudre. Ses deux ouvrages édités (d'abord «La tête des orphelins», Casbah Editions, 2006, avec un très beau dessin en couverture de Slim. Un essai, «superbe vagabondage de la mémoire», un «texte polyphonique», un «livre inclassable» selon le préfacier Boubekeur Hamidechi. Puis «Caméléon», édité chez Casbah Editions en 2010. Un roman, l'histoire d'un journaliste qui «navigue», s'agrippant aux plis des pouvoirs. Un ouvrage très engagé. Du Souissi pur jus, moqueur, sympathique gros «titi» constantinois, cette fois-ci plus digeste que le Zoubir austère, les bons mots ne suffisant pas à cacher toujours sa douleur de voir un pays -et bien de ses enfants- sombrer dans l'opportunisme politique et l'affairisme de tous poils sont superbes et c'est dommage (ceci est valable pour d'autres journalistes) qu'il n'ait pas publié, de son vivant, un ou plusieurs recueils de ses chroniques. De véritables leçons de journalisme et de vérités. A noter qu'il a présidé, au début des années 2000, le premier et seul Conseil de l'éthique et de la déontologie de la presse, dont les membres étaient tous élus par les journalistes. Hélas, il a rencontré (le Conseil) bien des obstacles, ayant entraîné sa disparition, surtout après le départ du ministère de la Communication et de la Culture d'un certain... Abdelmadjid Tebboune (ministre durant seulement 6 mois et 3 jours, fin 1999-2000). Paix à son âme et condoléances à toute sa famille. |
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