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Tlemcen: Honaïne entre hier et aujourd'hui

par Khaled Boumediene

Pendant de nombreux siècles, la ville de Honaïne a lentement grandi de manière spontanée. Elle dispose de vestiges berbères datant de la période almohade, du temps de l'essor florissant de la ville qui fut un important centre de flux commerciaux entre les deux rives de la Méditerranée. Les remparts de cette ville médiévale témoignent encore aujourd'hui de la splendeur et de la puissance de cette contrée où est né à Tajra, une colline qui surplombe la ville de Honaïne, à deux kilomètres à l'ouest, le fondateur de la dynastie des Almohades, Ibn Ali El Koumi, qui s'est établi plus tard à Marrakech (Maroc). Pour l'histoire, c'est en 1162, que les villes d'Oran et Honaïne s'associèrent pour construire les cent vaisseaux commandés par Abd El Moumen Ben Ali. A vrai dire, la ville historique de Honaïne fut détruite et pillée à de nombreuses reprises par les tribus des Trara et Oulahssa au cours du XVIe siècle. Elle se distingua par son port des Ifrenides, lequel deviendra plus tard le plus important des Almohades en Afrique du Nord, qui sera par la suite une infrastructure portuaire pour les activités économiques des Zianides de Tlemcen. Le port fut partiellement détruit en 1534, après une brève occupation espagnole. Honaïne vit débarquer un nombre important de réfugiés morisques, descendants de la population musulmane d'Espagne, qui s'est convertie au christianisme par contrainte ou par le décret des rois catholiques du 14 février 1502. Il faut le rappeler, cette importance, Honaïne la doit à la triangulation qui marque son implantation non loin de Siga, berceau du royaume de Syphax (Aïn Témouchent), Altava la Romaine (Ouled Mimoune actuellement) et Pomaria. Honaïne fut appelée par les Romains Gypsaria et Artisiga. Les Espagnols lui donnèrent l'appellation de «One».

Aujourd'hui, la ville de Honaïne se caractérise par une irrégularité de son nouveau tissu urbain et l'inadaptation à son site ancien qui se détériore et tombe de plus en plus en ruine. Elle peine à sauvegarder ses vestiges et moments historiques millénaires, sites majeurs pour le patrimoine culturel national. « Honaïne, cette cité médiévale, a subi de fortes dégradations du fait des constructions et du plan directeur d'aménagement et d'urbanisme. Elle n'est devenue qu'une cité dortoir car la plupart de ses enfants travaillent ailleurs et ne reviennent que pour dormir le soir dans cette localité monotone et qui manque d'activités culturelles et de création artistique malgré la richesse de ses remparts et tours de guet encore debout. Il devient urgent de protéger ces vieux sites et tout ce qui reste de vestiges enfouis sous terre à Honaïne. La ville de Honaïne qui compte plus de 5.000 habitants, manque aussi d'espaces verts et d'aires de jeux pour les enfants. Même la semaine culturelle qui animait jadis le centre-ville de Honaïne en été n'est plus organisée depuis l'année 1988. Il y avait des soirées de fantasia, de théâtre, de cinéma et même des activités sportives pour les jeunes. Les estivants et visiteurs se régalaient en été à Honaïne. La ville est quasi-morte aujourd'hui !», déplore Abdelhamid, un habitant de Honaïne, qui agit pour faire de Honaïne une vraie station balnéaire et une ville culturelle, pour attirer davantage de touristes et de visiteurs.

Par ailleurs, la situation alarmante des 100 logements préoccupe les habitants de Honaïne. « Ces locaux réalisés pour les jeunes se trouvent dans un état délabré ! Pourquoi les laisser dans cette situation et ne pas les transformer en un centre de formation en aquaculture pour former nos jeunes sur les métiers de pêche ou bien en un centre de formation pour nos filles dans la couture, la broderie et autres métiers artisanaux. La commune manque de beaucoup d'infrastructures sportives pour les jeunes. Elle manque également de gare routière et de structures de sécurité sociale, banques et impôts. Les habitants se déplacent jusqu'à Remchi et Béni-Ouarsous pour bénéficier des prestations de ces différents services indispensables pour l'amélioration du cadre de vie de ces habitants », précisent Brahim et Kamel. L'éclairage public, l'état des rues du grand quartier d'Ouled Youcef, l'état des deux usines de marbre à l'arrêt depuis la décennie noire, et le rond-point dangereux inquiètent aussi les habitants de Honaïne. Selon le DTP de Tlemcen, les travaux d'aménagement de ce rond-point au niveau d'Oued Rached (Sidi Lakhdar) seront bientôt lancés.