|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Quels
terroristes et quelles entités terroristes composeraient cette liste nationale
créée suite à l'adoption, lors du dernier Conseil des ministres (dimanche 30
mai), d'un projet d'ordonnance modifiant l'ordonnance n°66-156 du 8 juin 1966
portant code pénal ? Cette ordonnance a pour titre le renforcement du système
juridique de lutte contre le terrorisme, mais dans son état brut elle ne livre
pas les détails illustratifs. Serait-elle composée de noms des terroristes et
leurs soutiens logistiques condamnés par les tribunaux ou serait-elle élargie
également aux personnes soupçonnées de terrorisme et qu'on devrait mettre sous surveillance?
On ne sait pas encore, aussi, qui pourrait accéder à cette liste nationale, tous les services de sécurité ou seulement des services spécialisés dans la lutte antiterroriste ? Les services de sécurité possèdent bien une liste des terroristes condamnés ou recherchés, et il doit s'agir de l'élaboration d'une nouvelle liste bien plus large et accessible sans restriction pour les services de sécurité, où serait recensée toute personne signalée comme faisant partie de la mouvance terroriste suite à une décision judiciaire, administrative ou policière, et qui servirait à suivre de près les personnes concernées. Et, surtout informer les services compétents de leurs mouvements sur le territoire national ou pour toute autre considération sécuritaire sensible, comme l'accès à des postes stratégiques ou tout simplement pour qu'on prenne note de leur localisation. C'est une liste qui, pour être utile, devrait être consultée par tous les services de sécurité, lors des contrôles ou de soupçons qui pèseraient sur une personne identifiée comme terroriste ou en lien avec des mouvements et des personnes terroristes, et qui la placerait sous surveillance active. La pratique est très répandue en Europe, notamment en France, où les personnes dangereuses sont toutes portées sur un fichier « S », qui sert d'outil au service de l'enquête et la prévention ciblée des crimes. Quant aux entités terroristes, on n'en connaît pas beaucoup qui sont clairement identifiées comme telles par les autorités algériennes. Récemment, deux « entités » ont été pour la première fois classées terroristes en Algérie, en l'occurrence le mouvement séparatiste MAK et le mouvement Rachad, sinon pour les autres GIA, GSPC, El Qaïda au Maghreb islamique et d'autres sigles terroristes encore qui activaient durant les années 90 et le début des années 2000, les autorités n'ont jamais cité le nom d'un quelconque groupe terroriste, ni dans les communiqués officiels ni par classement ou déclaration. Une guerre psychologique à travers laquelle l'Etat ne voulait pas leur attribuer ce rang d'organisation terroriste, préférant plutôt user de mots comme « terrorisme résiduel » et « criminels » quand on parle des terroristes, dont on reconnaît, pourtant, l'appartenance à telle ou telle organisation criminelle d'une manière inexprimée publiquement. Va-t-on changer cette vieille attitude sécuritaire qui veut ignorer ce qu'on sait mieux que quiconque comme réalité, et classer d'autres entités terroristes encore en activité en Algérie, en sus des deux mouvements qui ont récemment ouvert officiellement le tableau ? Le sujet fera débat sur d'autres plans encore, notamment la mise en œuvre des critères de classement sur cette liste et les recours, judiciaires et administratifs, dont disposeraient les personnes concernées. |
|