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En dépit des milliards de
dinars injectés dans les programmes de lutte contre le cancer, que ce soit pour
l'importation des médicaments ou pour l'acquisition des équipements, la prise
en charge des malades atteints du cancer laisse à désirer, elle est même
qualifiée de «catastrophique» par les associations.
C'est un appel au secours urgent qu'ont lancé les 12 associations membres de l'Alliance nationale de lutte contre le cancer au président de la République, dénonçant un recul dans la prise en charge des malades, due principalement à la «mauvaise gestion». «Sinon comment expliquer le fait qu'en 2012, l'Algérie disposait de 12 accélérateurs sur le territoire national avec des délais d'attente d'un rendez-vous de radiothérapie de huit mois à un an, et aujourd'hui en 2021 nous disposons de 50 accélérateurs linéaires, avec pratiquement les même délais d'attente de rendez-vous, soit de huit mois à un an, et ce, à travers le pays», s'est indignée Hamida Kettab, présidente de l'association El-Amel d'aide aux cancéreux, hier lors d'une conférence de presse tenue à Alger. Elle a affirmé que la «situation est chaotique, des enfants atteints de cancer meurent faute de médicaments, des malades récidivent après des cures de chimiothérapie faute de radiothérapie et des malades souffrant ne trouvant même pas un centre pour les soins palliatifs», dénonce-t-elle. Et d'enchaîner «pourtant nous disposons de plus de moyens et de spécialistes qu'auparavant». Elle ajoute «les équipements et les ressources humaines ne sont pas exploités pour des raisons qu'on ignore, sur 50 accélérateurs de radiothérapie, 40 appartiennent au secteur public dont 13 sont à l'arrêt, des accélérateurs neufs sont toujours sous emballage pour des raisons qu'on ignore» et ce, «au moment où des malades décèdent faute de rendez de radiothérapie». Quatre-vingts pour cent des femmes algériennes atteintes de cancer du sein ont subi une ablation mammaire arbitraire, en l'absence de radiothérapie qui les a exposées à une rechute, bien que le cancer du sein soit parmi les cancers les plus curables, dit-elle encore. Le plus surprenant, dit-elle, est le fait qu'on dispose de deux appareils «Intrabeam» au centre Pierre et Marie Curie (CPMC) à Alger. Ce sont des équipements de dernière génération principalement utilisés dans le traitement du cancer du sein. Ce genre d'appareil permet, pendant l'opération, de délivrer une irradiation unique juste après l'enlèvement de la tumeur. Mais, dit-il, «ces deux appareils sont toujours emballés et non exploités au moment où l'on a un vrai problème de radiothérapie». Elle ajoute «les malades atteints de cancer payent la facture de la mauvaise gestion, pas moins de 3.500 femmes meurent du cancer du sein en Algérie par an». En ce qui concerne la plateforme numérique récemment lancée dans le domaine de la planification des patients pour la radiothérapie par le ministère de la Santé, elle dira que contrairement à ce qui a été annoncé, cette plateforme n'est pas complète. Et elle n'est toujours pas liée au réseau intranet national de lutte contre le cancer ou aux établissements hospitaliers en raison de problèmes sur Internet et d'autres problèmes techniques, ce qui complique la prise de rendez- vous et la disponibilité des rendez-vous à court terme à travers le territoire national. Le plus frustrant, dit-elle, «notre voix est devenue inaudible aujourd'hui et nos appels de secours et de détresse n'ont reçu aucune réponse». Et d'ajouter «aucune interaction du ministère de la Santé, pourtant plusieurs appels de détresse ont été lancés par des patients et par des associations, nous avons jusque-là usé de tous les moyens possibles, c'est pour cette raison qu'on sollicite solennellement l'intervention du président de la République», conclut-elle. |
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