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Statistique et incertitude

par Abdelkrim Zerzouri

Où se trouve englué ce Conseil national des statistiques (CNS) pour qu'on vienne aujourd'hui, 27 ans après sa création, annoncer sa relance dans les prochaines semaines ?

En allant loin dans cette question, on descend au fond du gouffre des chiffres que certains chefs de gouvernement passés excellaient à rendre tangibles des situations qui étaient des plus sombres sur le plan des statistiques et qui donnaient presque tout faux ou qui sortaient des chiffres puisés on ne sait ni où ni comment. Quasiment invérifiables, donc, à cause de l'absence d'organismes spécialisés en matière d'investigation et de récoltes de l'information statistique qui requiert, comme on vient de l'admettre en lui dédiant tout un ministère dans le gouvernement Tebboune, un travail titanesque. D'ailleurs, on concède qu'il ne peut y avoir ni planification ni aucun développement économique sans une information statistique fiable. Une tare dont souffrent tous les pays en voie de développement.

L'Algérie avait bien accédé assez tôt à cette vérité en procédant à la création de ce Conseil national des statistiques. On y a pensé en 1994, année qui a vu la création de cet instrument privilégié d'organisation, de coordination et d'animation de l'information statistique, à travers le décret législatif n°94-01 du 15 janvier 1994 relatif au système statistique, qui sera suivi une année et demie plus tard par le décret exécutif n°95-160 du 3 juin 1995 portant organisation et fonctionnement du CNS, où siègent tout un panel de représentants de ministères, des plus importants organismes publics et de compétences universitaires et d'experts reconnus dans leur domaine de spécialité (37 membres). Mais, tout restera encre sur papier jusqu'en 2008, année qui a connu l'installation officielle du CNS. Sans qu'il ne puisse jamais trouver ses marques jusqu'à aujourd'hui, où il continue encore à flotter dans le vague et faire parler de sa relance (la nécessaire relance du rôle de ce Conseil a été évoquée en 2020 à l'APN). A-t-il jamais fonctionné ce CNS, à une quelconque période après sa création, en apportant son expertise et son appréciation sur les informations statistiques présentées par les membres des exécutifs passés, notamment ? Il y a relance quand on remet sur pied un cadre de travail à l'arrêt ou en activité ralentie.

Dans ce cadre, M. Hocine Cherhabil, ministre de la Numérisation et des Statistiques, a fait état du lancement des procédures juridiques nécessaires pour la relance du Conseil national des statistiques. Autant dire qu'on s'attelle à recréer le CNS et non le relancer. Cette fois-ci sera la bonne ?

Rappelons qu'il y a près d'une année, le président de la République avait instruit le Gouvernement à l'effet de créer un nouveau réseau de statistiques en tant que mécanisme reposant sur de véritables indicateurs pour une économie transparente. Et il reste à patienter plus de temps encore pour arriver à un stade de maîtrise technique des statistiques qui nécessitent un travail d'investigation de longue haleine et bien précis.