La
stabilité impossible au Mali ? C'est un pays qui ne retrouve un semblant
d'équilibre que pour plonger de nouveau dans la tourmente. L'histoire du Mali
est marquée par les coups d'Etat menés par les militaires, quatre ou cinq si
l'on tient compte du dernier en date, en (61) soixante et un ans d'indépendance,
laissant croire que ce pays est ingouvernable. Tous les espoirs de paix se
heurtent à un mur au bout de quelques jours, quelques mois ou quelques années.
Ainsi, quelque neuf mois après le coup d'Etat militaire qui a écarté l'ex-
président Ibrahim Boubakar Keïta, son successeur
semble connaître un sort identique. M. Bah N'Daw
désigné président de la Transition malienne au mois d'août dernier, et son
Premier ministre Moctar Ouane, ont été mis aux arrêts
par des militaires quelques heures après l'annonce d'un nouveau gouvernement
intérimaire de 25 membres. Les nouveaux dirigeants ont été conduits sous la
contrainte militaire au camp militaire de Kati, à quelques kilomètres de
Bamako. Est-ce la composante du nouveau gouvernement intérimaire qui a causé
cette rupture entre les autorités civiles qui devaient assurer la transition et
la junte militaire ? Probablement que la nomination des nouveaux membres du
gouvernement intérimaire est derrière cette tentative de coup d'Etat militaire,
vu le timing de ce coup de force. Bien que la possibilité de négociation entre
les deux parties existait avant la désignation des nouveaux membres de ce
gouvernement de transition, et pouvait leur éviter un retour à la case départ,
ainsi que les condamnations unanimes de la communauté internationale. Notons dans ce contexte que le Premier ministre de transition avait
indiqué à la veille de l'annonce des membres du gouvernement que tous les
regroupements politiques consultés ont accepté de faire partie du gouvernement,
à l'exception d'une frange du Mouvement du 5 Juin, ou Rassemblement des Forces
Patriotiques (M5-RFP), dirigé par l'imam Mahmoud Dicko,
celui-là même qui a approuvé le coup d'Etat militaire et l'arrestation de
l'ex-président Ibrahim Boubakar Keïta en disant que «
ce n'est pas un coup d'État militaire mais une insurrection populaire ».
Approuverait-il également ces dernières arrestations du président de la
transition et son Premier ministre ? En tout cas, le Premier ministre a négligé
l'essentiel dans ses concertations avec les forces vives du pays, à savoir ne
pas avoir consulté les militaires, notamment à propos de l'éloignement de deux
membres influents qui figurent parmi les organisateurs du coup d'Etat de 2020.
Le colonel Goïta, à la tête des putschistes qui
avaient renversé l'ex-président élu Ibrahim Boubacar Keïta, est sorti de son
silence, hier mardi, pour désapprouver la formation du nouveau gouvernement,
faite « sans qu'on ne l'ait associé aux concertations ». La transition
compromise ? Le colonel Goïta a indiqué à ce propos,
dans une déclaration lue à la télévision publique par un collaborateur en
uniforme, que « le processus de transition suivra son cours normal et que les
élections prévues se tiendront courant 2022 ». Les autorités algériennes qui
avaient reçu au mois de mars dernier le désormais ex- président de la
Transition Bah N'Daw doivent encore patienter jusqu'à
l'installation d'un nouveau président de transition et la formation d'un
nouveau gouvernement pour relancer la mise en œuvre de l'Accord de paix et de
réconciliation malienne, issu du processus d'Alger. Lequel accord célèbre en ce
mois de mai son 6e anniversaire, sans avoir concrétisé toutes ses promesses.