Une liste actualisée des médicaments à risque avéré a été
élaborée, lors d'une réunion tenue, mercredi 19 mai, dans le cadre de
l'application du décret exécutif fixant les modalités de contrôle des
substances et médicaments ayant des propriétés psychotropes. Pas si simple que
cela en a l'air. Cette revendication des pharmaciens, sur la table depuis plus
d'une année, a-t-elle été, finalement, satisfaite par les pouvoirs publics ? On
est bien arrivé, lors de cette récente réunion, présidée par le ministre de l'Industrie
pharmaceutique Abderrahmane Lotfi Djamel Benbahmed, à
répertorier certains médicaments devant être inscrits sur cette liste,
notamment les médicaments Pregabaline, Tramadol et Trihexyphenidyle, qui
font l'objet d'un vaste trafic, mais il reste encore à attendre que lui soit
dédié un arrêté interministériel, à signer conjointement par les deux
départements de l'Industrie pharmaceutique et de la Santé. Le processus de la
définition et la comparaison de ces produits chimiques, surtout quand il s'agit
d'établir leur dangerosité du fait de leur dosage et mode de consommation, est
long et compliqué avant d'aboutir à une classification actualisée des
substances psychotropes. D'abord, il faut s'inspirer sur ce plan des
Conventions internationales, cautionnées par l'OMS et l'ONU, qui codifient la
production et la commercialisation des substances psychotropes. Ensuite, il est
indispensable de faire la différence entre trois sortes de classifications :
celle qui a un lien avec les effets de la consommation de tel ou tel
médicament, celle qui a un lien avec son danger et celle juridique, dont
l'élaboration se réfèrerait aux deux précédentes classifications. Dans le cas
actuel, c'est la classification juridique des substances psychotropes qui pose
problème en Algérie. Suite à une grogne du Syndicat des pharmaciens (SNAPO),
qui a dénoncé un vide juridique dû à la non actualisation des textes relatifs à
ces psychotropes, à l'origine de poursuites judiciaires et de condamnation de
pharmaciens pour des affaires de vente de produits non classés, officiellement,
en tant que substances psychotropes, les autorités se sont penchées sur le
problème et ont admis qu'il y a lieu de combler le vide juridique en question.
Ainsi, suivra récemment la publication d'un décret exécutif,
n° 21-196 modifiant et complétant le décret exécutif n°19-379 fixant les
modalités de contrôle administratif, technique et de sécurité des substances et
médicaments ayant des propriétés psychotropes, et la réunion de mercredi
dernier, qui pointe l'application de l'article 16 de ce décret, prévoyant de
fixer une liste de ces médicaments à risque avéré d'abus, de pharmacodépendance
et d'usage détourné. Tous les médicaments portés sur cette liste seront, ainsi,
soumis à une prescription sur une ordonnance à 3 volets (blanc, jaune et rose),
au même titre que ce qui est pratiqué actuellement avec les médicaments
psychotropes. Est-ce une voie tracée pour reconnaître que les poursuites et les
condamnations de pharmaciens pour des affaires de vente de produits naguère non
classés officiellement en tant que substances psychotropes sont des erreurs
judiciaires ? D'autres interrogations planent sur cette nouvelle liste des
psychotropes, qui comprendrait des médicaments prescrits pour le traitement de
maladies neurologiques et comme antidouleurs (antalgiques), qu'on ne pourrait
plus se procurer sans se faire recenser, chez le pharmacien, sur le registre
des patients sous traitement «psy»! L'impact de cette
nouvelle classification des psychotropes pourrait, effectivement, répondre aux
préoccupations des pharmaciens, qui seraient mieux protégés dans l'exercice de
leur fonction, mais cela ne serait guère d'un grand secours dans la lutte
contre la toxicomanie et le trafic de psychotropes, qui a des ramifications
s'étendant hors des frontières.