Le report sine die de la visite du
Premier ministre français, Jean Castex, en Algérie, et la guéguerre à «fleurets
mouchetés » entre Alger et Paris, marquée par des «résistances» de part et
d'autre, continue de susciter de remous sur les deux rives de la Méditerranée.
En effet, le président français, Emmanuel Macron, a estimé, dans un entretien
au quotidien «Le Figaro dimanche», que la volonté de réconciliation des
mémoires entre Français et Algériens est «très largement partagée» malgré
«quelques résistances». «Je crois (...) que cette volonté est très largement
partagée, notamment par le président algérien Abdelmadjid Tebboune.
Il est vrai qu'il doit compter avec quelques résistances...», a déclaré le chef
de l'Etat français. Macron a, en outre, qualifié «d'inacceptable» la
déclaration du ministre du Travail, Hachemi Djaâboub, qui a affirmé que la France était «l'ennemi
traditionnel et éternel» des Algériens. Les relations traditionnellement
difficiles entre la France et l'Algérie connaissent un nouveau coup de froid
après le report sine die d'un déplacement du Premier ministre français Jean
Castex à Alger, prévu dimanche dernier. A l'approche du 60ème anniversaire de
l'indépendance nationale, Emmanuel Macron a engagé, ces derniers mois, une
série d'«actes symboliques» afin de tenter de «réconcilier les mémoires». Un
rapport dédié, remis en janvier par l'historien Benjamin Stora,
comporte plusieurs propositions allant dans ce sens. «Ne vous y trompez pas,
derrière le sujet franco-algérien, il y a d'abord un sujet franco-français», a
affirmé Macron au quotidien «Le Figaro». «Au fond, nous n'avons pas réconcilié
les mémoires fracturées ni construit un discours national homogène (...) La
mémoire fracturée, c'est celle des pieds-noirs, celle
des harkis, celle des appelés du contingent, celle des militaires français,
celle des Algériens venus ensuite en France, celle des enfants de cette
migration, celle des binationaux...», a estimé le locataire de l'Elysée,
ajoutant : «je ne suis ni dans la repentance ni dans le déni. Je crois dans une
politique de la reconnaissance qui rend notre nation plus forte », a-t-il estimé.
La tension était montée d'un cran quand
le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, El Hachemi Djaâboub, lors d'une
séance plénière au Conseil de la Nation, le 8 avril dernier, a dit que la
France est «l'ennemi traditionnel et éternel de l'Algérie». Le rapport de
Benjamin Stora sur la réconciliation des mémoires
entre la France et l'Algérie est un « rapport franco-français », a affirmé
Abdelmadjid Chikhi, directeur général des Archives
nationales et conseiller aux questions mémorielles du Président Tebboune. «C'est un rapport franco-français. Il ne nous a
pas été transmis de manière officielle pour que l'on soit dans l'obligation, au
moins morale, de répondre sur son contenu», a affirmé Abdelmadjid Chikhi:
«Officiellement, c'est comme si ce rapport n'existait pas » a expliqué, le 24
mars dernier, Abdelmadjid Chikhi dans une émission de
la chaîne qatarie «Al-Jazeera».