|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
La
réforme du système des subventions, ou plutôt le recours au ciblage des
subventions, s'avère une nécessité absolue pour, à la fois, rationaliser les
dépenses de l'Etat mais aussi pour lutter contre le gaspillage, la spéculation et
le déséquilibre économique.
Les intervenants à la journée d'information et d'échange sur «la rationalisation de la consommation et la lutte contre le gaspillage», organisée hier par le Conseil national économique, social et environnemental «CNES» à l'ENA, ont mis l'accent sur la nécessité d'aller vers «le ciblage des subventions et la subvention du pouvoir d'achat». Le Pr Aïssa Abdelguerfi, de l'Ecole nationale supérieure agronomique, s'est dit étonné par le fait que le projet de réforme progressive du système de subventions, notamment pour les produits de base (pain, semoule, sucre, huile, eau, électricité, gaz) n'arrive toujours pas à voir le jour. Et ce, sous prétexte qu'il y a une difficulté à définir les catégories de la population devant bénéficier d'aides publiques directes. Pourtant, dit-il, l'Egypte qui compte plus de 80 millions d'habitants, pratiquement le double de la population algérienne, a mis un terme aux subventions pour la production de la farine et du pain, en cessant de fournir des subventions aux minoteries et aux boulangeries. Toutefois, le pain est vendu à un prix subventionné au profit des citoyens ayant un revenu faible ou sans ressources financières. Et de préciser que chaque détenteur de la carte donnant droit aux achats subventionnés peut acheter le pain subventionné. L'intervenant a regretté le fait qu'en Algérie, l'on continue à subventionner les produits de base permettant aux Algériens, quels que soient leurs revenus, de bénéficier de produits subventionnés, mettant sur le même pied d'égalité les riches et les pauvres, au détriment du Trésor public et de l'économie nationale. Boualem Haddad, vice-président de l'Union nationale des industries agroalimentaires, a précisé, pour sa part, que les subventions sont devenues un frein pour le développement économique, car c'est un facteur qui favorise la spéculation, le gaspillage et parfois l'anarchie, «voire la polémique notamment sur les réseaux sociaux et les médias, sur l'huile de table, le sucre, la semoule et le poulet qui a eu un impact considérable sur les distributeurs du gros et sur les producteurs dans certaines filières». Il a appelé les pouvoirs publics à changer de stratégie ou de revoir leur politique sociale en plaidant pour la «subvention du pouvoir d'achat des Algériens et non pas les produits de large consommation». Pour M. Haddad, il faut aller vite dans le ciblage des subventions pour sortir de cet «engrenage», le reste doit financer d'autres secteurs, l'éducation, la santé, l'industrie et autres secteurs économiques. Eau et pain : un taux de gaspillage estimé à 20% Réda Tir, président du CNES, a affirmé dans ce sens que les dépenses liées au système social, notamment les subventions de nombreux produits de base, dépassent dans la plupart des cas les 60% à 70% du prix réel des produits. Ce qui entraîne souvent une surconsommation et gaspillage des produits subventionnés. En citant le gaspillage de l'eau et du pain dont le taux est estimé à 20%. Sans oublier, dit-il, le gaspillage de l'électricité et du gasoil qui constitue un lourd fardeau pour l'Etat. Pour rappel, en 2015 et selon les statistiques de l'Union générale des commerçants et des artisans algériens (UGCAA), 120 millions de baguettes de pain ont été jetées dans les poubelles durant le mois de Ramadhan. Mustapha Zebdi, président de l'Association algérienne de protection et d'orientation du consommateur et de son environnement (Apoce), a ouvert une parenthèse pour affirmer que le gaspillage n'est pas propre aux ménages. Il a souligné que différentes institutions doivent être contrôlées et sensibilisées contre le gaspillage du pain. Et de citer les écoles, les centres de formation, les hôpitaux notamment. Hocine Hamrane, chef de service à la SEAAL, a affirmé, pour sa part, que le Trésor public décaisse 50 milliards de dinars pour payer les sociétés de dessalement de mer. Et d'affirmer que les créances de l'ADE s'élèvent à plus de 57 milliards DA dont 30% enregistrés auprès des administrations. Pourtant, la tarification de l'eau, dit-il, est subventionnée par l'Etat, sachant que le prix de l'eau potable ne reflète guère son coût réel. Et ce, sans parler de la déperdition et du gaspillage liés aux fuites d'eau ainsi que les pertes liées aux mauvaises habitudes des ménages mais aussi aux branchements illicites. |
|