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Trois syndicats
de la Santé ont exprimé leur mécontentement, voire leur «colère», devant
l'indifférence du gouvernement quant à leurs revendications légitimes, restées sans
suite depuis des années.
Lors d'une conférence de presse tenue, hier, à la veille de la grève, à laquelle a appelé, l'intersyndicale de la Santé regroupant les trois syndicats (SNECHU, SNPSP et SAP), les conférenciers ont lancé un appel solennel au président de la République et au gouvernement Djerad, pour « désamorcer les tensions ». Mais surtout, pour faire sortir le secteur de la Santé de sa profonde léthargie avec des réformes radicales et palpables sur le terrain. Réunis au siège du syndicat des hospitalo-universitaires, le SNECHU à Alger, les conférenciers ont fait état de l'incapacité du département de la Santé à répondre à leurs doléances qui ne datent pas d'aujourd'hui. Ils affirment qu'ils ont été conviés à une réunion de dialogue, lundi dernier, par les responsables du ministère de la Santé, mais ça n'a pas abouti à des réponses concrètes, avec des plans et un échéancier bien précis. Pour les trois syndicats, les revendications du secteur de la Santé doivent être traitées et résolues par le gouvernement, car il s'agit bien de la « sécurité sanitaire du pays ». Les trois syndicats réclament une valorisation des salaires au profit des personnels de la Santé «le salaire du professeur, du médecin ou d'un paramédical en Algérie est l'un des plus bas dans la région, c'est-à-dire par rapport à nos voisins seulement », déplore Rachid Belhadj, président du syndicat national des enseignants chercheurs hospitalo-universitaires (SNECHU). Il évoque parallèlement la mauvaise gestion, le manque de moyens, l'absence de structures de santé modernes qui répondent aux normes et le problème de la formation. Tous ces facteurs ont favorisé la fuite des compétences à l'étranger mais aussi vers le secteur privé, dit-il. Et de rappeler que tous les syndicats et les acteurs de la Santé ont milité et ont participé à l'élaboration de la nouvelle loi sanitaire qui a été promulguée, en 2018. Mais, il regrette le fait que les textes d'application ne sont toujours pas prêts à ce jour. « On est là pour dire ?Barakat', on a déjà perdu 20 ans dans l'élaboration des lois et des stratégies dont on n'arrive pas à voir les fruits sur le terrain », dit-il. Le Pr Belhadj regrette « on est resté dans les états de lieux, et ce, avec le passage de 10 ministres en 15 ans. Et d'estimer que seule une volonté politique courageuse serait capable de sauver ce qui reste du secteur de la Santé publique. Bien évidemment avec la concertation directe avec les syndicats « représentatifs » et le personnel médical qui est sur le terrain. La mise en garde du personnel de la Santé contre l'oubli Lyes Merabet, pésident du Syndicat national des Praticiens de la Santé publique SNPSP a précisé que le président de la République avait annoncé, au début de la pandémie du Covid -19, que des mesures de restructuration totale du système national de Santé seront prises. Il s'est même engagé à prendre des mesures pour l'amélioration des conditions de travail du personnel de la Santé et l'octroi de la prime d'encouragement. Et de souligner que « ces propos, nous ont motivé pour face à la crise » mais regrette-t-il depuis quelques temps, le secteur de la Santé notamment avec la baisse des cas du Covid, a été apparemment mis aux oubliettes ». Il enchaîne « on ne parle que rarement ces derniers temps de l'armée blanche. Pourtant, précise-t-il, le personnel médical a payé un lourd tribut, « nous avons enregistré 220 décès dont 180 dans le corps des praticiens médicaux. Et pas moins de 13.000 personnes dans le corps médical ont été contaminées. Tout en insistant sur le fait que ce débrayage n'a rien à voir avec la prime du Covid, le Dr Lyes Merabet a ouvert une parenthèse pour évoquer, lors de cette conférence de presse, la problématique du retard dans le versement de la prime Covid. Il affirme d'ailleurs qu'aucune famille des professionnels de la Santé qui a été endeuillée par la Covid-19, n'a reçu l'indemnisation de 100 millions de centimes, annoncée par le président de la République. Idem pour la décision concernant la retraite, dit-il. Il rappelle que le président de la République avait donné des instructions pour que deux mois de travail dans les unités Covid équivaillent à six mois comptabilisés pour la retraite. En regrettant que «l'exécution de ces décisions n'arrive toujours pas à voir le jour». 10% du personnel de la Santé vaccinés contre la Covid-19 Seuls 10 % du personnel de la Santé ont été vaccinés contre le Covid-19 à ce jour, selon le Pr Belhadj qui a évoqué dans la foulée, un problème de réticence de la part du personnel médical vis-à-vis de certains vaccins. Il a appelé dans ce sens au lancement urgent de campagnes de sensibilisation pour inciter le personnel médical et les citoyens à se faire vacciner. Car dit-il «la vaccination est nécessaire et demeure la seule solution pour se prémunir de la Covid-19 qui est toujours là». Lyes Merabet a évoqué, en outre, le manque en quantité suffisante des vaccins pour enfants. Et d'affirmer que ces tensions persistent et certains vaccins sont soit indisponibles, soit en quantités insuffisantes, pourtant, ils font partie du programme national de vaccination. Il a cité le cas des vaccins qui connaissent des tensions comme, celui contre la polio injectable, Tétrahib, quadrivalent et le vaccin antirabique administré contre la rage. Et regrette, le fait qu'on soit toujours tributaire de programmes d'importation de l'ensemble des vaccins. |
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