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Des dizaines de retraités, ex-ouvriers et
responsables de l'entreprise de céramique, «Céramique la Tafna» (CERTAF) qui
ont observé lundi un sit-in devant le siège de l'annexe de la caisse nationale
de retraite (CNR) pour protester contre la dévaluation de leur pension de
retraire et la mesure de remboursement d'un trop perçu. «Les
travailleurs qui sont partis en retraite entre 2002 et 2017, ont été surpris
d'apprendre par notification de la part de la CNR, le montant de dévaluation de
leurs pensions et le trop perçu durant leur retraite qu'ils devront rembourser et
qui dépasse les 100 millions de centimes pour certains » explique, scandalisé,
un protestataire qui ajoute que « la CNR sans nous avertir au préalable et sans
explications des motifs de cette procédure illégale, dévalue sans raison
apparente, et plus de 19 années après le départ à la retraite de certains,
notre rente, notre seule ressource, et, en sus, nous demande le remboursement
des dizaines de millions de trop perçu».
C'est là une injustice, estiment les protestataires. Plus de 800 retraités concernés reçoivent, par vagues, ces notifications. Et certains touchent déjà leur nouvelle pension revue à la baisse. Selon les informations recueillies auprès des responsables syndicaux et de travailleurs, en 2002 la majorité des entreprises publiques étaient en difficulté et les salaires étaient très bas. La stratégie adoptée par la majorité des entreprises publiques pour se redresser était la mise à la retraite volontaire des travailleurs. Pour encourager leur départ, et comme les salaires étaient très bas, la CERTAF, tout comme d'autres entreprises de la wilaya, proposait aux travailleurs un avancement de 4 à 5 catégories (augmentation du salaire) pour les 5 années qui précédent leur départ à la retraite et pour lesquelles l'entreprise versait les cotisations nécessaires, tout en exigeant aux partants un engagement à ne pas en réclamer de rappel sur le différentiel. Une convention relative à cette situation a été alors signée par le syndicat, l'inspection du travail et l'employeur. Ce système s'appliquait de 2002 à 2017 et ce sont 811 travailleurs qui sont ainsi partis dans ce cadre en retraite. «Maintenant, la CNR nous réclame les fiches de paye. L'on se demande alors sur quelle base, notre pension a été calculée. Nous, simples travailleurs, ne sommes pas responsables de cette situation», lance cet ancien ouvrier, père de 2 enfants chômeurs. Un autre nous montre la pré-notification qu'il a reçue de la CNR lors de son départ en retraite. «J'ai 32 années de service en tant que chef de département et je suis sorti avec une pension de retraite minable de 36.000 DA. 16 ans après, la CNR s'est ?rendue compte' qu'elle s'est trompée dans le calcul du montant de ma rente et, comble de l'ironie, me demande de justifier le salaire -que je n'ai pas touché- des 5 dernières années avant mon départ à la retraite par des fiches de paie si je veux garder ma rente entière et ne pas rembourser plus de 100 millions. C'est vraiment du n'importe quoi», relate notre interlocuteur outré. La tension est à son comble chez ce collectif qui crie à l'injustice. «J'ai contacté l'ex-sous directeur de la CNR qui m'a affirmé que le calcul de la retraite durant cette période était régulier et conforme à la réglementation», affirme ce syndicaliste qui affirme que la CNR est en défaut, en soulignant que, d'une part, la réglementation lui interdit de modifier une rente sans l'aval du wali ou de la justice et, d'autre part, selon l'article 78 de la loi 08/08 du 23 février 2008, les arriérés dus au titre des pensions de retraite se prescrivent en cinq ans, s'ils ne sont pas réclamés. Un entretien a eu lieu entre la directrice de la CNR et les représentants des retraités. La seule explication avancée par la directrice durant cet entretien est qu'elle n'a fait qu'appliquer l'instruction de la tutelle. Selon un syndicaliste, consulté, le médiateur de la république, qui était P/APW au début des années 2000 et donc au fait de la situation économique des entreprises de la wilaya, avait confirmé que plusieurs entreprises, vu le salaire bas d'alors, avaient recours à cette méthode pour leurs travailleurs qui partaient en retraite. Le collectif des retraités se dit déterminé à user de tous les moyens et recours pour recouvrer son droit le plus élémentaire à savoir le maintien de la pension et demande l'intervention des pouvoirs publics pour que soit annulée cette mesure décidée par la CNR. Contactée à ce sujet, la directrice du centre de la CNR de Tlemcen nous a déclaré que c'est sur instruction de la direction générale de la CNR que ce redressement a été effectué pour ces retraités et qu'elle ne peut nous dire davantage sans son aval. |
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