Il n'est pas assez difficile de se forger une opinion
sur le champ de vision environnemental qui s'offre à nous, à chaque levée du
jour où, en quête d'assouvir le plaisir des yeux, nous ne balayons que des
sites muets, des paysages meurtris par la grisaille du ciel, amplifiée par
l'ionisation du ciment gris et le noir bitumeux des voies urbaines, ponctuées
de nids de cigognes. Les effets pervers de l'insouciance humaine ont réussi à
exclure toute symétrie des repères ou la hiérarchisation des ensembles, au
point d'animer un processus de dénaturation de nos villes, entravant ainsi,
l'harmonieuse répartition des constructions et annihilant tout effort consenti
en vue d'un urbanisme rationnel, cohérent et fonctionnel. Après les errements
dans la création d'un POS nord sacrifiant un patrimoine agricole à haut
rendement, l'urbanisation du chef-lieu de wilaya a été réorientée sur le cap
sud-sud-est, projetant une extension sur les bas contreforts au pied des
massifs de la Mahouna, dont les reliefs y attenant,
aspiraient à un reboisement intensif et à haute qualité d'agencement sylvestre.
Les différents plans directeurs mis en oeuvre à ce
jour, n'ont pas manqué de se faire biseauter dans des maillages alternés par
des desseins spéculatifs, l'excès de zèle de l'infamant squat ou les
incivilités envers les équilibres socio-économiques et écologiques de nos
villes. En cela, la variante de création des segments attractifs et les
vecteurs multidimensionnels d'une bonne occupation au sol, n'ont abouti qu'à
une prolifération des infrastructures non consolidées par des liaisons durables
et cohérentes, sans omettre les indues découpes sur des espaces destinés à la
dispersion des flux d'échanges et à l'aération des villes.
Dans ce
charivari environnemental où la chose publique, l'édilité et la participation
civique citoyenne sont reléguées au second plan, l'on ne peut que concevoir une
urbanisation en perpétuelle refonte et en constante quête d'une hypothétique
nuance d'esthétique. Les fausses interprétations des termes de la loi 15/08
n'ont fait qu'accentuer les tergiversations sur des échanges creux et aux
germes populistes douteux qui ont ralenti l'exécution de l'idée maîtresse qui
consiste à améliorer l'urbanité de nos villes. C'est dans cet état d'âme de nos
cités que l'on s'apprête à célébrer les journées mondiales de la forêt, de l'eau
et de la météorologie. Les grandes conférences onusiennes sur l'environnement,
ont toujours favorisé les options de « solutions vertes », pour les fluides de
la vie que sont l'air et l'eau, en cataloguant l'arbre comme un «
être-ressource », contribuant à la fourniture de bois, la protection contre les
dangers naturels, la création des lieux de détente oxygénés et les refuges pour
les nombreuses espèces ainsi que les foyers de la biodiversité ». « La
restauration des forêts » est le thème 2021 qui place une interpellation
adjacente de « faire de nos villes et de nos forêts des lieux plus verts et
plus sains, où il fait bon vivre ». La journée de l'eau épouse le thème de « la
valorisation de l'eau » eu égard à son importance vitale extrême impactant la vie
humaine, animale et végétale. La Journée météorologique mondiale 2021 se penche
sur le thème: « L'Océan, le Temps et le Climat » pour
s'aligner sur une même ligne de départ à travers les multiples passerelles du
bien-être de l'Humanité, dans ses paliers fonctionnels à caractères
environnemental, économique et social. Nous demeurons persuadés que les forêts
sont les écosystèmes les plus riches en termes de biodiversité biologique,
abritant plus de 80% des espèces végétales et animales sur terre. Malgré les
précieux avantages économiques, écologiques, sociaux et sanitaires, nous
détruisons nos forêts à un rythme infernal, sans se soucier que la
déforestation ouvre des clairières prédatrices et procréatrices de gaz à effet
de serre, contribuant au réchauffement climatique. La mise au vert de nos
territoires implique la revitalisation à travers le reboisement pour compenser
les milliers d'hectares du patrimoine forestier incendié précédemment et
l'essaimage à outrance des points verts en milieu urbain, sans oublier de
replanter les arbres victimes des incivilités criminelles, notamment pour
l'exemple, les ficus centenaires déracinés et les platanes sciés à la
tronçonneuse délibérément, à la faveur d'une impunité déclarée effrontément.
D'aucuns vous diront que les forêts et les arbres, de par leur capacité à
stocker le carbone, contribuent à atténuer les effets de changements
climatiques dans les zones urbaines en périphérie et parviennent
miraculeusement à réduire la consommation énergétique, atténuent la pollution
sonore et constituent d'excellents filtres contre les particules fines et les
polluants nocifs en suspension dans l'atmosphère. Nous disposons d'une batterie
d'instruments régissant l'eau, l'urbanisme, la forêt, l'espace vert et tout
transite par l'application stricte de ces textes, sans démesure ni
discrimination. Ceci demeure du ressort des technocrates de la filière,
consciencieusement prévenants et imprégnés des concepts évolutifs, modulables
sur les vecteurs tissulaires et réticulaires dans un projet d'ensemble
prometteur. De nos jours, l'on se complaît dans la fonctionnalité routinière de
l'inertie, sans projection futuriste d'objectifs communautaires, ni
l'intensification de l'action urbaine comme catalyseur de l'essor d'un réel
environnement, et l'attitude passive ne fait que favoriser la descente aux
enfers, dans un bouleversement de toute la cohésion de l'urbanité. En se noyant
dans un verre d'eau, l'équipage en place étale ses limites dans la perception
de l'équation citoyenne sur une certaine douceur de vivre dans une ville
équilibrée. A vouloir rechercher et disséquer la flamme novatrice rare, la
boîte de Pandore nous déçoit par le jaillissement d'un flux de
dysfonctionnements complexes, de compromissions scandaleuses qui portent un
grave préjudice aux institutions de l'Etat. Dans les chaos provoqués, l'on se
permet de détruire un arbre ou polluer une source d'eau, comme l'on peut
détruire des matrices d'actes notariés conservées dans une banalité
déconcertante dépassant tout entendement. Les perspectives d'urbanisation
englobant « les solutions vertes » à instaurer dans nos mœurs, avec l'appui de
tous les instruments de droit, dessinent clairement un défi que toute la
composante de la collectivité doit relever. Ce n'est point une sinécure car il
y a lieu de faire converger toutes les synergies sur la plate-forme de la
solidarité agissante, réceptacle des réflexions, des ingéniosités et des moyens
appropriés pour une mise à niveau féconde. Détruire un arbre n'est pas le
propre de l'homme mais reste un crime contre la nature et le citoyen qui croit
au renouveau national n'ira pas sciemment polluer ses ressources en eau.