On est déjà
le 22 mars, le printemps est déjà là, mais c'est aussi la célébration, il y a
deux jours, de la Journée internationale du bonheur. Ainsi, l'on apprend que
l'Algérie occupe la 109e place mondiale et la 13e au niveau continental des
pays où il fait bon vivre? Au sortir d'une «annus horribilis» marquée surtout par la crise sanitaire
mondiale, il serait presque indécent de parler de bonheur. Mais positivons
quand même : le «World Hapiness Report» ou «Rapport
mondial du bonheur», édité sous l'égide de l'ONU, tente de mesurer le bonheur
des citoyens au sein des Etats en recourant à plusieurs indicateurs dont
notamment le PIB par habitant, l'aide sociale comme le logement, l'espérance de
vie en bonne santé, la liberté relative aux choix de la vie, ou encore la
perception de la corruption gouvernementale. Et même si l'on peut douter de la
méthodologie adoptée pour effectuer ce classement, une méthode dite de
«l'échelle de Cantril» menée avec un échantillon dit
«représentatif» sur la base d'un questionnaire qui appréhende 14 domaines liés
au bien-être, la question à poser est de savoir si le bonheur est mesurable
dans un pays comme l'Algérie ? Est-il raisonnable que les Algériens soient
moins heureux que les Nigériens, l'un des pays les plus pauvres au monde, ou
encore la Libye qui pointe devant nous malgré la crise politique et les
conflits qui la déchirent? Comme, bien entendu, les
pays des Vikings et leurs voisins d'Europe occidentale sont les champions du
monde du bonheur ! Robert F. Kennedy l'avait bien dit dans sa célèbre formule :
«Le PIB mesure tout, sauf ce qui fait que la vie vaut la peine d'être vécue».
Etre riche et malheureux ou pauvre et heureux, telle semble la philosophie du
«World Hapiness Report», avec une certitude absolue :
tous les pays du monde ont piteusement échoué à transformer leurs richesses en
bien-être.
Il est vrai
que la recherche sur les éléments qui déterminent le bonheur des citoyens peut
jouer un rôle important en modifiant les priorités de l'action des autorités
publiques. Il est tout aussi vrai que si nous améliorons la qualité de vie dans
nos sociétés, nous pourrons également atteindre d'autres objectifs, par exemple
accroître la longévité et la productivité. Comme le souligne le «World Hapiness Report» dans un rapport précédent : «Vu les
avantages concrets que procure un niveau modérément élevé de bien-être aux
individus et à la société, il est urgent d'agir pour placer le bien-être au
cœur de nos politiques et créer les conditions propices à l'épanouissement de
chacun». Rien d'autre qu'un vœu très pieux !