Alors que les tourments se sont emparés de plusieurs pays
européens à cause des effets secondaires du vaccin AstraZenica,
qu'on soupçonne être à l'origine de cas de thromboses, une coagulation sanguine
potentiellement mortelle, sur le continent africain on garde relativement son
calme. On le croirait non concerné par ce vaccin, suédo-britannique,
qui fait parler de lui depuis sa mise sur le marché et plus encore ces derniers
jours après l'apparition de dangereux effets secondaires sur des sujets ayant
reçu ce vaccin, en Europe notamment. Pourtant, plus que partout ailleurs,
l'Afrique devrait s'inquiéter sérieusement des effets du vaccin AstraZenica et de l'avenir des campagnes de vaccination
engagées sur le continent. Rien que pour son approvisionnement en vaccin,
constitué en majorité de lots du vaccin AstraZenica,
l'Afrique a tout intérêt de s'intéresser de près au développement de cette
affaire qui focalise, ailleurs, les débats et les soucis des autorités
publiques, qui ont décidé de suspendre l'utilisation du produit en question au
niveau de plusieurs pays de l'Union Européenne. C'est que la vaccination des
populations des pays africains dépend essentiellement du vaccin AstraZenica, et si jamais on décidait de le retirer des circuits,
même temporairement, les campagnes de vaccination en subiraient un sacré coup
dans plusieurs pays. En Afrique du Nord la situation reste maîtrisable, en
raison de la diversification des commandes, opérées auprès de différends laboratoires, dont le laboratoire Serum institute of India, qui fabrique sous licence le vaccin AstraZeneca. L'Algérie, le Maroc et la Tunisie ont le temps
de voir venir les évènements sans subir dans l'immédiat les effets de cette
crise autour du vaccin AstraZenica sur les campagnes
de vaccination en cours. Mais de nombreux autres pays africains, qui doivent se
fournir presque exclusivement en vaccin AstraZenica
auprès du laboratoire Serum institute
of India, probablement à cause de ses prix
abordables, n'ont pas la même détente. Tous les pays inscrits à l'initiative Covax, un programme de l'Organisation mondiale de la santé
(OMS), qui vise à garantir un partage équitable des vaccins entre tous les
pays, prévoyant de distribuer environ deux milliards de doses de vaccins
Covid-19 dans le monde d'ici la fin de l'année, ne sont pas à la bonne loge,
notamment ceux qui n'attendent que ces vaccins, de la marque AstraZeneca, produit par les laboratoires britannique,
indien et sud-coréen. Le Ghana, qui reçu le 24
février dernier un lot de 600 000 doses du vaccin mis au point par AstraZeneca et l'université d'Oxford, est le premier pays à
recevoir des vaccins contre les coronavirus grâce à l'initiative Covax. D'autres pays, presque toute l'Afrique, attendent
encore les premiers lots du même vaccin à partir de ce mois de mars. Et, on ne
semble pas prêter attention à la vague de critiques qui touche les vaccins en
question. Hormis l'Afrique du Sud qui a suspendu l'AstraZeneca,
non pas à cause de ses mauvais effets secondaires, mais en raison de son
inefficacité contre le variant sud-africain du Covid-19, aucun autre pays n'est
prêt à mettre les freins à la campagne de vaccination à l'aide de l'unique
vaccin sur le marché, en l'occurrence l'AstraZeneca.
Bien sûr, on attend encore le rapport final de l'Agence européenne du
médicament, qui dira son dernier mot sur le sujet ce jeudi 18 mars, mais quel
que soit son verdict, qui n'est pas loin de cautionner l'utilisation ce vaccin,
considérant que « ses bienfaits continuent de dépasser les risques », l'AstraZeneca ne fait plus bonne
audience auprès des gens. Et, il serait très difficile de le faire accepter par
les individus même si les Etats européens autorisent son utilisation. Et les
africains ? C'est l'AstraZeneca ou rien.