Le bilan
2020 des accidents de la route, révélé la semaine écoulée par la Délégation
nationale à la sécurité routière (DNSR), a atteint un niveau historiquement
bas. Le nombre d'accidents de la route enregistrés en 2020 (18.949) est le plus
bas depuis un demi-siècle (1970) et le nombre de morts (2.844) est le plus bas
depuis 45 ans (1975), selon la même source. Que de bonnes nouvelles sur le
front des routes. Enfin, presque, car les décès tragiques restent quand même
très élevés (avec une différence de 431 morts de moins qu'en 2019), ainsi que
les blessés qui se comptent toujours en milliers (25.836 blessés contre 31.010
blessés en 2019). Certes, la baisse est historique, mais on n'est pas autant
sorti de l'hécatombe. Que veulent dire ces chiffres en réalité ? Pourrait-on
espérer à l'avenir une baisse continue de la courbe des accidents de la route
et des deuils causés aux familles ou ces statistiques ne sont-elles que
trompeurs, temporairement ? Certains tenteraient de tirer les dividendes de ces
reculs historiques, considérant que les résultats «encourageants» en matière de
sécurité routière en 2020 sont les résultats des efforts considérables et permanents
de tous les acteurs, services de sécurité et associations notamment, à travers
la multiplication des campagnes de sensibilisation aux risques des accidents de
la route. Autant dire qu'on a de la sorte réussi à rendre les automobilistes
plus conscients quant aux dangers qui les guettent sur les routes, les amenant
à respecter sérieusement le code de la route. Est-ce vrai ? Pas vraiment quand
on regarde de près les causes réelles qui ont conduit à cette baisse historique
de la courbe des accidents et des décès tragiques. S'il n'y avait pas ces
campagnes de sensibilisation des usagers de la route et, surtout, le laborieux
travail accompli par les services de sécurité, on subirait un véritable
désastre national, mais il faut bien croire que ni ces opérations de
sensibilisation, ni la veille sécuritaire et encore moins le durcissement de la
réglementation routière ne sont arrivés à venir à bout de l'hécatombe routière.
La cause du caractère singulier de cette baisse des accidents de la route,
ainsi que des morts et blessés, n'est-il pas à chercher ailleurs ? Le contexte
de crise sanitaire qui a entraîné des mesures de restrictions de déplacements a
eu des effets très conséquents sur la réduction du trafic routier, qui se
trouve être en relation directe avec cette baisse historique de la mortalité
routière. Preuve en est, ces statistiques reflétant la nette diminution des
accidents de la route ne sont pas uniquement le propre de l'Algérie. Car,
pratiquement tous les pays révèlent, en 2020, des courbes nettement
décroissantes en matière d'accidents et de morts tragiques sur les routes.
C'est l'un des rares bienfaits du confinement, à côté de la baisse du trafic
transfrontalier, lié également à la chute du flux des voyageurs entraînée par
la fermeture des frontières. D'ailleurs, si on scrute bien les chiffres des
accidents de la route, on découvrira qu'ils sont à leur plus bas niveau durant
le confinement dans ses premiers mois, mars et avril 2020 notamment, où l'arrêt
des transports a réduit la circulation des personnes entre les wilayas à sa
plus simple expression. Aussi, pour bien souligner la corrélation entre crise
sanitaire et réduction des accidents de la route, il y a présentement le triste
constat d'un réveil de la courbe, allant avec le déconfinement
et la reprise du trafic routier.