Le lourd et ombrageux dossier de la fonction publique a-t-il, enfin, trouvé des bras qui ne s'encombreraient pas
de l'ouvrir et disséquer ses textes en vue d'enlever toute opacité qui les enveloppe
? C'est l'une des plus dures missions à laquelle s'attaque le Conseil national
économique, social et environnemental (CNESE), en l'occurrence l'ouverture du
dossier de la fonction publique, avec projection de lui imprégner des
transformations capables de lui donner un visage plus transparent. Le CNESE
cherche apparemment à bâtir une véritable fonction publique. Conscient de la
difficulté de la tâche, le président du CNESE, Reda
Tir, a relevé, lors de son passage à une récente émission Forum de la Radio,
l'existence «d'une résistance au changement» au niveau des administrations
publiques qui devront faire l'objet d'un «profond changement» de mentalités, en
sus de l'ouverture du dossier de la fonction publique de manière pacifique en
mettant en place des procédures transparentes. La résistance au changement
pourrait avoir des ascendants politiques et réglementaires, d'où la nécessité
d'engager une réforme du statut général de la fonction publique, en tant
qu'élément central dans la réforme de l'Etat, devant toucher immanquablement la
qualité des administrations publiques et des systèmes de gouvernance. Mais
comment faire avec l'autre paramètre de l'influence politique qui pèse sur la
fonction publique ? Le changement du personnel politique envisagé à travers les
prochaines élections à l'ombre d'un nouveau code des élections pourrait
provoquer un déclic sur ce plan, mais il faut certainement plus pour
dépolitiser une administration qui a su s'adapter à tous les systèmes, voire
les apprivoiser carrément et d'une manière machiavélique, bien sûr, par moments
de l'histoire du pays. A l'occasion de cette intervention publique, le
président du CNESE a exposé les grandes lignes des dossiers qui focalisent les
attentions. Non sans témoigner que «le Conseil jouit de l'autonomie pour la
première fois depuis les années 90", et que cet organe «n'existe pas pour
consacrer des pratiques politiques ou politiser des chiffres économiques». La
vérité sans complaisance ? Le CNESE, qui finalise dans ce sens un diagnostic
d'alerte de la situation qui prévaut dans le pays, ne se cache pas de jouer à
l'avenir un fort rôle de médiation entre les entreprises économiques et le
gouvernement, de même que d'apporter sa contribution au règlement des
contentieux socioéconomiques des citoyens et la création d'espaces de
concertation regroupant les différentes catégories sociales, économiques et
syndicales.
Le CNESE ne manque pas également de mettre le doigt sur une
autre plaie qui a toujours défiguré les enquêtes sociales, à savoir le système
statistique national, jugé obsolète et qu'il faut impérativement réformer. Sans
des statistiques fiables, aucune action du gouvernement n'aurait l'impact
recherché. Franchement, un travail laborieux que celui auquel s'attelle le
CNESE. Et on y va avec détermination et à pleins gaz, ça passe ou ça casse !