Alors
qu'aucun média n'a été officiellement destinataire du nouveau projet de loi
électorale, dont les contours n'ont pas été entièrement achevés, les plateaux
de télévisions privées foisonnent, déjà, de débats impliquant des cadres de
certains partis politiques tout éberlués de se trouver à discuter dans le fond
d'articles de loi non reconnus publiquement par les autorités compétentes. Le
texte du projet de loi électorale, presque ficelé par la commission Laraba suite à une instruction du président de la
République, n'a été envoyé qu'hier aux partis politiques, directement concernés
par sa portée, et pour les besoins d'un enrichissement du texte initial, mais
il se trouvait du domaine public bien avant sans qu'une quelconque partie ne
soit en mesure de déterminer avec exactitude son origine.
On sait
seulement que les autorités sont restées silencieuses, une position qui
pourrait être interprétée comme une confirmation tacite quant à l'authenticité
du texte «fuité», contrairement à la contrariété suscitée par la fuite, au mois
d'avril dernier, de la mouture de l'avant-projet d'amendement de la
Constitution. Pour mémoire, la mise en circulation d'une mouture du projet
d'amendement de la Constitution relayée sur les réseaux sociaux a fait réagir
la Présidence, qui a précisé que la mouture en question «n'a aucun lien avec le
projet remis par la Commission d'experts». Allant jusqu'à prévenir que toute
information relayée sur l'amendement constitutionnel n'engage que ses auteurs,
qui seront « poursuivis en justice », d'autant que « cette mouture falsifiée
comporte une atteinte éhontée à certaines constantes de la Nation et à son
identité », a-t-on précisé. Peut-on conclure présentement que le texte du
nouveau projet de loi électorale en circulation ne comporte aucune
falsification, confortant de ce fait les visées des autorités qui
l'utiliseraient comme un ballon-sonde ou autre moyen d'occuper la classe
politique et la scène médiatique ? Une manière pour les autorités d'avoir du
recul, en cas de pépin, de sortir le parapluie et soutenir que le texte en
circulation n'a aucun lien avec le projet remis par la commission des experts ?
Ainsi, le débat réel et sérieux autour des articles de ce projet ne peut
s'enclencher sur la base d'articles avec des pointillés entre deux phrases,
inachevés, et qui plus est ne se reconnaît aucune paternité. Même si des médias
ne ratent pas la moindre planche pour créer l'évènement, les autorités se
doivent d'intervenir par souci de préserver la vérité et éviter le faux débat
porteur de division, d'influence nuisible sur l'opinion et par extension de
démobilisation des électeurs et des acteurs politiques. La décantation est,
donc, attendue dans les prochains jours, après mûres réflexions des partis
politiques qui se penchent à peine sur une lecture critique de ce nouveau
projet de loi électorale.