Y a-t-il volte-face du
gouvernement concernant les frais de rapatriement des Algériens décédés à
l'étranger ? Décidément, le dossier hautement humanitaire des ressortissants
qui rendent leur dernier souffle, dans un pays étranger, n'a pas encore connu
une paisible conclusion. On croyait qu'au mois de juin dernier les choses
étaient tirées au clair, et que la promesse du président de la République est devenue
réalité avec la création d'un Fonds de solidarité pour les ressortissants
algériens décédés à l'étranger, selon l'article 92 de la Loi de finances
complémentaire (LFC) 2020, destiné à la prise en charge des frais de
rapatriement des corps de ressortissants algériens décédés à l'étranger, mais
il semble que des zones d'ombre persistent sur ce plan. C'est à travers la
sortie du député représentant la Communauté établie à l'étranger, Samir Chaabna, qu'on apprend que nos ressortissants ont lancé un
appel pour demander l'annulation de la condition de précarité pour pouvoir
bénéficier de cette aide. Il faut rappeler que dès la publication de la LFC
2020, instituant l'ouverture, dans les écritures du Trésor public, d'un compte
d'affectation spéciale n° 302-144, cette question concernant « qui ouvre droit
au bénéfice de la prise en charge des frais de transport des dépouilles
mortelles ? » était posée, et il a fallu faire suivre des explications à ce
propos par les consulats. Apparemment, sans trop lever l'équivoque ou sans
faire admettre à la Communauté algérienne établie à l'étranger cette
conditionnalité de la situation précaire pour avoir accès à cette couverture
par l'Etat des frais de rapatriement des dépouilles mortelles. Les consulats
ont bien tenté, près de cinq mois après l'entrée en vigueur de la LFC 2020,
d'informer les ressortissants algériens que la procédure de rapatriement des
dépouilles mortelles n'est engagée qu' « en cas de décès d'un Algérien non
assuré, et si sa famille justifie d'une situation de précarité », et que les
Algériens qui ont souscrit à une « assurance obsèques » sont pris en charge par
leur compagnie d'assurance, lorsqu'ils décèdent, mais on ne veut rien entendre.
La vieille revendication revient au plan des préoccupations, sous une nouvelle
forme qui ne veut aucune exclusion ou différenciation entre les morts, « à
rapatrier aux frais de l'Etat qu'ils soient assurés ou non de leur vivant, et
que leurs familles soient riches ou pauvres ». Est-ce raisonnable d'en aller à
cette exigence ? Celui qui a les moyens pour rapatrier un proche décédé peut-il
venir solliciter l'aide de l'Etat, au même titre que celui qui ne peut assurer
la couverture des frais de transport de la dépouille mortelle ? Bien sûr, ce ne
sont pas les familles aisées qui revendiquent la levée de cette condition de la
précarité pour être éligible à la prise en charge des frais en question par
l'Etat, mais bien ceux qui ouvrent droit à cette aide, eux-mêmes. Ces derniers
font valoir le fait que la constitution d'un dossier prouvant la condition
précaire de la famille du défunt prend un temps considérable et retarde en
conséquence le rapatriement des corps et l'enterrement sur le sol algérien.
L'Etat également lève les mains au ciel pour montrer l'obligation d'un recours
à cette procédure. Car, par manque de bonne moralité ou d'esprit de
bienfaisance, les Algériens formulent, presque tous, cette demande auprès des
consulats. Apporter, donc, la preuve de la précarité de la famille du proche
décédé à l'étranger est une question pratique indispensable, pour ne pas
alourdir la charge sur le Fonds de solidarité. N'est-ce pas que la solidarité
ne devrait aller qu'aux nécessiteux ?