Le consommateur algérien ressentait
depuis le mois d'octobre dernier une hausse des produits de large consommation,
partout dans le pays et sur tous les marchés à travers le territoire national.
Conséquence de la crise sanitaire ou pas, les Algériens subissent de plein
fouet une dégradation continuelle de leur pouvoir d'achat. Intervenant hier au
Forum d'Echaab, le président de l'Association
algérienne de protection et d'orientation du consommateur et de son
environnement (Apoce), Mustapha Zebdi,
a mis en garde contre la « dégradation du pouvoir d'achat des Algériens,
surtout avec ce rythme de hausse des prix des produits de large consommation »,
a-t-il prévenu. « Le pire peut arriver si l'Etat
n'adopte pas rapidement des mécanismes pour réguler les prix et assurer leur
contrôle sur le terrain de la réalité », a-t-il
encore indiqué, citant l'exemple du marché de gros de « Semmar
» à Alger, qui connaît une «anarchie totale loin de tout de contrôle», a-t-il dit, allant jusqu'à le qualifier de « véritable
cartel de la spéculation ». « La hausse des prix a commencé à se faire
ressentir dès la fin de l'année 2020 et continue à prendre une courbe
ascendante », a expliqué Mustapha Zebdi, niant que
les « nouvelles taxes imposées par la loi de finances 2021 soient à l'origine
de cette flambée des prix, puisque aucune nouvelle taxe n'a touché les
carburants », a-t-il souligné. La hausse des prix qui
a touché tous les secteurs a atteint « jusqu'à 40% d'augmentation pour les
pâtes, de 2 à 7% pour les viandes, 40% pour l'acier, de 20 à 40% pour le
matériel informatique et de 10 à 15% pour le lait et ses produits dérivés », a
révélé le président de l'Apoce. Plaidant pour des
mesures d'encouragement en faveur de la production nationale « qui ne peut pas
être impactée par les fluctuations de la valeur du dinar » selon lui, l'invité du
Forum d?Echaab a encore révélé que « 70% des calories
que consomment les Algériens sont importées, ce qui accentue l'insécurité
alimentaire », a-t-il alerté. « Continuer à importer
les produits de première nécessité, conjugué à la dégringolade du dinar, vont
contribuer à compliquer la situation davantage », a-t-il
affirmé, appelant à « soutenir les catégories fragiles de la société et non les
produits eux-mêmes, et veiller à établir au plus tôt un fichier national pour
les personnes nécessiteuses ». Pour sa part, Ali Hamani,
président de l'Association des producteurs algériens de boissons (APAB), a jugé
que « la fuite des responsabilités et les accusations que se lancent les uns et
les autres ne permettent pas de trouver des solutions rationnelles au phénomène
de la hausse vertigineuse des prix », a-t-il affirmé.
Attribuant la hausse des prix à
l'anarchie qui règne dans les marchés en matière de respect des marges, Ali Hamani a déclaré que son association a réclamé une baisse
de 5% des taxes sur les produits de première nécessité, «mais notre doléance
n'a pas été prise en compte par les pouvoirs publics», a-t-il
déploré. Rappelant les mesures prises par le président Tebboune
en faveur de la préservation du pouvoir d'achat du citoyen, les catégories
nécessiteuses en particulier, le président de l'APAB a révélé que «nous avons
saisi le Premier ministre pour réclamer une révision des taxes contenues dans
la loi de finances 2021, pour protéger le consommateur, surtout pour les eaux
minérales dont la consommation connaît un bond remarquable depuis le début de
la pandémie du Covid-19 », a-t-il affirmé.