A la faveur de la crise
sanitaire, les marchés illicites de fruits et de légumes poussent comme des
champignons, à travers les artères des communes côtières de la daïra de Aïn El Turck.
Ce phénomène a été constaté depuis le début de la pandémie après la fermeture
des marchés, il ya plus de sept mois. Dans la commune
de Aïn El Turck, des artères entières ont été squattées par des
dizaines de marchands ambulants qui, au fil des mois, se sont carrément
installés en érigeant des baraques. C'est le cas sur la rue du Maghreb (Zitoune), a douar ?Naquousse', à Bouisseville, etc... Le même phénomène est perceptible dans
les communes de Bousfer et ers El Kebir.
Ainsi et au fil des jours, l'informel s'est approprié, sournoisement s,
trottoirs, voies et places publiques dans le chef-lieu, à l'instar des trois autres
municipalités que compte la daïra côtière d'Aïn El Turck. En effet, sans avoir l'air d'y toucher, l'illicite a
fait main-basse sur presque tous les espaces publics de la municipalité de Aïn El Turck, notamment les
abords immédiats du marché communal. Pendant que le regard inquisiteur veille à
la stricte application des mesures de protection pour lutter contre la pandémie
de Covid-19, l'informel poursuit, entre temps, lentement mais sûrement, son
bonhomme de chemin, sans se soucier de la jaspinerie
du piéton et /ou de l'automobiliste. «L'ironie du sort offre l'opportunité à
ces revendeurs, de justifier leur écorne à travers le fait qu'ils s'échinent à
longueur d'année pour tenter de nourrir leur famille et tenter, un tant soit
peu, de surmonter l'opprobre dans lequel ils se débattent, à huit clos. Ils
sont finalement beaucoup plus à plaindre qu'à blâmer» a philosophé un riverain
de la rue de la ?Vieille mosquée', qui longe l'entée-sud dudit marché. «On s'en
tamponne civilement le coquillard au sujet de notre sordide situation qui
gravite autour de pas de logement, pas de travail et pas de couverture sociale.
Il faut bien que je nourrisse ma famille et il faut bien aussi que j'achète des
articles scolaires à mes enfants», s'est insurgé d'un ton laborieusement
sarcastique un revendeur de fruits et légumes. Toujours est-il que, le
comportement frisant la carabinade ne décharge nullement ces contrevenants
tributaires du salaire de misère que rapporte l'emploi précaire ou autres
activités informelles. «En temps normal, les gens bricolent comme ils peuvent
pour survivre. Mais il suffit d'un tremblement pour que tout s'effondre et que
les revenus s'évaporent. Le coronavirus n'a pas inventé la précarité, mais il
l'a grandement accrue» a commenté avec une pointe dépit non dissimulée, un père
de famille, locataire d'un logement précaire dans le village de Cap Falcon,
avant de renchérir «les problèmes ne vont pas s'arrêter avec le déconfinement. Les familles vont encore manger beaucoup de
pain rassis, tous les emplois ne vont pas reprendre de sitôt. Les pauvres n'ont
aucune réserve pour faire face à une crise ayant tendance à durer encore. Les
maigres ressources du foyer se sont taries et les dépenses ont augmenté». Selon
les témoignages recueillis par ?Le Quotidien d'Oran' auprès des familles
démunies de la municipalité de Aïn El Turck, auxquelles appartient la majorité des contrevenants,
qui se débattent dans la versatilité des lendemains, les frais d'alimentation,
le loyer et les charges sont devenues insurmontables, en cette période de crise
sanitaire. «Nous faisons appel à la débrouille, une équation aux mille
inconnues, qui multiplie l'incertitude dans laquelle nous tentons de subsister
à ce chômage forcé. Pour nous autres, chaque crise n'est qu'une grosse vague de
plus. Si nous nous ne lavons pas les mains
régulièrement, c'est tout bonnement faute d'avoir l'eau courante à la maison»
ont fait remarquer avec une humeur bilieuse des revendeurs à la sauvette du
marché aux puces, jouxtant l'ex- ?souk el fellah' de ladite municipalité, qui
défendent farouchement l'activité informelle.