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L'année 2020 a été marquée, sans
conteste, par un fait politico-sanitaire important en ce qui est l'absence du
président de la République du pays depuis deux longs mois.
Le transfert, le 28 octobre dernier, de Abdelmadjid Tebboune vers un hôpital en Allemagne pour subir «des examens médicaux approfondis» reste incontestablement le fait politique le plus saillant de l'année qui s'achève. Un retour sur les faits marquant le premier mois de l'année 2020 laisse apparaître que le candidat heureux de l'élection du 12 décembre 2019 ne l'a pas tant été puisque à part son intronisation au palais d'El Mouradia, il a été obligé, à peine deux mois après, de mettre toute son énergie au service de la lutte contre la pandémie du COVID-19 et par là l'ensemble des secteurs d'activités pour éviter des blocages au pays. Une pandémie qui a pris de cours le monde entier mais a ajouté à l'Algérie un retard considérable dans la réalisation et la mise en œuvre de l'agenda politique de son président de la République fraîchement élu. Soumis pourtant à une surveillance permanente et à des mesures de prévention draconiennes, Tebboune a été atteint du coronavirus selon un communiqué officiel de la présidence qui n'a donné aucune autre précision sur son état de santé. Son annulation du Conseil des ministres qu'il devait présider, son confinement «volontaire» de 5 jours «sur recommandation de ses médecins» et ce, à partir du samedi 24 octobre, son transfert en urgence vers un hôpital allemand, le mercredi 28 octobre en passant par son évacuation, la veille (mardi 27 octobre) à l'hôpital militaire de Aïn Naadja, prouvent que le président était bien malade et souffrait, selon toute vraisemblance, de maux que les médecins algériens ne pouvaient pas traiter ou n'avaient pas les moyens matériels appropriés pour le faire. Il est vrai que tous les systèmes de santé sont mis à rude épreuve pour trouver les bonnes solutions de lutte contre une pandémie qui a commencé par toucher les pays les plus puissants. Cette incompétence qui menace le pays Mais au-delà des discours pompeux et populistes des autorités politiques du pays, le secteur de la Santé peine à ce jour à suivre une ligne directrice rassurante que ce soit en matière de soins ou de prise en charge des contaminés et des sujets à risque et aussi en matière de prévention au regard de la cherté notamment des moyens de dépistage. Moyens qui devaient être gratuits pour obliger, au moins, les populations démunies à en bénéficier. Ce qui aurait freiné quelque peu le fatalisme ambiant qui rend inopérants les protocoles sanitaires édictés. Le dernier tweet de Tebboune instruisant le Comité de suivi de la pandémie de ramener, au plus vite, le vaccin et de lancer la campagne de vaccination dès janvier, est venu remettre beaucoup de choses en question. Il faut d'ailleurs avouer que les Algériens peinent à ce jour à trouver les médicaments qui puissent renforcer leur immunité et les protéger contre le coronavirus. Des pénuries ont commencé à pointer depuis les premiers mois de la pandémie au grand dam du ministre de l'Industrie pharmaceutique qui a démenti ce qui se dit à ce sujet. Il est terrible de s'ériger en gouvernant politique compétent lorsque la réalité du terrain en dément le discours. Il n'est d'ailleurs pas le seul à verser dans des contre-vérités flagrantes. Ses consœurs et confrères ont tous, à différents degrés, tenté de contredire par le verbe ou le geste la triste réalité d'un pays qui cherche sa voie en tout point de vue. Il est possible de leur trouver des circonstances atténuantes, du moins une, à savoir que la nomination du gouvernement Djerad a pratiquement coïncidé avec l'apparition de la pandémie et qu'il lui a fallu inventer des stratégies de lutte d'urgence, à tous les niveaux, pour tenter d'en alléger les terribles conséquences aux plans politique, sanitaire, économique, social et même culturel. A l'instar de ceux du reste du monde, tous ces domaines en pâtissent puisque dès l'apparition des premiers cas, l'ensemble de leurs acteurs et animateurs ont été tenus de marquer des pauses qui ont lourdement impacté leur rendement. A ces situations accablantes, s'ajoute l'entêtement de la plupart des ministres à tenir des discours qui frôlent l'absurde tant ils dénotent des envolées de suffisance et d'arrivisme dans une conjoncture qui oblige grandement à la raison et au sérieux. Bien loin des élucubrations d'une ministre de la Culture qui considère que «la femme algérienne qui ne sait pas rouler le couscous est une menace pour sa famille» de la ministre de la Culture. Sorti ou pas de son contexte, le propos est la pire des menaces d'incompétence pour le pays. Les déboires d'une Algérie sans président En parallèle de ces aberrations, le plus dur est que l'Algérie sans président de la République s'est vue éjecter du processus de négociation pour le règlement de la crise libyenne, s'est retrouvée encerclée par des guerres, la toute dernière celle qui oppose depuis quelques semaines le Front Polisario à l'armée royale du Maroc. Elle a perdu sa verve diplomatique qui a toujours affirmé et renforcé son soutien à la cause palestinienne et à la question sahraouie. Elle semble perdre pied devant ce rapprochement des pays arabes «frères» de l'entité sioniste. Elle se retrouve pratiquement esseulée devant l'acharnement de gouvernants arabes à protéger leur trône et leurs intérêts par n'importe quel moyen y compris par leur allégeance à un président américain sortant pour avoir été vaincu lors des élections du 30 novembre dernier. L'Algérie est aussi programmée pour vivre «des batailles de procédures féroces» pour reprendre Me Ksentini, après l'annulation par la Cour suprême des condamnations du tribunal militaire contre Toufik, Tartag, Hanoune et Said Bouteflika. Le retour au pays libre de «tout engagement judiciaire» du général à la retraite et ancien ministre de la Défense, Khaled Nezzar en a montré quelque peu la teneur. Plus que 72 heures et 2020 s'en ira - espérons-le vivement- avec son lot de mauvaises surprises que ce soit du point de vue sanitaire, politique, géopolitique et militaire. A l'heure où nous mettons sous presse, une rumeur pressante fait part du retour imminent (hier) de l'étranger du président de la République. Le 13 novembre dernier, il avait promis aux Algériens qu'il allait rentrer «dans deux ou trois semaines si Dieu le veut». A ceux qui se sont étonné de l'absence de jalonnement par les services de Sécurité, tout au long du trajet menant de l'aéroport international à son domicile, des observateurs ont soutenu que son avion allait atterrir à l'aéroport militaire de Boufarik et ce «pour éviter les regards indiscrets». Pas de communiqué officiel, pas de déclaration de ses conseillers encore moins de son gouvernement. L'Algérie attend son retour pour pouvoir voir clair dans la gestion des affaires de l'Etat dont les responsables du premier rang, ont failli à leur devoir de communiquer clairement sur son état de santé. Le président doit aussi être là avant jeudi pour, en premier, signer la Loi de finances dans les délais requis. La rumeur persistante d'un retour imminent Quelle que soit la portée de la rumeur, l'ancien chef de cabinet d'Ahmed Ouyahia alors 1er ministre, a bien voulu nous éclairer sur la légalité de cette question de signature. Rompu à l'application des lois et règlements de la République, Chaâbane Zerrouk note, en effet, que «d'aucuns s'interrogent légitimement sur le sort du projet de la Loi de finances voté par le Parlement et non encore promulgué par le président de la République. Et peut-être qu'il ne le sera pas avant le 31 décembre 2020» pour affirmer que «d'abord, il est loisible pour le président de la République de le signer tout en étant à l'étranger à charge d'indiquer le lieu de signature et de le publier au Journal Officiel, avec ces indications de temps et de lieu». Il signale au passage, que «des anomalies grossières -voire des faux- ont été commises du temps où le Président Bouteflika était hospitalisé à Paris et des textes (lois et décrets) ont été publiés au Journal Officiel avec l'indication (fait à Alger..)». Ensuite, nous apprend-il, «le président peut signer et promulguer la Loi de finances (budget et dispositions légales comportant des droits et obligations) bien au-delà du 31/12/2020 à la condition de ne pas faire rétroagir les dispositions relatives aux obligations». Enfin, note-il, «à la limite, il peut pousser la signature de la Loi de finances jusqu'à la fin du 1er trimestre 2021 car l'exécution du budget, à proprement parler, ne commence au niveau du Trésor qu'à la fin-mars de chaque année». L'ancien chef de cabinet avoue que «honnêtement et franchement, la Loi de finances en tant qu'instrument d'exécution des politiques publiques, n'a pas beaucoup de sens chez nous, dans la mesure où les pouvoirs publics font peu de cas d'espèce de la loi de règlement budgétaire supposée être le mécanisme approprié pour le Parlement pour demander des redditions de comptes au gouvernement quant à l'exécution de la loi en question». Il conclut alors que «chez nous, c'est une formalité superfétatoire». La promulgation par décret présidentiel de la nouvelle Constitution ne presse pas non plus. «Aucun délai n'est fixé par aucune loi pour que le président le fasse», dit-il. |
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