|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Le président de
la Société algérienne d'épidémiologie psychiatrique et chef de service de
psychiatrie à l'hôpital Mustapha Bacha, Pr Mohamed Tayeb
Ben Othman, s'est dit « choqué » de l'information faisant état de la
reconversion de certains hôpitaux psychiatriques en structures hospitalières
générales. Le ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière, Abderrahmane Benbouzid, a affirmé sur les ondes de la Radio algérienne,
jeudi dernier, que son département a décidé de garder seulement 20% du parc
hospitalier spécialisé en psychiatrie et que le reste des services qui prennent
en charge les maladies mentales seront convertis pour les besoins des patients
pour d'autres spécialités.
Pour le Pr Ben Othman, « théoriquement, cette décision est inacceptable ». Il dira avec réserve « qu'il faut prendre cette information avec des pincettes, car je crois qu'il y a eu une mauvaise interprétation ou une mauvaise lecture des déclarations du ministre ». Il précise que jusqu'à l'heure actuelle la Société algérienne d'épidémiologie psychiatrique n'a eu aucune information sur cette question. Il a tenu à souligner que si l'information sur le fait de consacrer 20% seulement des structures hospitalières aux maladies psychiatriques se confirme, « les membres de la corporation vont se regrouper pour exiger des explications sur cette soi-disant décision ». Le Pr a affirmé que les psychiatres vont faire une demande d'audience auprès du ministre pour comprendre d'abord le bien-fondé de cette information, pour réagir ensuite en fonction des précisions du département de Benbouzid. Il est question de savoir est-ce que réellement les autorités sanitaires ont décidé de réserver que 20 % du parc hospitalier aux services de psychiatrie. Et est-ce que cette décision est temporaire, c'est-à-dire qu'elle sera prise dans le cadre de la prise en charge des personnes infectées du Covid -19, en cas de recrudescence de la pandémie ? Pour le Pr Ben Othman, à l'heure actuelle les services de psychiatrie ne sont pas saturés car les personnes qui souffrent de troubles psychiques et psychiatriques consultent beaucoup moins en cette période d'épidémie du coronavirus. Mais tout porte à croire que le retour des consultations dans les services psychiatriques va se faire. Les conséquences psychiatriques de la pandémie qui perdure sont devant nous, selon les professionnels de la santé mentale. D'ailleurs l'Organisation mondiale de la santé (l'OMS) a déjà mis en garde contre « l'impact » du Covid-19 sur l'état psychique des personnes. Selon les professionnels de la santé, la 3ème et la 4ème vagues du coronavirus seront psychiatriques. Les besoins de prise charge des personnes souffrant de troubles psychiques vont automatiquement augmenter dans les mois ou les années à venir. La crise sanitaire, la crise économique, l'incertitude et le spectre du reconfinement pèsent sur le psychique des personnes. Sans parler de l'infection du Covid, elle-même, qui pourrait engendrer des séquelles psychiques, selon les spécialistes. |
|