Le procureur général près la
Cour d'Alger a requis jeudi des peines
allant de 10 à 18 ans de prison ferme, assorties d'une amende de 8 millions de
dinars avec la saisie des biens à l'encontre des frères Kouninef
et Keddour Ben Tahar, gérant du groupe KouGC, poursuivis notamment pour «trafic d'influence»,
«blanchiment d'argent» et «obtention d'indus avantages». Une peine de 18 ans de
prison ferme assortie d'une amende de 8 millions de dinars a été requise à
l'encontre de Redha Kouninef.
Une peine de 15 ans de prison ferme, assortie d'une amende de 8 millions de
dinars, a été requise contre Karim-Abdelkader et Tarek-Noah Kouninef,
alors qu'une peine de 10 ans de prison ferme assortie d'une amende de 8
millions de dinars a été requise contre Keddour Ben
Tahar. Pour rappel, Rédha, Karim-Abdelkader et
Tarek-Noah Kouninef ainsi que le gérant du groupe KouGC, Keddour Ben Tahar, dont
les trois frères sont propriétaires, sont jugés pour plusieurs chefs
d'inculpation dont «trafic d'influence», «blanchiment d'argent», «obtention
d'indus avantages», « détournement de fonciers et de concessions» et
«non-respect des engagements contractuels dans la réalisation de projets
publics». Plusieurs responsables d'entreprises impliqués dans l'affaire des
frères Kouninef, poursuivis notamment pour trafic
d'influence, blanchiment d'argent et obtention d'indus avantages, ont été
auditionnés dans le cadre du procès en appel qui s'est poursuivi, jeudi, à la
cour d'Alger. Le premier accusé dans l'affaire à passer à la
barre, Kaddour Ben Tahar, gérant du groupe Kou-GC, une propriété des frères Kouninef,
a nié en bloc toutes les accusations portées à son encontre, affirmant qu'il
était certes le signataire du chéquier de l'entreprise, mais «pas l'ordonnateur
quand il s'agit de sommes importantes», dans sa réponse à une question relative
à un retrait, en 2014, du compte de l'entreprise qui a été destiné à
l'investissement, effectué par Rédha Kouninef pour financer la campagne électorale de l'ancien
président Abdelaziz Bouteflika.
L'ancien gérant de Kou-GC, en répondant aux questions du juge et du procureur
de la République, a dit ne pas avoir des informations de l'ensemble des
entreprises filiales du groupe, car «des responsables ont été désignés pour les
gérer», a-t-il argué. Il a affirmé qu'il «n'a jamais
eu l'information du partage des dividendes par les propriétaires du groupe»,
signalant, toutefois, que le bénéfice généré par le groupe a été «réinvesti» et
destiné à «apurer les contentieux». Aux questions des magistrats sur le montant
du chiffre d'affaires et le bénéfice du groupe, l'accusé a répondu qu'il
«ignorait tout» et n'avoir «jamais pensé à récolter les chiffres». L'ancien
directeur général du port d'Alger, Abdelaziz Guerrah,
a pour sa part déclaré devant le juge, lors de la deuxième journée du procès en
appel de l'affaire des frères Kouninef, que la
décision de la concession au profit de l'entreprise Cogral,
filiale du groupe Kou-GC, d'un terrain de 7.000 m2, a
été prise par le ministère des Transports d'alors, niant par-là même avoir
rencontré les responsables du groupe Kou-GC. Pour
l'ancienne directrice générale de l'Agence nationale d'intermédiation et de
régulation foncière (Aniref), accusée, elle aussi,
dans la même affaire, toutes «les procédures ont été respectées» concernant
l'attribution des terrains industriels à Aïn Oussara, wilaya de Djelfa, et à Ksar El Boukhari,
dans la wilaya de Médéa, pour le groupe Kou-GC.
L'accusée a affirmé que le cahier des charges concernant ces deux projets a été
élaboré par le ministère de tutelle.»Nous étions des
exécutants. C'est le ministère qui décide de tout», a-t-elle répondu à la
question du juge. Mercredi, à la première journée du procès en appel, Rédha Kouninef, l'un des
principaux accusé dans cette affaire, avait nié toutes les charges retenues
contre lui, affirmant tous les marchés ont été obtenus dans un «cadre légal».
Pour rappel, les frères Kouninef ont été condamnés
par le tribunal de première instance à des peines allant de 12 à 20 ans de
prison ferme, avec saisie de leurs biens à l'intérieur et à l'extérieur du
pays, ainsi qu'une amende de 8 millions de dinars chacun. Quant à leur sœur, Souad
Kouninef, en fuite à l'étranger, elle a été condamnée
à 20 ans de prison par contumace, avec saisie des biens et une amende de 8
millions de dinars. Un mandat d'arrêt international a été émis à son encontre.