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Le volet humain

par Abdelkrim Zerzouri

La problématique des migrants clandestins en Algérie, qui se posait avec acuité, ces cinq dernières années, a empiré depuis la déclaration de la pandémie de Covid-19. Le passage d'un pays de transit à un pays d'installation des migrants clandestins, à cause de la fermeture des frontières européennes et des difficultés à rejoindre la rive sud de la Méditerranée, ce dossier sensible fait planer de nouvelles menaces en Algérie. On craindrait même une menace sur la sécurité nationale si les réseaux criminels réussissent à s'organiser dans le sillage des flux incontrôlables des migrants clandestins. Et, à ce point, ce n'est pas seulement l'exploitation des enfants dans la mendicité qui ferait figure d'une menace à combattre.

D'autres activités criminelles plus dangereuses peuvent apparaître dans ce contexte, dont le trafic de drogue et le risque d'infiltration d'éléments terroristes, qui exploitent ces routes de traverses illégales pour s'introduire dans le pays et planifier des attentats. En somme, l'immigration clandestine ouvre réellement une insondable voie à tous les trafics et tous les crimes. Mais, est-ce une raison ou un argument de voir tous les migrants clandestins d'un œil suspect ? Est-ce un argument raisonnable de diabolisation de tous les migrants clandestins ? Sans trop se soucier des réactions et critiques des Organisations non gouvernementales (ONG), qui ont souvent, ces dernières années, blâmé la manière de traitement réservée par les autorités algériennes aux migrants clandestins, l'Algérie ne devrait pas s'en tenir strictement à l'application d'une législation totalement pénalisante, à travers les articles 42 et 44 de la loi 08-11 du 25 juin 2008 condamnant l'entrée, le séjour et la sortie irréguliers du territoire algérien. Certes, il est indispensable de préserver la sécurité du pays, mais cela n'est aucunement une logique qui ignorerait le volet humain de la gestion du dossier des migrants clandestins. Depuis le temps qu'on parle de la mise en place d'une assise juridique concernant le statut des réfugiés et des demandeurs d'asile qui permettrait aux autorités de gérer convenablement ce dossier, rien n'est venu jusque-là répondre à ces bonnes intentions. Peut être que cette « Algérie nouvelle » apporterait des nouveautés sur ce plan législatif. Le Président Tebboune a bien défendu cette disposition quand il était Premier ministre, en 2017, à un moment où la classe politique et la société étaient divisées sur la question. Lors de la présentation de son programme devant les députés, le 23 juin 2017, il avait, en effet, mis un terme au débat en affirmant clairement son ambition d'offrir un accueil favorable aux migrants subsahariens, allant jusqu'à annoncer l'élaboration d'un projet de loi sur le droit d'asile, afin de parer à cette situation de flou juridique. Peut être qu'avec l'avènement d'une « Algérie nouvelle » il y aurait des nouveautés sur ce plan juridique. Il est plus que jamais nécessaire de combler le vide en question avec des prévisions d'une arrivée plus massive des migrants clandestins dans les mois et les années à venir en prévision d'un extrême appauvrissement des populations subsahariennes, qui seront confrontées à une crise alimentaire résultant de la crise sanitaire. Si on sait s'y prendre, la menace des migrants clandestins pourrait se transformer en assurance sur le plan du labeur, pourvoyant en main-d'œuvre les chantiers du BTPH et les champs d'agriculture, désertés par les travailleurs algériens.