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«Parce que
les mots ne doivent être que le vêtement, sur mesure rigoureuse, de la pensée»,
disait, je ne sais quel esprit génial, la vraie fausse fable qui suit se prête
à une lecture à grilles multiples, selon qu'on la perçoit sous l'angle du
pauvre homme ou du riche bipède, croyant en l'immanence de la peu humaine
vérité, ou algéro-sceptique jusqu'à se tirer un gros
pruneau dans le dos arqué de sa propre existence.
L'histoire, à raconter jusque dans l'oreille des macchabées, a pour décor (sur) naturel un infra-bourg, coincé à mi-distance entre la montagne de Z'dama au nord et les maquis d'El-Gaâda au sud. «Virus» est un tyranneau au tour de cou si gros que certains le prennent pour un squale trop repu, maquillé en derviche trop tourneur pour ne pas sentir le vent... tourner. Son tour de taille aussi large qu'un diable des mers abyssales et son estomac aussi gros qu'un reptile pantagruélique, «Virus» veut cacher toute la poussière, accumulée une vie dissolue durant, sous un tapis plus rapiécé que vermoulu. Ne pouvant choisir l'âge de son temps indécis, la fable dira que «Virus» décida de faire bonne œuvre contre mauvaise conscience. Pour ce faire et en guise d'abat-faim, «Virus» offre d'abord à ses congénères du village dix moutons chacun pour leur faire prendre une revanche carnée contre une vie au ras des pâturages. En contrepartie de sa magnanimité trop primesautière pour relever de la race des rusés, «Virus» exigea de chacun de ses congénères d'aller voir l'imam du village pour l'embrasser chaudement sur le front avant de l'adjurer... de prier pour l'âme tourmentée de «Virus», le repenti. Ce dernier, en guise d'épitaphe ad vitam aeternam, léguera pour la postérité des maux si abscons que l'histoire retiendra que quelques bribes inscrites en lettres sanguinolentes sur la paroi de l'estomac d'un vautour momifié: «Quand la vérité met le poignard à la gorge, il faut baiser sa main blanche, quoique tachée du sang des uns et des autres...». Quelques temps indécis plus tard, «Virus» sera décoré avec une étoffe de couleur pourpre autour de son cou gigantesque, avec écrit dessus en lettres géantes: «Il ne faut jamais montrer la lame trop aiguisée à une bête de sacrifice, vouée par un terrible et immuable destin à toujours expier la faute de l'homme, forcément faillible et si peu preux face aux coups de Jarnac assénés par sa propre main souillée, dans son propre dos, trop froid pour être promis aux seules gémonies». Ainsi aimait parler «Virus» au (x) reste (s) de ses congénères. L'on dira que toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé est purement fortuite? |
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