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Maigre
consolation pour le président américain sortant, Donald Trump,
qui a réussi à forcer la main au Roi Mohamed VI au prix d'une reconnaissance
pleine de la marocanité du Sahara Occidental contre une reprise renforcée et
des contacts officiels avec Israël, rompus lors de l'Intifadha,
dans le début des années 2000, avec l'objectif pressant de l'établissement des
relations diplomatiques entre les deux pays. Car ce n'était pas le Maroc qui
intéressait Trump dans cette fin de règne chaotique
mais bien l'Arabie Saoudite, qu'il voulait rallier au camp des pays arabes
ayant conclu une normalisation de leur relations avec Israël, en l'occurrence
les Emirats Arabes Unis, Bahreïn et le Soudan.
Vraisemblablement, le grand coup, le dernier baroud d'honneur du président américain avant de quitter la Maison Blanche, le 20 janvier 2021, qui ambitionnait d'hameçonner l'Arabie Saoudite dans ce jeu perfide de transactions diplomatiques «donnant-donnant» au détriment du droit des peuples oppressés, avait échoué. Peut-être qu'on a jugé qu'il n'était pas encore temps de couronner cette mission «historique» du succès suprême, car il fallait que d'autres pays arabes, le plus grand nombre possible, rejoignent cette normalisation pour la rendre comme un fait accompli pour l'opinion des peuples arabes, encore réfractaires à cette idée. Même le Maroc refuserait cette officialisation des contacts et des relations diplomatiques avec Israël s'il n'y avait pas cette offre sur un plateau de la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental, ainsi que l'ouverture d'un consulat américain dans la ville de Dakhla. C'est le seul argument qui pourrait faire taire, d'une façon ou d'une autre, toutes les oppositions marocaines internes. En tout cas, la roue est lancée, et l'on parle de l'ouverture imminente de bureaux de liaisons entre le Maroc et Israël, et la mise en service de liaisons aériennes entre les deux pays. Israël prend ce cadeau de fin d'année, offert par Trump, comme un exploit de la politique du gouvernement Netanyahu, ainsi que le Maroc qui gagne un soutien de taille dans la défense de la cause qu'il considère comme faisant partie de son identité nationale, en l'occurrence la marocanité du Sahara Occidental. «Ces transactions n'ont pas fait que des heureux» Le Roi du Maroc Mohamed VI a exprimé dans ce contexte, « en son nom et au nom de l'ensemble du peuple marocain, au président américain sa profonde gratitude aux États-Unis d'Amérique pour cette prise de position historique». Ainsi que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui a remercié Donald Trump, non sans promettre qu' «Israël n'oubliera jamais ce qu'il a fait». Hélas, hormis la satisfaction affichée par l'Egypte et Abu Dhabi, en sus des deux pays engagés dans la normalisation, ces transactions n'ont pas fait que des heureux. Pis encore, ce dernier arrangement sur le dos des Sahraouis et de la stabilité de toute la région a provoqué choc et indignation non seulement de la part des Palestiniens, qui rejetteraient toujours de tels «accords inacceptables», mais également du gouvernement sahraoui, d'une partie de la communauté internationale, de l'ONU et jusque dans les rangs des sénateurs américains. Le sénateur républicain James Inhofe, qui a auparavant applaudi les efforts du président américain sortant en faveur de la normalisation des relations entre Israël et les pays arabes, se déclare cette fois-ci choqué, déçu et attristé que «les droits du peuple sahraoui aient été ainsi bradé s», a-t-il souligné dans un communiqué. Non sans déplorer également que le «Président aurait pu conclure cet accord sans brader les droits d'un peuple sans voix», a déploré ce grand défenseur du Polisario au Sénat. L'ONU réaffirme sa «position inchangée» Comme on pouvait s'y attendre également, le gouvernement sahraoui et le Front Polisario ont condamné fermement la décision du président américain sortant, Donald Trump, de reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental occupé, la qualifiant de «violation flagrante de la charte de l'ONU et de la légalité internationale». Appelant «les Nations unies et l'UA à condamner cette décision irréfléchie et à faire pression sur le Maroc pour mettre un terme à la colonisation du Sahara Occidental», tout en mettant en avant «la poursuite de la lutte armée avec tous les moyens et les sacrifices possibles». Le porte-parole du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a, lors d'un point de presse, réaffirmé sa «position inchangée» sur le Sahara Occidental après la décision du président américain Donald Trump de reconnaître la prétendue souveraineté du Maroc sur ce territoire, estimant que la solution à cette question «peut toujours être trouvée sur la base des résolutions du Conseil de sécurité». Notons que la résolution 690 (1991) du Conseil de sécurité a chargé la Minurso d'organiser un référendum libre et équitable au Sahara Occidental et en proclamer les résultats. Reste encore à souligner que dans sa décision, le président américain sortant a totalement négligé la réaction d'Alger, qui soutient la résolution onusienne pour l'autodétermination du peuple sahraoui. Les internautes algériens expriment avec force leur colère face aux derniers développements des évènements. Un grave impair commis par un président en «sursis». Devrait-on miser sur la prochaine administration américaine pour remettre les pendules à l'heure ? Une nouvelle administration qui aurait beaucoup à faire pour effacer un lourd héritage laissé par Trump. |
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