Il est
certainement beaucoup de parents qui en sont à regretter d'avoir orienté leur
progéniture vers les études de médecine. Soucieux de garantir à leurs enfants
une carrière où la noblesse du métier le dispute au charisme et l'aisance
matérielle qu'est censée procurer le métier de médecin ; ils en sont à se
lamenter, jour et nuit, d'avoir influé, un tant soit peu, sur le choix de leurs
enfants qui paraissait pourtant judicieux alors. Mais, c'était compter sans
cette fatidique année 2020 avec son lot de morts parmi les hommes à la blouse
blanche qui ont été, eux aussi, terrassés par cet inoubliable virus ayant
surgit de nulle part, pour tenir le monde entier en haleine ou plutôt en otage.
Fantasmant depuis longtemps sur une attaque venant d'outre espace, les humains
ont été pris au dépourvu par une microscopique créature qui leur a déclaré la
guerre sans préalable aucun. Les premiers à monter au front ont été les
médecins, bien entendu, qui ne pouvaient pas se dérober à leur devoir, quand
bien même le plus courageux des hommes aurait abdiqué devant cet invisible
créature qui s'est incrusté au sein même des enceintes de santé pour
s'attaquer, en premier lieu, aux soldats en blanc qui font des pieds et des
mains pour le déloger du corps des malades. Une fois de plus, le duel David
contre Goliath se reproduit à une échelle planétaire, cette fois-ci et au lieu
du glaive et du bouclier, le stéthoscope, la blouse blanche et une foi en la
science désormais vacillante, sont de mise. Séparés de leur famille rendue
malade par leur absence et la peur de ne plus les revoir, les médecins ont été
confinés dans les hôpitaux, forcés à faire la garde de jour et de nuit, obligés
de supplier les gens insoucieux de se conformer aux mesures-barrières afin de
ne pas encombrer les centres de santé qui n'en peuvent plus de recevoir autant
de malades. Dépourvu de moyens adéquats pour lutter contre un ennemi redoutable
et capable de se muter et s'adapter à toutes les contre-offensives déployées,
les hommes de soins doivent se démener pour rester en vie car de leur vie
dépendent d'autres vies. En plus d'avoir affaire à un ennemi qui vous voit sans
être vu, qui vous guette et cherche désespérément une fente dans une
combinaison de fortune, le médecin est tenu de faire face au manque de sommeil,
à la peur qui se ligue avec l'absence de réconfort familial et des assauts
répétés du virus qui semble narguer tout le personnel soignant et
s'enorgueillir, à chaque fois, qu'un des leurs est terrassé. Ils sont des
dizaines de praticiens à avoir succombé à ce virus après avoir, sans doute,
sauvé des dizaines, voire des centaines de vies. A force d'être aux petits
soins avec les patients, le médecin s'expose, à plus d'une infection et c'est
probablement trop pour un corps humain fut-il celui d'un soignant. Ce sont des
dizaines de professeurs en médecine, fort de quelques dizaines d'années
d'expérience qui ont tiré leur révérence, au grand plaisir dudit virus qui
aurait pris sur lui de faire périr autant de médecins que possible.
Travaillant depuis longtemps dans des conditions déplorables,
déconsidérés sur le plan financier et tentés par le secteur privé et l'appel de
l'émigration qui a englouti des centaines de leurs pairs, sujets à des
agressions physiques, maintes fois dénoncées, mais sans cesse répétées et
résultant fort souvent par la mort de médecins dans le lieu même où ils
s'efforcent à donner la vie ou la sauver, les médecins étaient, sans doute,
loin de prévoir cette guerre virale qu'ils croyaient fictive comme dans le
sublime ?La Peste' d'Albert Camus où le Docteur Rieux livre une guerre sans
merci à la mort noire, aux aléas et à l'absurde aussi. La mort
rodant autour d'eux, les docteurs se savent fichés sur sa liste noire et ce
n'est qu'une question d'heures qu'ils passent à puiser dans leurs dernières
forces pour y puiser de l'espoir pour autrui et du bons sens surtout. N'est-ce
pas que c'est dur d'être médecin par les temps qui ?covidisent'?