Malgré les innombrables répercussions de la calamité covidienne sur la planète foot à l'instar de la désertion
forcée des stades par les masses qui vibraient, exultaient et vociféraient
éperdument chaque weekend dans les plus grands défouloirs qui soient institutionnalisés,
les pertes sèches accusées par les publicitaires, les agents de joueurs, les
chaînes de télé, les journaux spécialisés et tout ce qui et ceux qui gravitent
autour des temples du foot et se les roulent par la magie de ce ballon qui roule,
roule depuis des siècles, le foot n'a pas rendu l'âme, mais en ce mercredi 25
novembre 2020, le foot est bel et bien mort.
Effectivement, n'en déplaise aux inconditionnels de Pelé, Zizou, la Pulga, CR7 et tous les grands joueurs qui vont continuer à
jouer et toutes les pépites à venir, avec la disparition de Diego Armando
Maradona, c'est le football qui a cessé d'être. Il en est ainsi de beaucoup
d'arts et métiers qui ont été tellement marqués et relevés par des individus
extraordinairement singuliers qu'à chaque fois qu'un de ces génies passe de vie
à trépas, l'art porté aux nues et estampillé suit et cesse d'exister. C'est le
cas de la musique pop qui s'en alla avec Michael Jackson, de la boxe qui a
cessé d'être noble depuis la mort de Mohammed Ali, du Rock'n'
Roll qui mourut avec Elvis et bien d'autres exemples. Maradona a révolutionné
le football, l'a tout bonnement simplifié. Bien plus, il a magnifié la balle
ronde pour la rendre encore plus visible partout dans le monde. Avec Maradona,
le sport-roi gagnait de plus en plus en majesté, en finesse, en inspiration et
donnait envie de taper au ballon aux plus indifférents. Maradona est le
Prométhée du football, celui qui subtilisa la technicité des Brésiliens, déroba
le sacre (coupe et championnat) du nord de l'Italie pour l'offrir aux
Napolitains qui le déifièrent pour toujours malgré ses péchés mignons. Le
Messie de tout un peuple dévoué au football et épris de la coupe du monde
depuis le sacre 1978 sur ses propres terres, Maradona gratifia les Argentins de
la seconde édition de la coupe du monde des U20 et fut désigné meilleur joueur
du tournoi. Il leur ramena la coupe du monde sénior en 1986, mais la perdit en
1990 sur ces terres italiennes où il régna pendant l'âge d'or napolitain auquel
il contribua grandement. Footballeur prométhéen comme il n'y en a pas, Maradona
dut subir la fureur des dieux de l'Olympe du foot qui finirent par le châtier
pour non conformisme et trouble à l'ordre établi.
Le football
dans toute sa splendeur, le pied gauche le plus magique, une protection du
ballon comme il n'y en a pas, l'élimination systématique de plusieurs
adversaires, et des coups francs dans la lucarne qui laissent pantois les
meilleurs gardiens sont les quelques griffes d'El pibe
de oro qui ajouta plus de valeur à l'or. Le gamin en
or réalisa non seulement ses deux rêves de disputer et gagner une coupe du
monde, mais la gagna avec brio et presque à lui seul. N'ayant pas réussi comme
entraîneur, Il a pu dribbler et feinter son propre corps et ses problèmes de
santé à plusieurs reprises, mais a fini par tirer sa révérence en emportant
avec lui la grâce footballistique, l'aisance avec le ballon, la maestria et le
talent brut. Avec la mort de Maradona, c'est aussi dans un sens la mort du
football du moins pour ses milliers de fans et tous ses fervents admirateurs
qui ont érigé des temples en son honneur de son vivant même.