Un peu
comme un toubib qui ne sait pas de quel mal il souffre, le pays semble pâtir
plus du remède que du mal. Parce qu'à contresens de la plus triviale des
logiques, sous nos latitudes si particulières, tout semble «tourner» à l'envers
en prenant à défaut le bon sens le plus élémentaire chez le plus érudit du
peuple des «raisonnés». Au pays où l'oseille n'a pas la même odeur pour tous,
«le miracle économique», du soleil de la liberté à nos jours, consiste en un
«jeu de dupes» aussi inutile que scélérat : compresser la demande sociale en
réduisant jusqu'au goulot, de l'offre, provoquant du coup, une situation
ubuesque où celui qui a dix sous neufs fourre sa main baladeuse dans la poche
de celui qui a un demi-douro trop usé. Sinon, comment dégoupille-t-on cet épais
mystère algéro-algérien qui voudrait qu'à chaque fois
que la situation semble s'améliorer en matière de disponibilité des produits
alimentaires de toutes sortes, la mercuriale s'arrache les cheveux... à en
perdre raison ? Quelle est donc cette mouche qui nous empoisonne le sang pour
nous retrouver, à chaque fois, ramer contre le courant pour se fatiguer les
bras et couler comme un caillou au fond d'une eau fangeuse ? Les revers auront
des médailles qu'ils seront des champions olympiques sous nos cieux, avec ce
paradoxe bien de chez nous : ce n'est pas notre ventre qui dépend de ce que
produisent nos terres mais c'est juste nos estomacs, plus grands que nature,
qui courent à perdre haleine après celui qui détient les clefs du garde-manger
national. A un jet de pierre du nouvel an, tout ne s'annonce pas sous de bons
auspices, loin s'en faudrait. La situation est si psychédélique que le pays
paraît vivre sur deux planètes: l'une vivant derrière
le dos de l'autre. L'on nous susurre que des quantités «gargantuesques» de
boustifaille est stockée dans les tombereaux de la république ; mais pourquoi
pardi ?! Alors qu'en même temps et sous les cieux du
même pays, manger à sa faim (re) devient la première
priorité de l'Algérien d'en bas... Les chiffres «balancés» d'en haut nous
parlent d'un pays devenu un giga-bazar à ciel ouvert, sans que personne ne
sache qui en est (sont) réellement le (s) propriétaire (s) ni qui contrôle un
marché à enjeu capital, dans la gestion de la paix tout court...Il y a trop
longtemps que le pays racle le fond de ses caisses dans l'entretien de la
chaîne alimentaire nationale. Il y a, aussi, un bon bout de temps depuis que le
pays ne s'est pas «auto-suffi», en matière de blé, celui né des entrailles de
la terre ; mais aussi celui caché dans des coffres forts, jamais aussi bien
gardés. Avec pour seul sursis une baguette de pain garantie à tous, qui va
récolter les fruits et légumes de cette «bouhbouha
qui donne tant le tournis, sinon que ce sont toujours les grosses légumes qui
sont servies en premier... !