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Au fil des
ans on se demande à quoi peuvent bien servir les barrières qui enserrent
l'enceinte de cette université qui est peut-être sans pareille dans le pays,
les énormes portails au fronton bien quelconque et les innombrables gardiens
postés à l'entrée des blocs et du campus à faire le pied de grue en attendant
des lendemains meilleurs. C'est que sous nos latitudes le
signifiant et le signifié sont en disharmonie depuis très longtemps, à preuve
cette expression portes ouvertes qui concerne normalement une journée en
particulier où le public est invité à circuler librement dans les locaux d'un
établissement ou d'une entreprise pour visite, mais pour l'université c'est
portes ouvertes à longueur d'année, matin et soir au grand dam des étudiants
qui ne savent véritablement plus se différencier du «public» qui va et vient
sans être pour le moins du monde inquiété. Ledit public s'invite dans
les restaurants bien sûr, les foyers, mais aussi les salles et naturellement
beaucoup d'enseignants se retrouvent à faire face à des intrus qui les narguent
dans l'amphi, les couloirs et aux abords des salles des profs non avenantes
pourtant. Les enseignants sont souvent amenés à puiser dans leur sens de
diplomatie pour «déloger» les tourtereaux ou les fêtards qui squattent la salle
où ils sont censés se produire devant une audience souvent clairsemée.
C'est aussi portes ouvertes à toutes sortes de véhicules qui encombrent les lieux et coudoient les passants qui sont souvent sommés de céder le passage à un véhicule roulant à toute allure malgré les dos-d'âne de fortune et les nids-de-poule causés par des travaux sans finition. On y croise de belles voitures bien entendu, mais aussi des fourgons, des camionnettes et de grosses motos dont le ronronnement des moteurs s'insinue dans le cerveau des apprenants au lieu et place des préceptes pourtant déclamés par les enseignants dépités. Il en est même dudit public qui vient garer leur voiture dans les nombreux parkings - plus nombreux que les labos de recherche - que compte l'enceinte, vaquer à leur occupation en ville et revenir reprendre ladite bagnole sans rien débourser. Etant donné le nombre de véhicules qui s'y coudoient, le niveau de pollution est forcément élevé en plus de la poussière que les roues des véhicules font voler et entasser sur les murs lézardés et dépeints par tant d'années d'abandon. Ironie de la situation, de l'histoire ou du sort, ces portes ouvertes sur l'université font bon ménage avec les portes fermées des locaux administratifs que les étudiants ont studieusement appris à fermer pour faire aboutir leurs revendications qui vont du manque de moyens pédagogiques, au rejet d'un chef de département ou d'un doyen en passant par le sempiternel problème d'insécurité qui résulte justement des portes grandement ouvertes sur l'université. La sécurité justement et la sérénité n'étant plus d'actualité, enseignants et étudiants se hâtent de quitter les lieux où il ne fait plus bon vivre pour laisser toute la place audit public. |
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