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![]() ![]() ![]() ![]() Et
maintenant ? En intervenant militairement à Guerguerat,
zone tampon au sud-ouest du Sahara Occidental, l'armée royale marocaine
a-t-elle franchi le Rubicon sans se soucier des graves conséquences sur la
sécurité dans la région ? Revigoré par la résolution 2548
(2020) du Conseil de sécurité de l'ONU, qui ne pouvait qu'attiser les tensions
dans la région, comme on le soulignait sur ces colonnes le 3 novembre dernier,
invitant en cela le Maroc et le Front Polisario, ainsi que l'Algérie et la
Mauritanie de progresser sur la voie d'une solution politique, non sans tarir
d'éloges à l'égard du Maroc, se félicitant même de ses efforts pour aller de
l'avant vers un règlement du conflit, le Maroc a repris pied militairement dans
une zone normalement sous contrôle de l'ONU. L'argument de ce qui est
dénoncé par les Sahraouis comme une agression militaire odieuse et désespérée
contre des civils isolés relève, selon un communiqué de l'armée marocaine,
d'une intervention qui consiste en la mise en place d'un cordon de sécurité en
vue de sécuriser le flux des biens et des personnes, et ce, suite au blocage du
passage par des civils sahraouis qui manifestaient sur les lieux depuis le 20
octobre dernier contre l'exploitation de ce passage par les Marocains. Selon le
même communiqué de l'armée marocaine, il s'agit d'une opération « non offensive
et sans aucune intention belliqueuse », qui se déroule « selon des règles
d'engagement claires, prescrivant d'éviter tout contact avec des personnes
civiles et ne recourir à l'usage des armes qu'en cas de légitime défense ».
Côté sahraoui, on parle d'une « riposte défensive » des forces armées du Front
Polisario, qui se sont accrochées avec les militaires marocains. Sommes-nous,
déjà, en plein dans l'escalade militaire ? Rappelons qu'une situation similaire
a été vécue en 2017, au même endroit, mais le Maroc a dû retirer ses troupes
militaires après une conversation téléphonique entre le roi du Maroc Mohammed
VI et le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres,
fraîchement installé dans ses fonctions en ces moments-là.
Le même scénario se répétera-t-il en 2020 ? Pas évident si l'on tient compte de
l'évolution des rapports géostratégiques et l'entêtement du Makhzen à lier,
plus que jamais, le destin du Maroc à la « marocanité » du Sahara Occidental.
En décidant d'intervenir militairement dans une zone tampon, le Maroc bafoue la
légalité internationale et porte le risque d'embrasement dans la région à son
summum. Des appels à la retenue et à la sagesse sont lancés d'un peu partout à
travers le monde, notamment le président sud-africain et président en exercice
de l'Union africaine (UA), Cyril Ramaphosa, qui a
appelé à l'apaisement des tensions dans la région d'El Guerguerat,
prônant le respect du plan de règlement du conflit au Sahara Occidental qui
prévoit un cessez-le-feu et la tenue d'un référendum autodétermination. Mais la
reprise des hostilités militaires entre le Front Polisario et l'armée marocaine
n'a jamais été si pesante. Pour le gouvernement sahraoui, qui a saisi le
Conseil de sécurité à la suite de l'agression militaire en question, nous y
sommes déjà de plain-pied dans la guerre. Considérant qu' « en fin de compte,
les batailles ont commencé », et appelant l'ensemble du peuple sahraoui à se «
dresser comme un seul homme avec fermeté et courage pour riposter à une
éventuelle agression brutale et achever la libération de la partie occupée avec
tout ce que cela implique comme sacrifices ».
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