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Présidentielle américaine: La fin d'un cauchemar !

par Ghania Oukazi

Le vainqueur de l'élection présidentielle américaine a fait savoir qu'il vient à la Maison Blanche en rassembleur et a déjà annoncé qu'il œuvrera en faveur de l'unité du pays et de la justice, avec en point de mire, la bataille qu'il a décidé de mener contre la pandémie du COVID-19.

C'est après un grand suspens qui a duré plusieurs jours que John Biden, 78 ans, a remporté l'élection présidentielle américaine contre Donald Trump. Ce dernier est l'un des rares présidents américains à quitter la Maison Blanche à la fin d'un seul mandat. La victoire de John Biden a été tranchée après le comptage des voix dans l'Etat de Pennsylvanie dont il est originaire. La Pennsylvanie est considérée comme un Etat parmi d'autres où le nombre d'électeurs est important et leurs voix décisives. L'élection présidentielle américaine n'a, cependant, pas encore levée toutes les contraintes réglementaires et judiciaires pour que le 46ème président des Etats-Unis soit déclaré grand vainqueur de tous les électeurs. Première contrainte, les recours que Tump va introduire à partir, d'aujourd'hui lundi, auprès de la Cour suprême. Le Cowboy évangéliste n'est pas content du dépouillement des voix qui ont été envoyées par poste, une procédure électorale légale aux Etats-Unis. Elle laisse, toutefois, les républicains douter de l'identité des votants.

Le président sortant a même menacé de ne pas les prendre en compte et de ne pas quitter la Maison Blanche. Il remet en cause «des dizaines de milliers de voix qui ont été envoyées par la poste en Pennsylvanie». D'ailleurs, jusqu'à hier soir, Trump n'a pas accepté sa défaite et n'a pas voulu reconnaître la victoire de Biden. Pour lui, «c'est une victoire volée (...)». Il a accusé samedi son adversaire de déclarer victoire trop tôt. Il a affirmé attendre le verdict de la justice sur ses recours. Une justice où il a pris les précautions de placer à ses sommets ses adeptes du camp républicain. Trump a donc large latitude de jouer sur tous les subterfuges juridiques pour tenter de prouver la fraude électorale qu'il dénonce.

Une femme à la Vice-présidence américaine

Dès que les choses se clarifieront, le démocrate et le républicain devraient procéder à la passation de pouvoir le 20 janvier prochain. Ce sera le jour où le nouveau président prêtera serment pour s'installer à la Maison Blanche et prendre ses fonctions.

Nouveauté dans la présidence américaine pour cette fois, une femme qui vient d'être élue vice-présidente. Elle s'appelle Kamala Harris, elle a 55 ans et elle est de mère indienne et de père jamaïcain. Harris était candidate à la présidentielle et tenait tête à Biden. Mais elle n'a pas tardé à se retirer pour le soutenir. Biden a, d'ores et déjà, déroulé un bout de sa feuille de route aux Américains. « Le moment est venu pour atténuer du discours politique haineux, unifier le pays et contenir la colère, il faut nous écouter, les uns les autres, nos adversaires sont aussi des Américains comme nous, l'Amérique doit guérir de ses maux », a-t-il lancé, dans son premier discours, après qu'il ait gagné 71 millions de voix sur 248 millions d'électeurs. «Notre travail va commencer par la lutte contre la pandémie du COVID-19, dès lundi (aujourd'hui), je vais mettre en place une commission d'experts, de spécialistes et de conseillers pour mettre fin à cette pandémie,» a-t-il promis.

Il assure qu'il va s'attaquer au chômage, aux inégalités dans le paiement des impôts, au racisme, et aux déséquilibres économiques et sociaux. Le monde entier était braqué sur l'élection présidentielle américaine.

La victoire du démocrate Biden pourrait revoir d'importants équilibres à travers le monde. Ceci, même s'il est de tradition que le pouvoir politique américain ne change pas de doctrine vis-à-vis des grandes questions internationales. Qu'il soit démocrate ou républicain, il gardera en vigueur les grands principes que les institutions ont toujours sauvegardés et ce, quelles qu'en soient les situations et les conséquences. A la différence que les républicains sont féroces dans leurs verdicts vis-à-vis du reste du monde alors que les démocrates font preuve d'un semblant d'indulgence.

Biden pour la solution de deux Etats

Il est en tout cas admis que ces derniers sont moins arrogants que leurs adversaires. L'Amérique restera donc toujours l'allié fidèle d'Israël. Mais un brin d'espoir laisser croire que Biden en rectifiera quelques approches. Faut-il rappeler que Trump a été le plus injuste et le plus violent des Américains à l'égard de la cause palestinienne.

Il a encensé Israël, soutenu son terrorisme d'Etat ainsi que son ambition de liquider définitivement le peuple palestinien. Il a déclaré El Qods capitale de l'entité sioniste et a conclu un terrifiant pacte avec les Israéliens qu'il a appelé « la transaction du siècle». La décision de Tel Aviv d'accaparer ce qui reste des territoires palestiniens a été aussi soutenue par les pays arabes du Golfe. Jusqu'à hier soir, ces derniers ont gardé le silence sur l'élection présidentielle. Contrairement aux présidents égyptien et libanais qui se sont empressé de féliciter Biden, les monarques du Golfe préfèrent attendre encore parce qu'ils devront régler leurs discours sur celui de Biden après qu'ils aient accepté la transaction du siècle et applaudi la normalisation des pays arabes avec Israël menée tambours battants par Trump. Le président de l'Autorité palestinienne a salué la venue du nouveau président américain en souhaitant qu'il ramène les Etats-Unis à de meilleurs sentiments. Mahmoud Abbas retient que Biden est pour la solution de deux Etats. La Turquie est pour sa part quelque peu mal à l'aise parce qu'Erdogan « s'entendait » bien avec Trump mais pas avec Obama. Des «réajustements » devraient certainement être apportés de sa part pour pouvoir rester en bons termes avec la Maison Blanche. L'Iran, cette bête noire de Trump et des pays du Golfe, s'attend à ce que le nouveau locataire de la Maison Blanche révise la décision que son prédécesseur a pris en 2018 pour sortir son pays du fameux accord sur le nucléaire. Accord conclu en 2015 entre Téhéran, l'UE et les pays occidentaux les plus puissants et endossé par la résolution 2231 du Conseil de sécurité.

Les lobbies juifs et le pouvoir de l'argent

Trump a fait suivre sa décision par la reconduction de lourdes sanctions économiques contre l'Iran. Le président iranien Hassan Rouhani espère que la nouvelle administration américaine ouvre une nouvelle page avec son pays.

Du coup, c'est l'OPEP qui pense que si Biden trouverait un arrangement avec l'Iran, ce dernier va déverser sa production pétrolière sur le marché mondial alors que ses pays membres et les pays non OPEP s'étaient entendus pour en diminuer les quantités en vue de stabiliser le prix du baril à des niveaux acceptables pour l'entretien de l'économie mondiale. L'Union européenne est ce «conglomérat » de pays auxquels Trump a fait passer de mauvais moments.

En 2018, il est allait à Bruxelles pour ne rester que quelques heures au sommet de l'OTAN, le temps de reprocher avec arrogance aux dirigeants européens de ne pas payer assez pour la sécurité et la défense du monde occidental. Il a même accusé la chancelière Angela Merkel d'être à la solde de la Russie de Poutine. L'Amérique sous Biden réfléchirait peut-être aussi à revenir à l'OMS et à l'UNESCO que Trump a boycotté.

Le président sortant a été ce va-t-en guerre qui a fait peur au monde entier. Beaucoup d'Américains ont dit se réveiller d'un cauchemar au lendemain de sa défaite. Les démocrates qui ont gagné le pari de la présidentielle américaine devraient cependant faire plus que des discours conciliants pour libérer le monde de l'unilatéralisme trumpiste qui a piétiné le droit et la légalité. Ils devront savoir trouver un juste équilibre entre eux et les lobbies juifs qui eux, détiennent le pouvoir de l'argent qui leur permet de régenter les institutions américaines et internationales.