Les résultats du référendum sur la révision de la
Constitution ont été différemment appréciés par les observateurs locaux et
étrangers. Rendant dans ce sens des avis à l'opposé les uns des autres. Qui a
tort, qui a raison ? Selon la Présidence et l'Autorité nationale indépendante
des élections (ANIE), qui ont fait part de leur entière satisfaction à l'issue
du vote, les résultats du référendum sont l'«expression réelle et intégrale de
la volonté du peuple», d'une « nouvelle Constitution plébiscitée par le peuple»
et d'«une Constitution halal», qui sera la pierre angulaire dans l'édification
de l'Algérie nouvelle. L'abstention ? La loi ne prévoit aucun seuil de
participation pour valider ou invalider une élection, avait rétorqué le
président de l'ANIE, Mohamed Charfi. Ce dernier
insistera sur la vérité des chiffres, qui reflètent la sincérité et l'honnêteté
de l'ANIE à veiller sur le respect du principe démocratique et la protection
des voix des électeurs, quelle que soit leur tendance, et qui montrent, ainsi,
que la fraude ou le bourrage des urnes font partie du passé. Le taux de
participation, très faible, avec seulement 23,72% (moins de 5% à l'étranger),
et le résultat du vote, avec des taux de 66,80% de votants pour le «Oui» et
33,20% pour le «Non», reflètent bien un vote «propre et honnête» auquel le pays
n'était pas habitué. Des points positifs sur lesquels focalisent la présidence
de la République, soulignant à travers un communiqué que les résultats du
scrutin «ont démontré que la transparence et la probité de ce scrutin ont été
totales», et que le président de la République «a tenu ses engagements pour
qu'enfin soit entamé le processus qui permette l'expression libre et
démocratique du peuple algérien sur tout ce qui concerne son destin». Alors que
d'autres, focalisant leurs appréciations sur le faible taux de participation,
voient à travers les résultats de ce référendum «un désaveu cinglant» pour le
pouvoir, un «échec des projets du pouvoir et son incapacité à parvenir à un
consensus national sur la Constitution, rien ne semble perturber la marche du
pays vers la concrétisation des engagements du président de la République.
Mais, entre les appréciations des uns et des autres, il y aurait bien un milieu
bien équilibré pour porter un jugement éclairé sur le référendum du 1er
novembre. Le fort taux d'abstention ne pourrait pas donner satisfaction à
l'opposition, car sa signification peut s'expliquer par l'indifférence des
électeurs, préoccupés par d'autres soucis de la vie quotidienne, autant en
direction du pouvoir que de l'opposition qui s'en réclame, voire exprimant une
défiance face à la chose politique. Et cela ne peut pas pour autant faire
preuve d'ignorance par le pouvoir. Si on cherche réellement à ancrer la pratique
démocratique, le très faible taux de participation devrait donner à penser au
gouvernement. Le phénomène de l'abstention a bien trouvé remède sous d'autres
cieux, pourquoi pas chez nous ? Dans certains pays, tout électeur qui
s'abstient de voter est sanctionné par une amende, assez lourde en cas de
récidive, et aller jusqu'à supprimer son nom de la liste des électeurs s'il
continue à bouder l'urne. D'une correction admirable, car tout un coûteux
chantier est mis en place pour que cet électeur puisse exercer son droit, et il
doit rembourser ce qui a été dépensé par faute de ne pas avoir exercé son
devoir. Citoyenneté et démocratie vont de pair, et on ne peut pas se prévaloir
de l'un et ignorer le second.