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La lutte antiterroriste,
les crises politiques et sécuritaires en Libye et au Mali, le dossier de la
mémoire, la coopération économique et culturelle et l'immigration clandestine
ont été autant de questions abordées avec l'ambassadeur de France à Alger, M.
François Gouyette, lors de son passage lundi dernier
par le siège du Quotidien d'Oran, à l'occasion de sa visite de travail à Oran.
Une occasion pour faire le point sur des relations algéro-françaises
qui évoluent depuis quelques années en dents de scie, mais qui connaissent un
certain réchauffement depuis la restitution des crânes des résistants algériens
en juillet dernier.
Abordant la dimension politique des relations algéro-françaises, M. Gouyette a ainsi estimé «qu'elle est aujourd'hui un élément positif de la relation bilatérale». Pour le représentant de la diplomatie française en Algérie, «les rapports au plus haut niveau qu'ont pu établir les deux chefs d'Etat sont effectivement bons». Pour étayer ses propos, M. François Gouyette rappelle que les deux chefs d'Etat se sont parlé quatre fois au cours des derniers mois. «C'est un signal qui ne trompe pas», a-t-il estimé. Au niveau des ministres des Affaires étrangères, a-t-il ajouté, «les rapports entre Sabri Boukadoum et Jean-Yves Le Drian sont également excellents» et M. Le Drian, a-t-il souligné, «apprécie beaucoup son homologue algérien. Il y a aussi au niveau des services de sécurité et de renseignement une très bonne relation. Tout ceci représente une condition nécessaire pour construire ensemble des rapports qui soient à la hauteur des enjeux». Abordant le volet relatif à la coopération sur le plan sécuritaire, M. François Gouyette a estimé que les défis sont communs face à la menace terroriste. «C'est un phénomène dont vous avez souffert et qui nous menace aujourd'hui, voyez ce qui s'est passé en France dernièrement. Nous avons au Sahel et en Libye des foyers de terrorisme extrêmement préoccupants face auxquels nos deux pays ont intérêt à coopérer», a-t-il, en outre, soutenu. Il a souligné dans ce même ordre d'idées que l'Algérie et la France partagent sur cette question «le même souci» et recherchent tous les deux «la stabilité du Mali». Avant de préciser : «La France est tout à fait favorable à la mise en œuvre des accords d'Alger (...) et nous n'avons pas, de ce point de vue, de différence d'appréciation sur l'objectif avec les Algériens». Pour l'ambassadeur de France à Alger, «l'Algérie est un partenaire essentiel dans la région, et notamment au Sahel, dont elle possède une expertise remarquable», rappelant son rôle de «parrain de l'accord d'Alger» signé en 2015. A ce propos, il convient, a ajouté M. Gouyette, que «nous puissions œuvrer ensemble pour stabiliser le Mali». «C'est essentiel pour l'Algérie. Et c'est essentiel pour la France», a-t-il estimé. Rappelant l'action menée au Mali dans le cadre de l'opération Barkhane, le diplomate français a exprimé le souhait «d'un travail en commun avec l'Algérie, sur le plan diplomatique d'abord». S'agissant de la crise libyenne, M. Gouyette a estimé qu'il s'agit là aussi «d'un sujet de grave préoccupation. En Libye, nous avons, comme vous, la conviction qu'il n'y pas de solution militaire. La solution ne peut être que politique. Cette convergence de vues doit permettre aux deux pays de travailler ensemble sur ce dossier.» Sur la question mémorielle, l'ambassadeur de France à Alger a affirmé que le Président Macron est animé d'«une réelle volonté d'aller de l'avant avec le Président Tebboune pour bâtir une relation apaisée» avec l'Algérie. A ce propos, il dira : «Nous avons répondu à une demande algérienne insistante concernant la restitution des crânes de combattants algériens». «Ça n'a pas été simple, car il existe en France des règles strictes en matière de muséologie», a-t-il précisé, rappelant que «le Président Macron s'est personnellement investi sur ce dossier, car il a tenu à faire ce geste», avant d'exprimer la volonté «de continuer à travailler ensemble sur cette mémoire commune». M. Gouyette a souligné à ce propos l'apport des historiens dans cette quête, notamment celui de Benjamin Stora dont «le rapport est attendu pour bientôt», comme celui de Abdelmadjid Chikhi. Abordant la coopération économique, l'ambassadeur de France en Algérie n'a pas manqué d'exprimer les préoccupations des sociétés françaises à l'égard d'un marché algérien qu'il n'estime «pas toujours facile». «Il y a parfois des contraintes administratives», avec «des réglementations qui ont été récemment modifiées (...) notamment dans le secteur automobile», a-t-il affirmé. Une allusion aux projets de Peugeot, toujours en stand-by et à l'usine de Renault à l'arrêt depuis presqu'un an. 16 millions d'euros consacrés à la coopération avec l'Algérie Un budget de l'ordre de 16 millions d'euros est consacré à la coopération avec l'Algérie, a indiqué par ailleurs, au Quotidien d'Oran, l'ambassadeur de France à Alger, François Gouyette. Une coopération qui se décline dans beaucoup de domaines, à travers notamment un réseau de cinq instituts français, à Alger, Oran, Tlemcen, Annaba et Constantine. Des structures destinées à l'enseignement de la langue française, mais qui sont aussi des espaces de manifestations culturelles, à travers la venue de troupes de musiciens, d'artistes et de conférenciers de France, et même d'acteurs algériens. «Mon souhait est de nous ouvrir davantage au public algérien arabophone», a affirmé M. Gouyette. Le plurilinguisme, a-t-il estimé, «c'est aussi donner davantage de place à la langue arabe pour que l'on puisse attirer un public qui n'est pas habitué des instituts culturels français». Et de préciser : «On ne peut, en Algérie, se borner à un segment exclusivement francophone, qui reste certes important et qu'il convient évidemment de préserver et de développer, mais, en même temps, on ne doit pas non plus se couper du public arabophone, la nouvelle génération étant plus arabophone que francophone.» Il faut donc, a-t-il préconisé, «diversifier notre offre culturelle, y compris en organisant des conférences bilingues animées par des conférenciers arabophones venus de France». Il ne s'agit pas de remplacer le français par l'arabe, a-t-il précisé, «mais de compléter l'offre en s'adressant à un public plus large». Il est à noter, par ailleurs, qu'on compte au niveau des cinq instituts français d'Algérie pas moins de 26.000 apprenants de la langue française. Un chiffre qui s'ajoute aux candidats au Test de Connaissance en Français (TCF), une certification équivalente au TOEFL anglais, qui permet notamment aux non détenteurs de bac français d'intégrer les universités françaises. Le nombre des candidats au TCF avant le Covid était de l'ordre de 60.000 par an. Enfin, pour M. François Gouyette, la formation professionnelle reste un enjeu majeur de la coopération algéro-française. «C'est un axe prioritaire que nous souhaitons développer. La coopération universitaire dispose, à ce titre, du plus gros budget, et cela marche très bien avec les boursiers et les chercheurs, entre autres», a soutenu M. Gouyette. Il y a aussi la formation professionnelle universitaire à travers les ISTA (Instituts Supérieurs de Technologie Appliquée) qui représentent un projet phare de la coopération algéro-française en matière d'employabilité des jeunes. Il y en a 10 au total en Algérie, dont un qui devra être prochainement créé à Oran et sera dédié à l'industrie automobile. |
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